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15/04/2010

La logique implacable du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux

"Je veux signer un contrat de progrès avec les fonctionnaires : des fonctionnaires moins nombreux, mieux payés, plus considérés, plus autonomes", lançait en 2007 Nicolas Sarkozy, alors en pleine campagne pour l'élection présidentielle. "Moins nombreux" : le mot d'ordre est lâché.

Une fois élu, la volonté du chef de l'Etat se concrétise, avec l'annonce du lancement, en juin 2007, de la Révision générale des politiques publiques par François Fillon.

Une logique comptable se met alors en place : un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ne sera pas remplacé.

Au total, de 2007 à 2010, 100.000 postes de fonctionnaires sont supprimés.

Et, ce jeudi 15 avril, le nouveau secrétaire d'Etat à la Fonction publique George Tron, persiste dans cette lignée, avec l'annonce de la suppression de 34.000 fonctionnaires en 2011.

Luc Rouban, directeur de recherche au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), explique que si des économies budgétaires ont été réalisées avec ces suppressions de postes, les conséquences négatives sont importantes.

"Les services sont de plus en plus démunis, face à une demande croissante de la part du public en temps de crise. On le voit dans l'Education, avec les actes violences, dans le secteur hospitalier, qui subit des restructurations… Parmi les policiers, des protestations se font également entendre."

"Un tournant historique"

"C'est un tournant historique. Jamais on n'avait connu une telle réduction de postes sous la Ve république", poursuit Luc Rouban.

Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, première organisation syndicale de la fonction publique, ne dit pas autre chose : '"on est dans le noyau dur des suppressions de postes. Les conséquences des 100.000 non-remplacements se font déjà sentir dans les administrations, dans l'éducation, dans les hôpitaux… Le service rendu est de moindre qualité."

Selon elle, "le gouvernement n'entend pas les alertes, n'infléchit pas sa politique. Il persiste avec le dogme du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux. Il devrait pourtant mesurer le coût de cette politique pour la société : il sera bien plus grand que les économies qu'il espère faire. "

Si les usagers subissent les effets des baisses d'effectifs, les premiers à en faire les frais sont les fonctionnaires eux-mêmes.

Des conditions de travail dégradées

"Les conditions de travail se sont dégradées, cela affecte la santé physique et mentale des fonctionnaires. La France est le pays où ils dénoncent le plus leurs conditions de travail", indique Luc Rouban.

"Les cadres sont de plus en plus investis dans leur travail car il y a de moins en moins d'employés", explique-t-il encore.

Enfin, met-il en avant, la raréfaction des postes rend l'accès à la fonction publique encore plus difficile lors des concours.

Pour faire avaler la pilule des suppressions de postes, Nicolas Sarkozy avait promis de revaloriser les salaires des fonctionnaires grâce aux économie réalisées.

"En pratique, en contrepartie du blocage des rémunérations des fonctionnaires, des primes et 50% des économies réalisées avec les suppressions de postes devaient être réparties parmi les fonctionnaires. Mais concrètement, cela ne représente que quelques centaines d'euros par personne", souligne Luc Rouban.

"C'est la double peine"

"Pour les fonctionnaires, c'est la double peine. Leurs conditions de travail sont dégradées et en plus l'argent promis n'a pas été versé. Dans l'Education nationale, on constate que la revalorisation ne concerne que les jeunes enseignants. Le ministère a redistribué l'argent économisé uniquement aux débuts de carrière, car autrement les sommes auraient été infimes. A force de restriction budgétaire, le gouvernement ne peut plus tenir ses promesses. C'est une politique qui mène dans l'impasse", indique pour sa part Bernadette Groison.

Le gouvernement peut-il poursuivre dans cette voie et tenir un rythme aussi soutenu de suppressions de postes ? Non, assure, Luc Rouban.

"2010 et 2011 constituent la phase haute des départs en retraite (70.000 par an). A partir de 2012, les départs vont baisser. On ne pourra pas compter éternellement sur les baby-boomers. Pour l'instant, les mesures sont relativement indolores, puisqu'il s'agit de non-remplacements. Mais le gouvernement va avoir une marge de manœuvre beaucoup plus réduite à partir de 2012." L'élection présidentielle changera peut-être alors la donne.

http://www.challenges.fr/actualite/toute_lactu/20100415.OBS2509/la_logique_implacable_du_nonremplacement_dun_fonctionna.html

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