Daniel Schneidermann
Cent dix missiles tirés en quelques heures, le majestueux appareillage annoncé du porte-avions français "Charles de Gaulle", un avion survolant ce dimanche matin la "résidence caserne" de Kadhafi à Tripoli: la campagne de Libye s'est lancée samedi dans l'urgence et la précipitation. On n'a pas fini de voir, aux écrans des 20 Heures, les avions français décoller des bases de l'Est.
Disons-le, cette guerre, du point de vue international, est légale, et menée en vertu d'une résolution très large du Conseil de sécurité autorisant les pays participants à prendre "toutes mesures nécessaires" pour protéger les populations et les zones civiles (le texte intégral de la résolution est ici). Même si les arrière-pensées sarkoziennes (suivez mon regard vers 2012) se voient comme un porte-avions au milieu de la Méditerranée, les objectifs de la campagne sont inattaquables: qui ne souhaiterait défendre, contre Kadhafi, les courageux insurgés aux pieds nus, de Benghazi ?
Mais quelles que soient la légalité, et la justification de cette guerre, il me semble que, dans l'urgence, quelques questions essentielles restent sans réponse (et n'ont d'ailleurs tout simplement pas été posées).
Qui commande l'opération ? Contrairement aux apparences, ce n'est pas Sarkozy, bien qu'il en ait, assure-t-on, largement les compétences. «Il n’a jamais dirigé de guerre, mais avec les prises d’otages, il a des réflexes, il sait faire» a assuré un "proche" au Parisien. Elle serait "coordonnée" à partir d'un QG américain basé en Allemagne, assure "un responsable français sous couvert d'anonymat". Magnifiques formulations. Il est fort heureux qu'il y ait une "coordination", faute de commandement. Est-ce à dire, pour quitter la langue de bois, que nos avions sont sous commandement américain ? Et si oui, pourquoi ne pas le dire ainsi ?
Quel est son but précis ? Desserrer l'étau sur Benghazi, ou bien chasser Kadhafi ? "Il ne s'agit pas de chasser Kadhafi" assurait samedi soir Juppé sur France 2, contrairement à ce que claironnait le chroniqueur de France Inter (et son porte-parole officieux ?) Bernard Guetta la veille, depuis New York, et que répète aussi le secrétaire général de l'ONU. Qui dit vrai ? Qui biaise ? Qui dissimule ?
Disons-le, cette guerre, du point de vue international, est légale, et menée en vertu d'une résolution très large du Conseil de sécurité autorisant les pays participants à prendre "toutes mesures nécessaires" pour protéger les populations et les zones civiles (le texte intégral de la résolution est ici). Même si les arrière-pensées sarkoziennes (suivez mon regard vers 2012) se voient comme un porte-avions au milieu de la Méditerranée, les objectifs de la campagne sont inattaquables: qui ne souhaiterait défendre, contre Kadhafi, les courageux insurgés aux pieds nus, de Benghazi ?
Mais quelles que soient la légalité, et la justification de cette guerre, il me semble que, dans l'urgence, quelques questions essentielles restent sans réponse (et n'ont d'ailleurs tout simplement pas été posées).
Qui commande l'opération ? Contrairement aux apparences, ce n'est pas Sarkozy, bien qu'il en ait, assure-t-on, largement les compétences. «Il n’a jamais dirigé de guerre, mais avec les prises d’otages, il a des réflexes, il sait faire» a assuré un "proche" au Parisien. Elle serait "coordonnée" à partir d'un QG américain basé en Allemagne, assure "un responsable français sous couvert d'anonymat". Magnifiques formulations. Il est fort heureux qu'il y ait une "coordination", faute de commandement. Est-ce à dire, pour quitter la langue de bois, que nos avions sont sous commandement américain ? Et si oui, pourquoi ne pas le dire ainsi ?
Quel est son but précis ? Desserrer l'étau sur Benghazi, ou bien chasser Kadhafi ? "Il ne s'agit pas de chasser Kadhafi" assurait samedi soir Juppé sur France 2, contrairement à ce que claironnait le chroniqueur de France Inter (et son porte-parole officieux ?) Bernard Guetta la veille, depuis New York, et que répète aussi le secrétaire général de l'ONU. Qui dit vrai ? Qui biaise ? Qui dissimule ?
> Cliquez sur l'image pour un gros plan < | A quoi se monte exactement "la participation des pays arabes" à la guerre ? Les Occidentaux répètent jusqu'à l'obsession qu'il ne s'agit pas...d'une opération occidentale. Pour preuve: "la participation du monde arabe". Et les cadreurs de la photo du sommet de l'Elysée ont pris soin de placer le secrétaire de la Ligue Arabe, Amr Moussa, ...à la gauche des invitants. Samedi soir, à France 2 qui ne mentionnait parmi les pays participants que le Qatar; Juppé a fièrement ajouté: "et les Emirats Arabes Unis". Il est vrai qu'il se targuait quelques jours plus tôt sur son blog de pouvoir obtenir le soutien de "plusieurs" pays arabes. Très bien. Où sont les autres ? |
Comme dans toute guerre, la propagande va se déchaîner. Hier matin, avant les premiers décollages, on nous expliquait qu'un avion avait été abattu au-dessus de Benghazi. Sous-entendu: un avion de Kadhafi, évidemment, signe flagrant que le dictateur ne respectait pas le cessez-le-feu. Hier soir, au détour d'un reportage de France 2, cet avion était subrepticement devenu un avion "aux mains des insurgés". Tiens ? Les insurgés aux pieds nus ont donc des avions ? Nous l'avait-on dit ? Autre exemple, que je pioche à l'instant dans le "live" du Monde: "Selon le Guardian, les combattants loyaux à Kadhafi auraient déplacé des corps des morgues jusqu'aux lieux des bombardements pour faire croire que l'opération internationale a fait des morts parmi les civils". Intox de Kadhafi ? Intox des insurgés, répercutée par le Guardian ?
En quelques heures, la situation s'est retournée. Le tyran sanguinaire est devenu, aux yeux du monde, la cible d'une opération massive des puissances occidentales. Cette situation requiert des médias occidentaux (et particulièrement français) une vigilance toute particulière. Espérons qu'ils en feront preuve.
En quelques heures, la situation s'est retournée. Le tyran sanguinaire est devenu, aux yeux du monde, la cible d'une opération massive des puissances occidentales. Cette situation requiert des médias occidentaux (et particulièrement français) une vigilance toute particulière. Espérons qu'ils en feront preuve.
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