Olivier Besancenot a profité du procès l’opposant au distributeur du pistolet en France pour relancer le débat sur les dangers de l’arme. Retour en vidéo sur les pires dérapages du Taser.
"C’est l’arme anti-bavure par excellence" annonce fièrement Taser France sur son site internet. Selon le distributeur, grâce au pistolet, « plus de 4 000 vies ont été épargnées, les blessures aux policiers ont été réduites de 80%, les blessures aux suspects de près de 70% ». Un communiqué de la société ajoute sérieusement que « sur plus de 50 000 tirs, aucun incident mortel n’a été relevé du fait de Taser ». Des chiffres très contestés. En septembre 2007, Amnesty International recense plus de 290 personnes mortes après avoir été touchées par le Taser dont 15 au Canada et le reste aux Etats-Unis. Alors que la vidéo promotionnelle de Taser International joue sur le sentiment d’insécurité (voir ici), celle de Taser France insiste sur les « bienfaits » de l’arme à impulsion électrique.
La vidéo suivante est devenue un symbole pour les opposants au Taser. Le 14 octobre 2007, à l’aéroport de Vancouver, des policiers utilisent leur pistolet contre Robert Dziekanski, un immigré polonais qui tentait de se barricader dans une zone de sécurité du terminal. Après avoir reçu deux décharges de 50.000 volts, l’homme décède 14 minutes plus tard. Le drame avait provoqué un incident diplomatique entre la Pologne et le Canada. Les autorités ont affirmé que trois agents avaient tenté de maîtriser Robert Dziekanski (énervé parce qu’il attendait sa mère depuis 10 heures) au sol dans un endroit sûr de l’aéroport et qu’ils ont dû utiliser le Taser parce qu’il refusait d’obéir. Problème : un vidéaste amateur avait filmé la scène. La version officielle est contredite par ce document. On y voit Robert Dzienkanski s’agiter et jeter une chaise contre une vitre. Les passants tentent de le calmer sans succès. Puis, lors de l’arrivée des policiers, l’immigré polonais semble se calmer et ne parait pas présenter de danger (il est appuyé sur un comptoir). Un coup de Taser est pourtant tiré. L’homme hurle puis tombe en se tordant de douleur. Les agents se regroupent alors sur lui. Il décèdera 14 minutes plus tard. Après la diffusion de cette vidéo, le Canada a ordonné une enquête sur l’utilisation des Taser. Le rapport de la police des polices du Canada préconise l’interdiction du pistolet.
Aux Etats-Unis, les vidéos de caméras embarquées dans les voitures de police se retrouvent parfois sur Youtube. Plus de 2 millions d’internautes ont ainsi pu visionner cette bavure policière. En novembre 2007, dans l’Utah, un homme est arrêté pour avoir dépassé la vitesse maximale de 10 km/h. Il a la mauvaise idée de contester son délit. Le policier, très nerveux, lui tire dans le dos. Le « tasé » a porté plainte et a obtenu 40 000 dollars de dommages et intérêts. Le policier zélé n’a été suspendu que quelques semaines. Le même mois, le Comité de l’ONU contre la torture a estimé que l’utilisation du Taser constituait « une forme de torture » et « peut même provoquer la mort, ainsi que l’ont révélé des études fiables et des faits récents survenus dans la pratique ».
Si le Taser ne tue pas directement (d’après les fabricants), elle peut causer des dommages collatéraux. Le mois dernier, un New-Yorkais de 35 ans, qui se trouvait sur la corniche d’un immeuble en tenue d’Adam, a fait une chute fatale de 3 mètres après avoir reçu une décharge de pistolet. Après la diffusion de la vidéo par le New York Post (voir ici), l’officier qui a utilisé son arme s’est retrouvé affecté à des tâches administratives.
Voici un autre document qui a fait le tour du web. Le 17 septembre 2007, Andrew Mayer, un étudiant américain de 21 ans, s’est fait taser par des policiers. Son crime : lors d’une conférence à l’Université de Californie, il a interrogé John Kerry sur les raisons de sa défaite aux élections de 2004 (contre George W. Bush) et a demandé au sénateur démocrate s’il était membre d’une société secrète (Skulls and Bones) lorsqu’il étudiait à l’Université de Yale. « Pas le Taser, pas le Taser ! » répète-t-il juste avant que les forces de l’ordre s’acharnent sur lui.
Voilà un autre fou de la gâchette. Ce policier de Warren (Ohio) devait avoir sacrément peur de la femme interpelée. Selon la chaîne WYTV, le gros plaisantin s’amuse à lui tirer dessus à 7 reprises après l’avoir menottée dans la voiture.
Arrêtée par la police de Sheffield Village (Ohio), une femme soupçonnée d’être en état d’ébriété goûte aux joies du Taser. Les caméras de surveillance témoignent du choc produit.
La poursuite a dû passablement énerver les forces de l’ordre. Quand le suspect s’arrête dans un pré, une policière tombe par terre. Quand le délinquant présumé est encerclé, une décharge de 50 000 volts venue de la droite le calme immédiatement.
Une vidéo digne d’un sketch des Monty Python. Visiblement imbibée d’alcool et refusant de se soumettre à l’éthylotest, ce pauvre conducteur montre que le Taser n’est pas toujours mortel. Après six tirs, il parvient encore à se rebeller.
Continuons dans la gaudriole avec cette autre bourde policière qui nous vient tout droit des States (à Dallas). Les forces de l’ordre arrêtent un suspect dans un véhicule volé. Lorsque l’un des agents dégaine son pistolet, il tire accidentellement sur… lui-même.
En France, nous n’avons pas (encore) vu beaucoup de scandales liés à l’utilisation du Taser. 4 530 Taser sont en service dans l’hexagone (2 625 dans la gendarmerie et 1 905 dans la police). Depuis le 22 septembre, les policiers municipaux pourront aussi porter un Taser à condition que le préfet donne un avis favorable. Premier incident répertorié en France : une jeune manifestante témoigne dans ce reportage de 66 minutes (M6) de décembre 2007 avoir reçu plusieurs décharges alors qu’elle ne présentait aucun danger. Un vidéaste amateur avait filmé la scène.
Pas d’inquiétude, le Taser a été testé… sur des cochons. D’après Le Figaro, une dizaine de cochons ont été sacrifiés pour les besoins de l’expérimentation du Taser par des laboratoires officiels. En France, les cochons ont reçu un tir directement dans le cœur. Le quotidien signale qu’« un seul est mort sur le coup ». D’après la personne qui les a mises en ligne, ces images choquantes montrent l’expérimentation du Taser sur des cochons dans une base de l’armée de l’air au Texas. Les amis des bêtes peuvent aussi constater que les chiens ne raffolent pas du joujou en cliquant sur ce lien.
On a déjà trouvé mieux que le Taser… Voici le pistolet « micro-ondes » Active Denial System (ADS). Des ondes électromagnétiques invisibles pénètrent le dessous de la peau et insufflent une chaleur très intense. Sur Fox News, ces généraux américains expliquent tranquillement comment s’en servir face à des manifestants (en anglais sous-titré). Apparemment, ça les fait beaucoup rire.
http://www.bakchich.info/Taser-les-videos-du-scandale,05512.html
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