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10/08/2009

Quelle issue pour le conflit Molex ?

Après la démission des deux dirigeants de Molex France, l'usine de Villemur-sur-Tarn est désormais pilotée depuis les Etats-Unis. Pour pouvoir conserver leur activité, les salariés de l'équipementier automobile ne voient qu'une solution : que les pouvoirs publics, Renault et PSA, les deux principaux clients de Molex, fassent pression sur la direction du site.

Le conflit entre l'équipementier automobile américain Molex et les 280 salariés du site de Villemur-sur-tarn n'en finit pas de se durcir. Après la bousculade d'un dirigeant par les salariés grévistes, l'usine, promise à une fermeture totale d'ici octobre, est provisoirement fermée depuis mercredi 5 août. Nouveau rebondissement : les deux cogérants du site ont démissionné jeudi, laissant l'usine française être directement managée depuis les Etats-Unis... Difficile dans ce cas de débloquer la situation et de renouer le dialogue avec les salariés en grève depuis le 7 juillet.

Selon l'avocat du Comité d'entreprise (CE) de Molex, Jean-Marc Denjean, le principal frein à la résolution du conflit est la réticence de l'entreprise à se soumettre à une analyse financière : "toutes les procédures ont été suspendues par le Tribunal de grande instance de Toulouse (TGI) parce que le cabinet d'expertise n'avait pas eu accès à toutes les pièces du dossier financier de Molex. Le CE ne pouvait donc pas objectivement emettre un avis sur un éventuel plan social". Car, à l'heure actuelle, aucun licenciement n'a été prononcé et aucun plan social programmé. La législation française oblige en effet l'employeur à soumettre les comptes de l'entreprise à une expertise comptable. Le comité d'entreprise, qui représente les salariés, a ensuite 28 jours pour émettre un avis sur le rapport de l'expert. Ce n'est qu'à cette échéance que le plan social peut être déclenché par les dirigeants.
Une entreprise bénéficiaire

Le cabinet chargé de cette expertise, c'est Syndex, en Midi-Pyrénées. Et l'expert en charge du dossier est clair sur la situation financière du groupe : « A Villemur, l'entreprise a été bénéficiaire sur l'ensemble des douze mois, en 2007 et 2008. Une situation qui fait de Villemur une des usines de connectique automobile les plus performantes du groupe Molex dans le monde ».

D'après l'expert, Molex aurait également pu assainir sa situation en revendant certaines de ses activités en Europe. Il aurait aussi pu économiser en proposant des plans de départs volontaires aux salariés de plus de 56 ans et en négociant une baisse du loyer de ses locaux avec les collectivités locales.

Et alors que Molex se justifie en rappelant que la crise est passée par-là et que Villemur n'est plus assez rentable, Syndex met sur la table la carte Renault-PSA. Car selon le cabinet d'expertise, « le site resterait viable si PSA, premier client de Molex en Europe pour la partie automobile, et dans une moindre mesure Renault, imposaient à Molex que la moitié de leurs commandes en Europe soient exécutées par l'unité de production de Villemur ».
Alerter les pouvoirs publics

Encore faut-il que les constructeurs automobiles français acceptent de "mettre la pression" sur un de leurs principaux fournisseurs. Pour Jean-Marc Denjean, c'est là que les pouvoirs publics doivent intervenir : « Les salariés n'ont qu'un seul espoir pour que la situation se débloque : l'intervention du gouvernement et de Nicolas Sarkozy en personne. Lui seul peut interpeller les dirigeants américains de Molex » ou directement ceux de PSA et de Renault, pour l'expert de Syndex : « C'est aux politiques d'intervenir et de demander aux constructeurs européens de faire pression sur Molex pour qu'il conserve une partie de sa production pour l'automobile en Europe, puisqu'il ne faut pas oublier que Molex, outre Villemur, ferme ses usines de connectique en Allemagne et Slovaquie. Seul l'argument économique peut marcher dans cette affaire ».

Difficile donc dans ce bourbier juridique et politique de savoir si l'usine de Villemur a des chances de survivre ou de trouver un repreneur. Molex a annoncé vouloir sa fermeture d'ici fin octobre.

Les salariés, eux, se battent pour le maintien de l'emploi. Quant à l'avocat du comité d'entreprise, s'il estime que le délai d'octobre pourrait en effet être plausible, il compte bien contrôler chaque procédure entamée par Molex, dont celle de l'expertise des comptes. De quoi essayer de reculer l'échéance au maximum et peut-être sauver ce bassin d'emplois, en place depuis 1941.
L'Expansion - 07.08.09

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