CAMILLE LOTY MALEBRANCHE
Du narcissisme mignard et faraud de la mentalité petite-bourgeoise fortement dominante en notre société passablement maniérée, naît la fascination médiatique envahissante, polluante pour les vanités débiles, les vétilles délirantes dans l’espace public.
Le prince machin britannique se marie, ô quel sublime évènement cosmique pour les populaces spectatrices ! Le monde entier doit être en branle car la presse l’impose comme un ban publié urbi et orbi pour les gueux, les fonctionnaires, les employés, les chômeurs, les gonflés, les bouffis, les niais et les minables soudain intégrés dans la royauté par procuration ! C’est aussi là, l’injonction de la belle société qui admire les princes de sang, êtres humains seulement par la morphologie mais divinité visible de la mythologie politique et médiatique pour la multitude surexcitée, idolâtre sans oser le dire ! Pour les badauds du monde entier inaptes à jouir des grâces de cour, l’hyménée princier est gage de participation par intention à la vie et aux fastes palatins selon la magie de l’image télévisée. Certes pour la plèbe sans éducation, plus ou moins analphabète fonctionnelle et menée au bout du doigt par la télé, je comprends que comme aux élections stupides, on l’amène à croire que cela la concerne ! Mais pour toute cette cohue médiophile, accroc aux papotages médiatiques, depuis le défaut de la robe d’une première dame à la mise à l’encan des vieilles lingeries de Marie Antoinette, cela est carrément sidérant de voir à quels points les hommes sont des jouets entre les mains des lecteurs et lectrices souriants de bulletins à l’écran, eux-mêmes choses des patrons de presse. L’on comprend la chute libre de la vraie culture élévatrice des mentalités dans la grande presse. La culture vraie aurait banalisé ou plutôt simplement mis à sa place, un fait tellement insignifiant que le mariage de deux jeunes gens très ordinaires sinon que par les stupides privilèges dudit prince fiancé. Mais par le populisme culturel, ici et ailleurs les jeunes rêvant d’être princes d’un soir, les vieux saluant jeunesse et richesse du couple-star - car tout monarque est aujourd’hui plus ou moins star people - les jet-setters, les journaleux, les parvenus adulescents et tutti quanti jettent leur peu de rationalité à la fourrière des émotions molles.
Axiologie Décomposée.
Le pouvoir de transsubstantiation séculier de la télévision (étatique ou commerciale, soi disant d’information), c’est d’être la fée technologique de notre temps, qui transforme pour le populo, toute banalité en évènement, tout olibrius stupide en seigneur par l’œil magique de la caméra et l’image fascinatoire diffusée à l’écran.
La mollesse est sans doute le meilleur corollaire de l’insipidité d’une société privée de sens qui bricole des postiches de significations par manière d’axiologie en plein vide. Et quand on nous dit que les droits de télévision, le tourisme (tentative vaine de rapprochement en l’occurrence, car ces touristes n’auront aucune latitude d’approcher les époux que ceux qui regarderont la télé verront certainement mieux qu’eux) et aussi chose non dite, l’exaltation de l’image de l’Angleterre en grande crise économique et sociale avec des manifestations à peine montrées par la presse, çà et là menées contre les austérités économiques, les restrictions et coupures budgétaires frappant divers secteurs-clés comme l’éducation, nous pouvons aisément comprendre la portée idéologique et mercantile de cette banalité faite évènement. Le plus ridicule dans tout ça, est que même la "république du Québec", terre du rejet paroxystique de la monarchie britannique, semble malheureusement mobilisée par les excentricités baragouines d’une certaine presse à cette insulte à l’intelligence vu les proportions qu’on fait prendre à ce mariage dans ce qui est nommé l’information sur certaines grandes chaînes. De quoi faire se remuer René Lévesque ou Falardeau dans leur tombe ! L’ovation « people » des conneries du monde, efface hélas, tout recul et esprit critique dans la saisie des grands et véritables évènements du monde reconstruits et dénaturés au gré des barons de la presse et de leurs intérêts idéologiques.
À la fin de ce billet, je me dois aussi d’être de la fête, afin de ne pas rompre les rêvasseries des masses que sont ici, aussi bien le haut fonctionnaire, le toubib, le politicien que le plouc, le bougnat ou le prolo uniformisés par la standardisation médiatique. Alors messieurs et dames, nobles sujets de leur majesté, qui n’avez en vous, rien de roturier, je vous souhaite joies et bombance au mariage du prince !
Quant aux chers illustres époux, je dis humblement :
Que, dans leurs ardeurs royales, vos majestés copulent et jouissent pour tous vos adorateurs, car déjà, par leur voyeurisme télévisuel et virtuel, vos sujets frissonnent et frémissent de frénésie orgastique, goûtant, par anticipation et procuration, vos indicibles nobles et régaliens ébats !
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