Les nouveaux chiffres publiés par Eurostat vendredi 30 janvier confirment les prévisions : le taux de chômage dans la zone euro s’est établi à 8 % en moyenne en décembre 2008, contre 7,9 % un mois plus tôt et 7,2 % il y a un an. En France, la dégradation de l'emploi s'accélère et touche tous les secteurs. Les politiques d'urgence mises en place ne sont pas à la hauteur.
Dès la fin de l'année passée, la France a connu une hausse du chômage d'une rapidité sans précédent. Et cela bien que la population d'âge actif ait diminué pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, sous l'effet du départ à la retraite des générations nombreuses du baby-boom. Le mouvement devrait s'aggraver en ce premier semestre 2009, avec 150 000 chômeurs supplémentaires selon l'Insee, alors que la population âgée de 15 à 59 ans va diminuer à nouveau de 61 000 personnes.
La remontée du chômage s'est essentiellement traduite, jusqu'à présent, par une violente contraction des emplois en contrat à durée déterminée (CDD) et des missions d'intérim. Avec, pour conséquence, une hausse spectaculaire du chômage des jeunes, principaux concernés par ces emplois précaires. Mais après avoir réduit la voilure de ce côté et, dans l'industrie, usé massivement des possibilités de chômage technique à l'occasion des fêtes de fin d'année, il y a tout lieu de craindre que les entreprises commencent à « taper dans le dur », en supprimant des emplois en contrat à durée indéterminée (CDI). D'autant que les défaillances de sociétés sont elles aussi en hausse rapide.
L'industrie, et au premier chef l'industrie automobile, devrait rester en première ligne avec 81 000 emplois perdus au premier semestre 2009, soit deux fois plus qu'au deuxième semestre 2008. Mais ce qui fait surtout la gravité de la situation, c'est le retournement qui s'amorce dans le bâtiment, qui résistait encore bien jusqu'à la fin 2008, et la situation dans les services. Même si on met de côté l'intérim, les services ont en effet commencé à perdre des emplois fin 2008: ils devraient en perdre davantage encore cette année (85 000 au premier semestre, selon l'Insee). Une situation sans guère de précédents, en tout cas par son ampleur.
D'un point de vue géographique, l'évolution de l'emploi et celle du chômage ne sont pas strictement identiques (ce qui n'est pas nouveau). Le nord, l'est et le centre de la France sont les régions qui perdent le plus d'emplois (mais pas la région parisienne). En revanche, c'est plutôt dans l'ouest et sur les bords de la Méditerranée que le chômage s'accroît le plus vite.
Face à cette forte dégradation du marché du travail, les politiques d'urgence mises en oeuvre par le gouvernement sont très insuffisantes. Qu'il s'agisse du soutien au pouvoir d'achat des chômeurs – dont seule une minorité est indemnisée par l'assurance chômage – ou des mesures prises pour ouvrir les vannes des emplois aidés et des emplois publics. Il ne s'agit pourtant pas seulement d'accepter de «·faire du social », c'est aussi un impératif économique: si on laisse filer le chômage, si on n'améliore pas la prise en charge des sans-emploi, la récession risque de se transformer en dépression.
Alternatives Economiques - n°277 - Février 2009
À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.
30/01/2009
Subscrever:
Enviar feedback (Atom)
Sem comentários:
Enviar um comentário