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14/04/2010

Pétrole : il pourrait manquer 10 millions de barils par jour en 2015 avertit l’armée US

Les réserves de production excédentaire pourraient disparaître en 2012, et la pénurie s’installer dès 2015 avec un déficit pouvant approcher les 10 millions de barils/jour, selon une étude du « Joint Forces Command » de l’armée américaine. « Bien qu’il soit difficile de prévoir précisément les conséquences économiques, politiques et stratégiques de cette pénurie, elle réduirait certainement les perspectives de croissance, à la fois dans le monde développé et émergent. Un tel ralentissement économique exacerberait d’autres tensions irrésolues, entrainerait les états fragiles et faibles sur le chemin de l’effondrement, et aurait peut-être de sérieuses conséquences économiques pour la Chine et l’Inde, » avertissent les militaires américains.

Par Terry Macalister, Guardian, 11 avril 2010

L’armée américaine a averti que la capacité de production excédentaire de pétrole pourrait disparaitre d’ici 2 ans, et qu’il pourrait y avoir de graves pénuries d’ici à 2015, ayant des conséquences économiques et politiques significatives.

Cette crise énergétique, pointée par le rapport « Joint Operating Environment » du « Joint Forces Command » américain, intervient alors que le prix de l’essence en Grande Bretagne atteint des niveaux record et que l’on prévoit un cours du brut à 100 dollar le baril dans un avenir proche.

Le rapport - préfacé par le général James N. Matis - précise qu’en 2012, la capacité de production excédentaire pourrait complètement disparaitre et, dès 2015, le déficit de production avoisiner les 10 millions de barils/jour (N.d.t : la production est actuellement les 85 millions de barils/jour).

Il ajoute : « Bien qu’il soit difficile de prévoir précisément les effets économiques, politiques et stratégiques d’un tel déficit, il réduira certainement les perspectives de croissance, à la fois dans le monde développé et émergent. Un tel ralentissement économique ne ferait qu’aggraver d’autres tensions non résolues, précipiter l’effondrement de pays fragiles et pourrait provoquer de graves répercussions sur la Chine et l’Inde. »

L’armée américaine indique que ses prévisions ne peuvent être considérées comme la politique du gouvernement des États-Unis mais admet qu’elles sont censées fournir au « Joint Forces Command » une « base intellectuelle sur laquelle construire les développements futurs des forces [armées] ».

Cet avertissement est le dernier d’une série émanant du monde entier, transformant le pic pétrolier - le moment où la demande dépasse l’offre - en un risque plus immédiat et non une menace lointaine.

Le rapport Wicks sur la politique énergétique du Royaume-Uni publié l’été dernier avait rejeté ces craintes, mais Lord Hunt, le ministre de l’énergie britannique, a rencontré des industriels préoccupés par la question il y a deux semaines, signe qu’il change rapidement d’avis sur la gravité du problème.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE), basée à Paris, reste confiante concernant les risques de pénurie de pétrole à court terme, mais en privé, certains hauts fonctionnaires ont admis qu’il existe un profond désaccord interne sur cette position optimiste.

L’approvisionnement futur en carburant est d’une importance critique pour l’armée américaine, qui est considérée comme le plus gros consommateur au monde. Le directeur général de BP, Tony Hayward, a récemment déclaré qu’il y avait peu de chances que le brut lourd extrait des sables bitumineux du Canada soit interdit aux États-Unis car l’armée américaine préfère les approvisionnements locaux plutôt que d’avoir à compter sur un Moyen-Orient politiquement instable.

Il y a des signes montrant que le Département américain de l’énergie pourrait également changer sa position sur le pic pétrolier. Dans une récente interview avec le journal français "Le Monde", Glen Sweetnam, conseiller principal sur le pétrole de l’administration Obama, a admis que « la possibilité d’un déclin » de la production mondiale de carburants liquides entre 2011 et 2015 existe en l’absence d’investissements suffisants.

Lionel Badal, étudiant de troisième cycle au Kings College de Londres, qui a effectué des recherches sur les théories du pic pétrolier, considère que le rapport de l’armée américaine amplifie le débat.

« Il est étonnant de constater que l’armée américaine, à la différence du ministère américain de l’énergie, mette publiquement en garde contre une pénurie majeure de pétrole à court terme. Cependant, il serait intéressant de connaitre l’information sur laquelle est basée cette étude », s’interroge-t-il.

« L’Energy Information Administration (organisme relevant du département de l’énergie) indique depuis des années que le pic pétrolier n’est prévu que dans « plusieurs décennies ». Compte tenu du rapport du « Joint Forces Command » américain l’EIA est-elle toujours confiante dans ses précédentes conclusions très optimistes ? »

Le rapport « Joint Operating Environement » dépeint un sombre tableau de ce qui peut arriver en périodes de graves difficultés économiques. « Nous ne devons pas oublier que la Grande Dépression a engendré un certain nombre de régimes totalitaires, lesquels ont recherché la prospérité économique de leur pays par la conquête brutale », souligne-t-il.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3028

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