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07/05/2010

L’ardoise présentée aussi aux Français

Le premier ministre a annoncé un plan d’austérité marqué par le gel des dépenses de l’État, de 2011 à 2013. Cela représente, selon certains experts, une baisse de 50 milliards d’euros en rythme annuel. Au tour des retraites maintenant ?
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Gel des dépenses de l’État en valeur de 2011 à 2013 : c’est ce qu’a annoncé, hier, le premier ministre dans un communiqué, à l’issue d’un séminaire gouvernemental consacré à la lutte contre le déficit public. Matignon commence avec cette annonce à lever le voile sur le plan d’austérité qu’il entend imposer aux Français et qu’il concocte depuis des mois, instillant progressivement certaines de ses dispositions (réforme de l’hôpital, baisse du nombre de fonctionnaires), en préparant d’autres (retraites, collectivités territoriales). Que signifie cette annonce ? Auparavant, les dépenses de l’État augmentaient comme l’inflation chaque année. Avec le gel, elles resteraient d’un même montant d’une année sur l’autre, mais leur « pouvoir d’achat » serait amputé par la hausse des prix.

SUR QUI VA TOMBER LE COUPERET ?

Le « programme de stabilité de la France 2010-2013 », qui correspond aux engagements de la France vis-à-vis de la Commission de Bruxelles afin d’en revenir aux règles du pacte de stabilité européen, table sur une augmentation des prix à la consommation de 1,5 % en 2011, 1,75 % en 2012, et autant en 2013. Chacune de ces années, les dépenses de l’État devraient donc être érodées d’autant. Pour ce qui est de 2010, François Fillon a demandé aux ministres « de veiller à ce que la dépense soit strictement tenue au niveau prévu par la loi de finances votée par le Parlement ». Hier matin, Jacques Attali a évalué le montant de cette purge à quelque 50 milliards d’euros sur une année. « Les dépenses de fonctionnement courant de l’État diminueront de 10 % en trois ans, avec une baisse de 5 % dès 2011 », annonce également le communiqué de Matignon. La poursuite de la politique de non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans la fonction publique d’État est confirmée. Les aides économiques (à la construction de logements…), à l’emploi (contrats aidés…) et les aides sociales (aide au logement, allocation adulte handicapé…) seront soumises à « un réexamen », avertit aussi le premier ministre. Les niches fiscales, qui coûtent 37,49 milliards d’euros à l’État, sont particulièrement pointées du doigt par la droite au pouvoir. Parmi elles figurent le crédit d’impôt recherche (4 milliards), le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile (2,9 milliards), ou encore l’abattement de 10 % sur le montant des pensions et des retraites (2,67 milliards). On peut deviner sur qui tombera le couperet et l’on peut préjuger que cette agitation autour des niches vise à dissimuler le véritable « chien » à qui l’on veut s’en prendre : le citoyen de base qui vit de son travail.

POURQUOI EN ARRIVE-T-ON LA ?

Comme ils en ont pris l’engagement auprès de l’Allemagne, l’Élysée et Matignon entendent ramener le déficit public à moins de 3 % en 2013. Cet objectif est présenté comme indispensable pour permettre à l’Europe de sortir de la crise qui la déstabilise, et à l’euro de se refaire une santé. Le véritable motif a en fait été révélé par le premier ministre, mercredi soir, lors de son intervention sur le plateau de TF1. Il a déclaré : « La France est à l’heure actuelle avec l’Allemagne la meilleure signature en Europe et nous devons tout faire pour conserver cette signature. » Qui donc valide celle-ci ? Les agences de notation, c’est-à-dire les entreprises chargées par les marchés financiers, les banques, de déterminer la capacité des États à rembourser leurs dettes. C’est clair, dès lors : le plan d’austérité annoncé est destiné à répondre aux exigences des marchés financiers. Le gouvernement français se plie à leurs desiderata dans l’espoir qu’ils continueront à financer la dette publique du pays. Le scandale tient, notamment, au fait que cette dette publique a gonflé sensiblement en peu de temps parce que ce même gouvernement français a dû voler au secours des banques et des marchés financiers qui, en 2008, se sont effondrés. Palme de l’hypocrisie, François Fillon, mercredi soir sur TF1, a osé déclarer que ces « mesures difficiles » de baisse de la dépense publique ne constituent pas un plan d’austérité. Il en voit pour preuve dans le fait que L’État n’entend pas remettre en cause ses aides à l’investissement des entreprises. Mais le fait confirme plutôt la chose : le plan d’austérité vise à soutenir encore plus les grands groupes et le capital, et à cette fin, à présenter l’addition au peuple français. C’est de mauvais augure pour le dossier retraite.

PIERRE IVORRA

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http://www.humanite.fr/L-ardoise-presentee-aussi-aux-Francais

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