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16/04/2010

Greenpeace s'invite à la grand-messe de Nestlé pour la forêt indonésienne

ALINE ANDREY

AGROBUSINESS - Des militants de Greenpeace ont fait les singes au palais de Beaulieu pour rappeler les conséquences désastreuses de la culture d'huile de palme en Indonésie.
Une bannière portant le slogan «Give the Orang-Utans a break», tenue par deux militants de Greenpeace, a surplombé les discours des dirigeants de Nestlé. Hier, dès les premières minutes de la 143e Assemblée générale de la multinationale, les deux écologistes ont scié le plafond à l'aide de tronçonneuse, selon l'ATS, avant d'en descendre en rappel. «Vous auriez pu passer par la porte, comme tout le monde», a relevé, l'air agacé, Paul Bulcke, administrateur délégué de Nestlé (dont le discours était retransmis en direct sur le site du leader de l'agroalimentaire). Quelques membres de Greenpeace, devenus actionnaires pour l'occasion, avaient d'ailleurs précédé son conseil. Pendant ce temps, une vingtaine de militants déguisés en orangs-outans se prélassaient devant le palais de Beaulieu à Lausanne. Sur les panneaux et les transats tenus par les primates, la formule des barres au chocolat Kitkat détournée: «Give us a break».
Toutefois, bien davantage qu'une pause, c'est d'une retraite dont a besoin l'écosystème indonésien en proie au déboisement agressif de forêts tropicales anciennes mené principalement par la filiale Sinar Mas, premier producteur d'huile de palme d'Indonésie (dont fait partie APP, plus grand producteur de papier en Indonésie).

Céder pour que rien ne change

Depuis deux ans, Greenpeace dénonce les pratiques de déboisement illégal et de non-respect des études d'impact environnemental par Sinar Mas, qui utilise les terres indonésiennes pour la culture intensive d'huile de palme et de cellulose. L'ONG a demandé à plusieurs reprises à Nestlé – dont la consommation d'huile a quasi doublé depuis 2007 pour atteindre 320000 tonnes par an – de rompre ses contrats avec cette société.
Il aura toutefois fallu que la pression devienne publique pour que Nestlé réagisse. Quelques heures après le lancement de la campagne de Greenpeace, le 17 mars dernier, avec la diffusion d'une vidéo parodique et sanguinolente[1], la multinationale annonçait la résiliation de ses contrats avec le groupe Sinar Mas.
Une victoire? Pas vraiment. Car Nestlé continue de se procurer l'huile de palme auprès de sociétés, principalement Cargill et IOI, qui se fournissent chez... Sinar Mas.

Trop lente certification

Dans sa lettre à Greenpeace datant du 13 avril dernier le directeur de Nestlé Peter Brabeck rappelle, une fois de plus, son souci concernant la déforestation en Indonésie et son soutien au moratoire contre la destruction des forêts pluviales. En substance, il explique que sa société a prévenu ses fournisseurs qu'elle ne tolère pas la présence d'huile provenant de ressources ne relevant pas du développement durable. Reste que, en 2010, selon les chiffres de Nestlé, seuls 18% de ses achats sont certifiés. Et la multinationale promet une certification totale de son huile de palme d'ici à 2015 seulement. Un délai inacceptable pour Greenpeace qui rappelle l'urgence de la situation.
L'ONG relève en effet qu'un quart des plantations indonésiennes se situent sur les sols tourbeux d'anciennes forêts marécageuses. Les conséquences sont nombreuses pour ses habitants. La destruction de l'habitat des orangs-outans met cette espèce en danger d'extinction.

Esclavage et pollution

Quant aux humains: «Les cultures traditionnelles des petits paysans sont en danger. Et lorsqu'ils sont engagés par ces grandes entreprises, les conditions de travail sont proches de l'esclavage», relève Asti Roesle, ingénieure forestière responsable de la campagne Forêts pour Greenpeace Suisse.
Au niveau climatique, par le drainage et les incendies volontaires des forêts, les tourbières libèrent un volume si important de CO2 que l'Indonésie a été propulsée à la troisième place des pays les plus pollueurs, derrière les Etats-Unis et la Chine. Au rythme où va son déboisement – 300 terrains de football par heure –, l'Indonésie ne risque pas de perdre sa place sur le podium. I
[1]www.greenpeace.ch/fileadmin/huile-de-palme/index.html
Plus d'informations sur: http://www.greenpeace.ch/fr/campagnes/forets/

http://lecourrier.ch/index.php?name=News&file=article&sid=445562

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