Bernardino Soares, qui était président, lors de la législature qui vient de s’achever, du groupe des députés communistes à l’Assemblée nationale portugaise, dénonce les logiques à l’œuvre et plaide pour des alternatives. Envoyée spéciale.
Le premier ministre socialiste, José Socrates, les partis politiques de droite, comme le PSD, et le CDS soutiennent l’idée que le recours aux fonds du FMI et de l’UE était inévitable. Qu’en pense le Parti communiste ?
Bernardino Soares. C’est faux. C’est l’idée défendue par les créanciers, qui conditionnent le prêt de 78 milliards d’euros à des taux d’intérêt extrêmement élevés (5,5 %). Or, ces taux vont conduire à davantage de récession et de chômage. Nous n’aurons jamais assez de deux ans pour rembourser ce prêt. Voyez la Grèce. Si, plutôt que de dynamiser l’économie, on l’enfonce, alors il n’y aura pas d’issue pour ce pays. Et les principaux responsables de cette situation et du vol de nos richesses nationales sont le FMI et l’UE. L’alternative est la renégociation de la dette. Et elle doit avoir lieu dès maintenant. Une renégociation en vue de dégager des ressources financières pour les injecter dans la production nationale. C’est fondamental. L’unique manière de sortir le pays de la crise et de payer la dette est de créer davantage de richesses et d’emplois.
Les représentants de l’UE s’accordent à dire que indépendamment de
la majorité élue le 5 juin, le programme du futur gouvernement sera celui fixé par le FMI et l’UE.
Bernardino Soares. Comment voulez-vous que nous acceptions cela ? Cela revient à détruire la souveraineté de notre pays. Il ne peut y avoir un programme imposé trois années durant par le FMI et l’UE alors que le peuple doit élire son Assemblée avec la majorité qu’il aura décidée. D’ailleurs, il est prévu dans le programme de la troïka (FMI, BCE, UE – NDLR) que les mesures préconisées soient adoptées par l’Assemblée de la République. C’est pourquoi nous voulons contribuer à imposer une alternative pour en finir avec les politiques de droite menées ces trente-cinq dernières années avec ces trois partis – PS, PSD, CDS – et leur poursuite via l’accord signé avec l’UE et le FMI.
L’actuel contexte économique n’est-il pas l’aveu de l’échec du modèle promu par l’UE ?
Bernardino Soares. Le modèle de la construction européenne a toujours été erroné et son orientation économique et monétaire en décalage avec les nécessités des économies les plus fragiles. Il y a eu concentration des pouvoirs sur le dos de la souveraineté des peuples indépendamment de leurs intérêts. Ce modèle économique a conduit à la destruction des capacités de production nationale, comme au Portugal. Tout a été fait pour diminuer les droits des travailleurs, comme si c’était la solution pour résoudre les problèmes. Le modèle néolibéral, sauvage, a conduit à accumuler et à concentrer la richesse au détriment des peuples.
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