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07/05/2010

La Grèce sera contrainte de sortir de l’euro

Paul Krugman

A terme, la Grèce sera non seulement contrainte de répudier une partie de sa dette, mais aussi de quitter l’euro, prévoit Paul Krugman. La cure d’austérité exigée en contrepartie du financement accordé par l’UE et le FMI va provoquer une grave récession économique, qui ne pourrait être atténuée que par une relance des exportations. Les salariés refusant de faire les frais d’une déflation salariale, et la Grèce ne pouvant dévaluer, elle n’aura donc d’autre choix que de sortir de la zone euro, avertit Krugman, qui espère que la BCE et les responsables grecs aient déjà commencé à travailler en secret sur ce scénario.

Par Paul Krugman, 5 mai 2010

De nombreux commentateurs estiment désormais que la crise Grecque se terminera par une restructuration de la dette - euphémisme pour une répudiation partielle. Je suis d’accord. Mais leur raisonnement semble s’arrêter là, ce qui est une erreur. En effet, le consensus selon lequel la Grèce finira par faire défaut est probablement trop optimiste. Je suis de plus en plus convaincu que la Grèce finira par quitter également la zone euro.

J’ai déjà exposé cet argument : même en ayant restructuré sa dette, la Grèce restera aux prises à de grandes difficultés, contrainte à une cure d’austérité sévère - provoquant une grave crise économique - et ceci uniquement pour résorber le déficit budgétaire primaire, non compte tenu du paiement des intérêts.

La seule façon de minimiser cette austérité serait de contribuer à l’expansion de l’activité économique, ou tout au moins à limiter sa contraction. Cela permettrait de réduire les difficultés économiques, mais aussi d’accroître les recettes, de réduire l’ampleur de l’austérité budgétaire requise.

Mais la seule solution pour accroître l’activité économique consiste en une augmentation des exportations - qui ne peut être obtenue que si les coûts et les prix de production grecs baissent fortement par rapport au reste de l’Europe.

Si la Grèce était une société à forte cohésion, fixant le niveau des salaires par la négociation collective, une sorte d’Autruche en mer Égée, il serait envisageable d’y parvenir via une réduction générale des salaires, négociée par des conventions collectives - l’équivalent d’une dévaluation « interne ». Mais, comme l’indiquent les événements dramatiques d’aujourd’hui, cela ne sera pas le cas.

L’alternative est donc une dévaluation - ce qui implique de quitter la zone euro.

Toute annonce d’une intention de quitter l’euro, comme l’a souligné Eichengreen, déclencherait une désastreuse panique bancaire. De même, toute suggestion au sujet de cette option avancée par des acteurs extérieurs, comme la BCE, aboutirait à provoquer une attaque spéculative sur les banques grecques, et ne peut donc être envisagée. La discussion de cette question est de fait impossible.

Mais cela ne signifie pas qu’elle ne puisse pas se produire. La Grèce commence déjà à ressembler à l’Argentine de 2001.

Répétons-le : il ne s’agit pas d’une alternative à la restructuration de la dette, mais de ce qui pourrait s’avérer nécessaire en plus de la restructuration de la dette pour permettre le redressement budgétaire.

J’espère que quelque part au coeur de la BCE et du ministère grec des Finances, des gens pensent à l’impensable. Parce que cette perspective terrible commence à sembler préférable aux autres

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3050

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