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07/07/2011

Vive la crise !

A en juger par le recul social en cours sur tout notre continent, qui ressemble à une véritable retraite de Russie, on ne peut que constater à quel point cette période de restriction budgétaire se révèle une véritable aubaine pour les libéraux aux manettes à la BCE et au FMI. Alors que l'Europe aux mains d'une dictature des marchés financiers plonge dans une sorte de spirale de la pauvreté, le mot d'ordre est de contraindre à encore plus de sacrifices les pauvres du sud qui n'ont eu que le tort de faire tourner les usines du nord. 
Que reproche-t-on aux Grecs ? D'avoir dépensé trop en consommant des biens fabriqués par les Allemands, en empruntant dans des banques du nord. Ce dictât du créditeur impose non seulement au pays inculpé de laxisme économique de se plier à une sorte de braderie des biens d'État au seul profit des monopoles du nord (voir Deutsche-Télékom, Suez et Veolia) en même temps qu'il se voit dépouillé de la moindre prérogative budgétaire. Il ne restera plus rien de Grec, que des cartes postales et des timbres allemands.
Ne doutons pas que le tsunami grec ne s'arrêtera pas à la péninsule et frappera aux portes du Portugal de l'Espagne et de l'Irlande, avant de s'abattre sur l'Italie et que la vague ne s'échoue aux portes de Paris-Plage.
La méthode du pillage est toujours la même, austérité organisée, baisse des salaires, suppression de postes dans la fonction publique, amputation des retraites, suppression des allocations, hausse de la TVA, braderie des biens d'Etat. Et le plus fou, c'est que tout cela empire la situation, c'est bien ce qui arrive à la Grèce depuis que les premières mesures ont été prises voici deux ans. Le plus dingue est que l'on ne paye pas pour la Grèce, on prête à la Grèce en lui demandant de rembourser à un taux de 5 à 6% alors que la France emprunte à 3%, l'Allemagne à 2%. Tout ceci est en vérité une excellente affaire d'autant que les services publics grecs deviennent très bon-marché pour les emplettes des gros trusts d'Europe du nord. 
Déjà le nouveau gouvernement portugais a lancé son premier train de mesures, avec dans la fonction publique le gel des salaires, le remplacement d'un départ en retraite sur deux seulement, la baisse de 5% des salaires de plus de 1550 €, le recul de l'âge de la retraite à 65 ans, la réduction de l'allocation chômage, du revenu minimum, des coupes budgétaires dans l'éducation et la santé, la hausse de l'impôt sur le revenu, l'augmentation de 2% de la TVA, avec des privatisations tous azimuts.
La réponse de l'agence de notation Moody's, au lieu d'applaudir, est d'abaisser la note du pays ce qui devrait durcir encore la situation et augmenter le coût de la dette du pays ceci dans le but d'accélérer le mouvement de replis social. 
En Irlande, en Espagne les gouvernements de droite ou de gauche sont également lancés dans un grand dépeçage des acquis sociaux. En Italie Berlusconi a lancé sa “Manovra”, son tour de vis, après les prochaines élections de 2012 en France l'UMP ou le PS se plieront à la loi du Dieu marché pour effacer les 35 heures, augmenter encore l'age de la retraite, favoriser la permanence des capitaux en baissant les impôts pour les plus fortunés.
Ce que les peuples avaient réussi à gagner en terme de protection sociale en un siècle de luttes est en train de s'évaporer en quelques mois sans que cela n'entraîne d'énormes mouvements de révolte, à part quelques échauffourées à la Puerta del sol ou sous l'Acropole. 
Car l'heure n'est plus aux peuples mais aux rentiers, aux capitalistes, aux ventres repus qui peuvent se permettre le luxe de prêter aux meilleurs rendements, n'importe où sur la planète, aujourd'hui, un rentier ça gagne à tous les coups, le rentier prête sans risque ; au meilleur taux. Et pour garder les capitaux en Europe dans ce monde ou la concurrence des rendements est globale, il faut adapter le coût du travail à ce qu'il est dans les pays émergents. D'où le ménage de printemps auquel nous assistons sans coup férir.
La concurrence globale empêche l'inflation, et l'inflation est le pire ennemi des rentiers, pas des salariés, si les salaires sont indexés sur l'inflation. Le plus subtil moyen des États de se désendetter a toujours été de se débarrasser de leur dette par de l'inflation qui réduit de fait la dette en diluant son poids. Quand un prêt est souscrit à un taux de 5% et remboursé avec une monnaie qui se déprécie de 10%, ce qu'on appelle le taux d'intérêt réel devient négatif et c'est le débiteur qui gagne. C'est ce que devrait faire la Grèce, dévaluer, mais le fait qu'elle soit lié à l'Euro, la monnaie des pays du nord, l'empêche d'avoir recours à ce subterfuge. Les créditeurs serrent la vis, et la BCE n'a qu'un but, empêcher le retour de l'inflation qui bousculerait la compétitivité de nos entreprises ; cela pour la façade, la réalité est que les usines ont déjà émigré ailleurs. Il reste maintenant aux créditeurs du nord à refuser d'effacer la dette des pays du sud car cela risquerait de se généraliser à l'ensemble de la région dite du “Club Méditerranée”.
Ce qui est incroyable dans cette présentation biaisée des choses, c'est que la zone Euro possède une balance courante positive, c'est à dire que la zone gagne de l'argent bien que certains pays soient dans le rouge. Ce qui explique que l'euro soit surévalué par rapport au Dollar (Les USA, eux, ont une balance courante négative.) Il suffirait donc que les pays du nord très bénéficiaires fassent montre d'une réelle solidarité (de la même manière que l'Allemagne l'a fait en son temps pour l'Allemagne de l'est) pour que les soi-disants gaspilleurs cessent de se voir montrés du doigt.
Mais cette grande braderie européenne va dans le sens des élites financières et des possédants, appelés, pour ne pas les citer, les “marchés”, qui en plus financent les campagnes électorales de politiciens véreux et complètement sous influence. 
On met en place Mario Draghi à la BCE, un ancien de Goldman Sachs qui sait ce que spéculer sur la dette grecque veut dire, on met au FMI Chistine Lagarde qui va demander à la France de rembourser les marchés sur la base d'une dette qu'elle aura été une des premières à avoir gonflé, avec un déficit du budget de l'État qu'elle aura laissé filer durant des années (Politique de bouclier fiscal et de ristournes accordées aux grandes entreprises du CAC40). Sa première mesure à New-York aura été de s'accorder une augmentation de salaire de 11,1 % par rapport au salaire de DSK (base 2007), elle fait valoir le taux de l'inflation pour justifier cette augmentation, alors qu'elle était la grande prêtresse anti-inflation et donc contre l'indexation des salaires sur l'inflation. Son salaire : 550 000 dollars/an, nets de taxes sur le revenu. En outre, comme son prédécesseur, les frais lors des déplacements professionnels de Christine Lagarde seront défrayés par le FMI. Avec une modification à la marge cependant : même si Christine Lagarde n'est pas mariée, son compagnon pourra également se voir couvert par ces remboursements de frais. Le FMI a ajouté au mot « époux » celui de concubin. Un job dans une institution financière lui est promis à la fin de son mandat de 5 ans, pour bons et loyaux services.
Ce que nous appelons démocratie est en réalité une sorte de bras armé de castes fortunées se payant allègrement des hommes politiques à leur botte ; pour ces élites dorées, cette oligarchie sans frontières, l'époque se résume à un pathétique : “Vive la Crise !”

http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/vive-la-crise-97196

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