Pôle Emploi Graulhet en grève: le directeur se colle au standard

Le directeur du site Pôle Emploi de Graulhet dans le Tarn n'assure pas le standard tout seul. Il a son directeur territorial avec lui pour décrocher le téléphone. Il y a aussi un titulaire et deux contrats aidés dans la maison. Les 21 autres salariés en sont à leur cinquième jour de grève.

C'est sur ce site que «les services rendus aux usagers» se sont tout d'un coup «dégradés» selon ces salariés, au point d'entraîner un arrêt de travail. Ce pourrait être le feu aux poudres pour les 60 sites Pôle Emploi de la région et leurs quelque 2000 salariés. Selon la déléguée régionale CGT, un préavis est parti en fin de semaine dernière pour une grève de tous les sites midi-pyrénéens ce jeudi 15 avril.

Les standardistes de Graulhet ne sont pas bavards. Ils refusent en tout cas de répondre au journaliste de Libération qui les sollicite. Ils ne sont pas, lui font-ils savoir, les interlocuteurs adéquats.

L'interlocuteur serait peut-être Nicolas Sarkozy qui promettait une charge de 60 dossiers par agent au moment de la fusion ANPE-Assedic alors qu'il y en a en moyenne 200 aujourd'hui. La situation n'est déjà pas brillante. Les grévistes de Graulhet sont convaincus qu'elle ne peut qu'empirer:

Le vase a débordé sur ce site tarnais après le non remplacement d'agents sur le départ. Les trois CDD qui devaient y pallier n'ont très vite plus été qu'un. Le traitement et le suivi des dossiers sont déjà très retardés du fait du manque d'effectif. La perspective d'une relation toujours plus distendue avec les chômeurs n'a pas été supportée.

Un demandeur d'emploi graulhétois peut habiter la même rue que le Pôle, son appel téléphonique transitera par la plate-forme régionale des allées de Barcelone à Toulouse. Rien ne garantit en outre que, enfin reçu à Graulhet, son dossier ne soit pas sous-traité par un organisme privé tels Adecco ou Altédia sur lesquels les sites Pôle Emploi, débordés, sont priés de se décharger.

«Notre métier d'intermédiation entre l'offre et la demande d'emploi n'existe quasiment plus, se désole un gréviste. Il y a une formation insuffisante des salariés ex-Assedic auxquels il est demandé de faire du boulot ex-ANPE, ajoute-t-il. Des erreurs sont commises dans ces dossiers. Quand ceux-ci ne se perdent pas...»

Le «suivi mensuel personnalisé» se traite de plus en plus par mail ou par téléphone. Il y a enfin la charge supplémentaire des anciens Rmistes devenus bénéficiaires du RSA que les conseils généraux ne gèrent plus.

Les grévistes de Graulhet ont reçu la visite d'une collègue d'Albi. Laquelle leur a expliqué que la situation était encore plus «dégradée» sur son site à elle. La grève régionale de ce jeudi pourrait avoir quelque succès.

http://www.libetoulouse.fr/2007/2010/04/allo-p%C3%B4le-emploi-graulhet-ici-le-directeur-au-standard.html