À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

16/04/2010

La défaite de Danone

Daniel Schneidermann

Comme les choses sont gentiment dites ! "Danone revoit sa copie", titre pudiquement Le Figaro à propos de la capitulation de la multinationale, que l'Europe (pour résumer) vient de contraindre à renoncer à vanter les bienfaits-santé de deux de ses produits vedette, Activia et Actimel. Nul doute que cette piteuse capitulation sera camouflée comme il le convient. Le Figaro donne par exemple la parole à un analyste financier : "le groupe veut éviter le buzz médiatique qu'auraient engendré d'éventuels avis négatifs" "décrypte" ce docte spécialiste, pour expliquer que le groupe ait préféré anticiper un refus d'agrément, plutôt que de l'essuyer. Certes. L'affaire est en effet moins désastreuse que si elle avait été pire. Et une retraite en bon ordre est toujours préférable à un mitraillage en règle. Le jet d'éponge de Danone, par exemple, est annoncé (ô coïncidence) le jour où le groupe annonce aussi un chiffre d'affaires en hausse, ce qui n'empêche pas l'action de décrocher, "lémarchés" étant visiblement déçus qu'on leur révèle -quelle surprise !- qu'Actimel n'était finalement pas si bon pour la santé.

On peut rassurer l'analyste anonyme du Figaro : ces questions ne passionnent pas la grande presse française, notamment la galaxie des magazines féminins, farcis de pleines pages de merveilleuses pubs pour les "alicaments" en question, et leurs innombrables bienfaits minceur, transit intestinal, etc. Le combat, depuis des années, des associations de consommateurs, pour dénoncer ces publicités mensongères, n'a jamais été très médiatisé, pas davantage que le lobbying effrené des industriels fabricants de produits gras, pour continuer de fourguer leurs pubs dans les programmes télévisés pour les enfants (voir ici notre dossier complet sur la question).

La défaite de Danone est pourtant une victoire, nette et sans bavure, contre les pubs mensongères. Et cette victoire est un des effets bénéfiques de l'Europe. Le Figaro nous présente l'EFSA, autorité européenne de sécurité des aliments, chargée de lutter contre les pubs comme "Kinder, le chocolat qui aide à grandir", ou celles qui vantent les vertus des cartilages de requin, ou de la taurine. Quand on connait les budgets de lobbying que les multinationales sont capables d'engloutir auprès des instances de contrôle, nationales et supranationales, on mesure la performance que constitue cette résistance de l'EFSA. Les "bureaucraties européennes", qui ont bien des défauts, ont aussi parfois quelques qualités.

http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=7822

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