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20/01/2009

L'espoir Obama, très largement diffusé sur la mediasphère, ne cachera pas longtemps l'échec patent des plans de relance contre la crise.

François Leclerc

L'espoir Obama, très largement diffusé sur la mediasphère, ne cachera pas longtemps l'échec patent des plans de relance contre la crise. François Leclerc les passe en revue aux États-Unis et en Europe sur l'excellent blog de Paul Jorion. Partout banquiers et gouvernements entrent dans une négociation souvent conflictuelle. Mais pendant ce temps, les managers de hedge fund promettent de bonnes affaires à leurs clients...


(photo : genetew - Flickr - cc)
(photo : genetew - Flickr - cc)
Chaque jour apporte son cortège d’annonces et de plans en tout genre d’un gouvernement occidental ou bien d’un autre. Aujourd’hui, c’est la Grande-Bretagne qui est à l’honneur, avec un nouvel ensemble de mesures, aussi musclées et déterminées que les précédentes de novembre. Les cérémonies d’investiture de Barack Obama ont rejeté au second plan, aux USA, le débat sur l’affectation de l’enveloppe du second volet du TARP, dont les crédits sont décidément très sollicités de tous côtés et pour de multiples usages. En attendant que montent en force les interrogations sur la solidité de la zone Euro, que la dégradation aujourd’hui de la note de l’Espagne vient de renforcer. Bien que des analystes, j’y reviendrai certainement, commencent à expliquer qu’aucun pays ne prendra le risque de la quitter et que ses principaux acteurs auront à cœur d’éviter à tout prix son éclatement.

Vers la création de « bad bank » ?

Ce plan, dont Paul Jorion décrit les dispositions dans son dernier billet, par son ampleur comme par ses modalités, exprime l’intensité de la crise en Grande-Bretagne et, comme il l’avait annoncé et le souligne maintenant, le retour en force de l’Etat. Celui-ci utilise simultanément tous les leviers disponibles, succédant aux mesures de soutien aux PME de la semaine précédente, afin de mettre toutes les chances de son côté. Il laisse entrevoir, en filigrane, d’autres mesures encore, dont on va désormais attendre l’annonce. Notamment la création d’une « bad bank », ainsi que l’éventualité de s’engager dans une politique d’émission monétaire massive, car il est de plus en plus clairement admis que c’est la seule solution pour, en définitive, financer l’accroissement de la dette publique. Et puis, surtout, pour effacer ensuite et autant que possible cette dette, grâce à l’inflation. Signe qui ne trompe pas, les rappels de l’expression imagée de Keynes évoquant « l’euthanasie des rentiers » se multiplient. Drastique et politiquement douloureuse, avant de l’être socialement, cette perspective commence à filtrer, à être considérée comme inévitable et les experts des banques centrales doivent très certainement plancher dessus.

L'échec de Gordon Brown
Le dernier article de Willem Buiter, dans le Financial Times du 16 janvier, toujours provocateur mais également incisif, n’y va pas par quatre chemins. Critiquant les demi-mesures du gouvernement britannique, les nationalisations partielles des banques, il explique pourquoi elles n’apportent pas les effets escomptés. Pour préconiser une nationalisation intégrale de celles-ci, le temps de régler la crise et afin de couper court à leurs jeux et tergiversations. Pour ensuite créer dans les meilleures conditions une « bad bank », éclaircissant enfin une fois pour toute le paysage. Sans se faire d’illusion sur la possibilité que les actifs qui y seront parqués puissent un jour retrouver une quelconque valeur. Les banques actuelles sont des « zombies » dit-il, qui restent debout parce qu’elles sont soutenues par le gouvernement.
Ce n’est pas exactement ce que se préparent à faire les Allemands, mais cela lui ressemble un peu. En effet, le gouvernement y envisage d’accorder de nouvelles garanties de crédit de plusieurs milliards d’euros aux entreprises, selon l’édition à paraître demain mardi du quotidien économique Handelsblatt. Citant des sources gouvernementales, le journal ajoute que la banque publique KfW, bras financier de l’Allemagne, pourrait également racheter des actifs « toxiques » afin de soulager le marché du crédit.

L'improvisation domine partout, y compris en France
Dans tous les pays occidentaux, l’Etat joue désormais non seulement les banquiers, mais également, en Grande-Bretagne, les assureurs d’un type un peu particulier, assurant les actifs bancaires. Il est omniprésent et bouche comme il le peut tous les trous. Si l’on en croit la presse, en France, il se prépare à devenir constructeur automobile, à éventuellement entrer au capital de PSA, qui s’y refuse comme une vierge effarouchée. On y a également appris, au détour d’une conférence de presse de Michel Camdessus, président de la Société de financement de l’économie française (SFEF), qui prévoit de ne prêter en 2009 que « entre 50 et 70 milliards d’euros » aux établissements de crédit en 2009, beaucoup moins que le plafond de 265 milliards d’euros a-t-il annoncé avec satisfaction, que la SFEF avait déjà émis pour 2 milliards d’obligations dans le cadre d’un “placement privé” auprès d’un bénéficiaire, dont elle n’a pas souhaité divulguer l’identité. Ce pays, décidément, ne connaît pas de déficit en matière de grosses cachotteries.

Le plus frappant, dans le flot mondial des nouvelles sur la crise financière, c’est le sentiment de forte improvisation qui en ressort. Tout est successivement essayé, sans succès jusqu’à maintenant, la crise au contraire s’approfondissant. Si tout le monde est d’accord sur l’idée que les grands moyens doivent être employés, ce ne sont pas les mêmes qui sont préconisé ici ou là. Ces tâtonnements incessants, ces valses hésitations, résultent non seulement de la nouveauté de la crise, et donc des remèdes à y apporter, mais également des affrontements qui opposent en coulisse les intérêts nationaux et les lobbies financiers et dont on n’entend que des échos assourdis.

Lire la suite de l'article de François Leclerc sur le blog de Paul Jorion

Mardi 20 Janvier 2009 - 09:03
François Leclerc
in Marianne2

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