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10/01/2009

Internationalistes et patriotes mais pas sionistes

Le parti israélien Hadash (Front démocratique pour la paix et l’unité)est le successeur direct du Maki, parti communiste israélien qui existait en 1948 et qui s’est toujours défini comme «mixte» (juifs et arabes israéliens). Il s’est d’emblée situé en opposition à l’agression israélienne contre Gaza et il est le seul à l’exception des partis arabes. Voici une interview du député du Hadash Dov Hanin réalisée par le journal en ligne Mediapart . Dov Hanin a récemment mené une campagne très suivie pour la mairie de Tel-Aviv et réussi à inquiéter le maire sioniste de gauche en place depuis des années.

Qu’est-ce que ça veut dire être à gauche en Israël aujourd’hui ?

Les questions sociales et économiques sont fondamentales au bon fonctionnement d’un pays... Tout est lié, tout doit être lié. Et ici la question sécuritaire est tout aussi importante. A Hadash, nous pensons que les deux questions vont de pair et doivent être traitées ensemble depuis une perspective socialiste. Hadash a la particularité d’analyser la situation d’Israël depuis un combat conjoint aux Arabes et aux Juifs, dans un pays où la séparation est une donnée essentielle. Nous sommes internationalistes, mais nous ne voyons pas cela en opposition à une certaine forme de patriotisme... qui n’est pas l’idéologie sioniste, puisque le sionisme c’est « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », ce qui revient à nier l’existence d’un peuple palestinien. Nous sommes patriotes en ce que nous nous préoccupons de l’avenir des habitants de ce pays, l’avenir économique, écologique, social et politique. Et à mon avis nous sommes les seuls qui nous en soucions vraiment !

Votre parti a pris position contre les bombardements de l’armée israélienne à Gaza...

Oui. Dès leur début. Nous sommes le seul parti à l’avoir fait, hormis les partis exclusivement arabes. En des temps aussi obscurs, il faut du courage politique pour se démarquer du consensus qui dit que la seule solution à la situation intenable dans le sud du pays est la guerre. Le problème est que ce consensus est alimenté par les médias... Moi, les radios et les télévisions me demandent de parler, parce que je suis une exception : le seul parlementaire juif qui se prononce contre la guerre. Mais les médias ne rendent pas compte de l’ampleur du mouvement contre la guerre. Ils n’ont montré de la manifestation de samedi à Tel-Aviv que quelques Arabes-Israéliens brandissant le drapeau palestinien alors que notre manifestation n’avait rien à envier à celles qui ont eu lieu de par le monde. Les gens ici ont du mal à voir qu’il y a un nombre croissant de contestataires israéliens qui rejoignent les protestations qui viennent du dehors d’Israël.

Lors de la manifestation contre la guerre à Sakhnine, samedi dernier, il y avait une grande concentration d’hommes et de femmes religieux. Que pensez-vous de l’islamisation de la société arabe-israélienne ?

Nous sommes inquiets de la montée des extrêmes religieux, que ce soit dans le monde juif ou musulman. Nous considérons les extrêmes, et les extrémismes religieux comme faisant partie du problème et non de la solution. D’ailleurs, la problématique s’étend à la « guerre contre le terrorisme » de par le monde ; c’est la dialectique utilisée par les Etats-Unis pour justifier leurs guerres, c’est ce qu’utilisent les fondamentalistes musulmans dans leurs attaques contre l’Occident. Notre but est de réinventer la politique israélienne, qu’il y ait une alternative puissante avec des buts clairs. Une alternative tolérante et multiple, à la fois écologiste et sociale, verte et rouge, juive et arabe.

Publié le 6 janvier dans Mediapart

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