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28/05/2010

Le monstre capitaliste contre les peuples

Patrick Le Hyaric

Pour la plupart des individus normalement constitués l’échange marchand se fait en vendant un produit, voire un service, contre une rémunération. Celle-ci peut être contestée. Elle peut être trop élevée ou trop faible selon que l’on soit l’acheteur ou le vendeur. Mais il y’a un produit réel, une marchandise réelle, payés à un prix déterminé. Dans ce système capitaliste financiarisé et mondialisé où la liberté de circulation des marchandises est érigée au rang de dogme suprême, on peut faire de l’argent avec … rien ! Ainsi existe une mécanique dite « de vente à découvert ». Vous promettez à quelqu’un, à une entreprise, ou à un Etat de vendre dans deux semaines, trois mois, six mois ou plus, des titres financiers ou des obligations ou de racheter tout ou partie de ses dettes. Mais vous le faites en ayant les mains vides. Vous n’avez pas l’argent que vous promettez. Vous vendez donc sur les marchés internationaux ces actions ou ces dettes au cours d’aujourd’hui et vous attendez que la valeur de ces titres baisse. Puis vous vendez ce que vous n’avez pas et subitement vous gagnez beaucoup d’argent. Evidemment, vous ne le ferez jamais. Seules les banques, les compagnies d’assurance et les fonds financiers procèdent ainsi depuis des mois et des mois. Voilà l’horreur spéculative. C’est ce que font en ce moment même ceux que l’on appelle de ce nom bizarre « les marchés financiers » avec les dettes des Etats.

Examinons un autre moyen. Souvent les banques sont aussi des compagnies d’assurance. Elles ont crées des contrats dits de couverture, sorte d’assurance au nom anglais de « crédit default swapf ou CDF » . Un vendeur d’assurance (cdf) assure un acheteur en cas de faillite ou même l’assure en cas de défaut de paiement si, comme nous l’avons expliqué plus haut, le cours des actions baisse en deca de leur valeur initiale. Cet acheteur se paie donc une garantie sur une créance qu’il n’a pas. La même banque y a donc intérêt en se faisant de l’argent grâce à des taux de prêt asphyxiant. Mais plus, maintenant, avec sa filiale d’assurance elle va pouvoir profiter des difficultés d’une entreprise ou d’un Etat parce qu’elle aura réassurée une filiale de sa propre banque ou même une autre banque contre ce qu’ils appellent le « défaut de paiement ».

Ainsi donc, ce capitalisme financier mondialisé permet aux pieuvres de la spéculation de gagner de l’argent sur le dos d’une entreprise ou d’un Etat qui a des dettes à rembourser. Ceci amplifie tous les mouvements à la hausse ou à la baisse des cours des actions et des obligations, donc la valeur même d’une entreprise ou de la dette d’un Etat. Ainsi des fonds financiers parient sur la hausse ou la baisse d’un produit financier, qu’il s’agisse d’actions ou de dettes d’Etats dans le seul but d’amasser de l’argent.

C’est l’économie « casino » qui n’a strictement rien à voir avec l’économie réelle des biens et des services.

La dette des Etats est même devenue un « marché », un champ de bataille pour les spéculateurs. Ces monstres froids de la spéculation boursière et financière ont donc intérêt à l’existence des dettes des Etats. Cela leur sert aujourd’hui à augmenter leurs profits spéculatifs. Et quand un pays comme l’Allemagne envisage d’interdire ces pratiques, les fameux « marchés financiers » l’interprètent immédiatement comme des difficultés nouvelles à venir dans ce pays. Ils amplifient en conséquent les mouvements spéculatifs. Ceci ne se passe pas hasard.

Si la finance tient aujourd’hui le haut du pavé c’est parce que des gouvernements, l’Union européenne, le Fonds monétaire international, l’Organisation mondiale du commerce, dirigés par les mandataires du grand capital ont décidé de détruire toutes les règles. Ils ont déréglementé, libéralisé, privatisé l’économie au seul service du capitalisme.

Voilà où nous mènent les décisions qui ont été prises ces dernières années avec la privatisation des banques qui a conduit à la fin du crédit utile à bas taux d’intérêt pour l’emploi, l’agriculture, les services. Et la Banque centrale européenne joue ce jeu à fond. Elle n’est sous le contrôle d’aucune institution publique. Sa gestion de la monnaie unique vise en permanence à rassurer les marchés financiers contre les salaires, les systèmes de protection sociale et de retraites, les revenus paysans, les services publics, l’environnement.

Le capitalisme n’est pas moralisable parce qu’il est amoral, immoral par nature même.

Face à lui, les peuples sont désormais en légitime défense. Certes, des gouvernements, dont le nôtre, qui servent ce système vont continuer à donner des explications trompeuses pour faire accepter ces décisions de plus en plus antisociales et autoritaires. Mais ne nous laissons pas faire. Organisons-nous. Unissons-nous pour faire prévaloir l’intérêt général. Celui-ci passe par l’arrêt de ce libre échangisme mondial, la fin de la liberté totale de circulation des capitaux. Les capitaux spéculatifs doivent être taxés, comme d’ailleurs une partie des marchandises aux frontières avec une taxe sociale et écologique pour le développement et le bien être humain.

Le projet d’accord de libre échange entre une partie des pays d’Amérique Latine et l’Union Européenne, signé la semaine dernière est de ce point de vue dangereux. Il se fera contre notre agriculture paysanne et contre la souveraineté alimentaire des peuples latino-américains. Il faut donc le mettre en échec.

Les combats pour la défense des retraites, l’augmentation de la rémunération du travail et pour la justice fiscale et sociale participent de cette autre orientation qu’il faut imposer dans l’unité la plus large.

http://patricklehyaric.net/2010/05/26/le-monstre-capitaliste-contre-les-peuples/

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