Après le temps du «coaching», voici venu le temps du «relooking» ! La logique est grosso modo la même : comme les entreprises sont quasi exemptées d’assumer leurs responsabilités en matière d’emplois, si les chômeurs et les chômeuses ne trouvent pas de boulot, c’est qu’ils le veulent bien. Alors on leur apprend à se vendre, à convaincre le patron, à le séduire… Et Pôle emploi accueille en son sein des ateliers de «relooking». Des femmes, sans travail depuis au moins deux ans, sont convoquées pour une séance de remise en beauté. Coiffure, maquillage, manucure, vêtement… Tout y passe et, à la fin, on leur file le rouge à lèvre avec cette petite phrase : «Maintenant, vous n’avez plus d’excuses !» Le service public de l’emploi devrait sans doute avoir autre chose à faire que cette cynique séance de : «Sois belle et trouve du travail !»
Est-ce l’effet 100e Journée des femmes
ou l’amplification de l’effet de mode qui porte les femmes aux nues le 8 mars, Journée internationale des femmes, quand elles sont cantonnées à l’invisibilité le reste du temps ? La déferlante d’initiatives, de sondages, de colloques, de rapports atteint des sommets cette année. La piqûre de rappel est toujours utile. Mais les bulles se dégonflent et la cause n’avance pas.
Qu’à cela ne tienne, le premier ministre, François Fillon, est allé donner de sa personne hier, sur le terrain, pour pérorer sur la place des femmes au travail et l’égalité professionnelle. C’est la ligne à droite. Et la marotte de Nicolas Sarkozy, qui promettait déjà, avant son élection : « Si je suis président, je demanderai la réunion d’une conférence sociale à laquelle je donnerai deux ans pour établir l’égalité de la parité des salaires hommes-femmes. » Beau résultat ! Les femmes restent payées 27 % de moins que les hommes en moyenne. «C’est comme si elles n’étaient pas payées pendant tout un trimestre !» s’étrangle la CGT. Le fossé se creuse.
Sur les inégalités au travail comme sur l’accès à l’IVG, sur le partage des tâches comme sur la parité en politique, nous sommes dorénavant en équilibre sur un fil ténu, qui peut tenir où céder. Alors que depuis l’après-guerre, la situation des femmes tendait
à s’améliorer, la mécanique est en train de se gripper. Des petits signaux sonnent déjà l’alerte. L’inégalité de salaire a cessé de se réduire. La mortalité infantile est repartie
à la hausse. Des idées sexistes reviennent sur le devant de la scène. Plus que jamais, les femmes forment le gros des troupes des salariés précaires, sous-payés, ce qui tend
à les renvoyer à la maison.
Le gouvernement a enclenché la marche
arrière. Il est temps de le dire parce que, au bout du compte, c’est toute la société qui régresse. Les lois régressives se multiplient. Elles touchent plus fortement les femmes. La réforme des retraites l’a montré avec éclat. Elles vont payer plus cher mais tout le monde trinque. L’égalité des droits pour les femmes, c’est une chance pour les hommes. Stendhal le disait déjà : « L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation.»
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