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07/01/2009

La chaussure, nouvelle arme d'indignation massive

Sylvain Lapoix - Marianne2

De la Bosnie à l'Ukraine en passant par Falloujah, la chaussure jetée à la figure de George W. Bush a fait des émules, élevant cet objet au rang de symbole international de l'indignation.
Pour laver un affront à la Cour, il fallait jeter son gant et accepter le duel. Aujourd'hui, il faut se déchausser pour s'indigner. Depuis que le journaliste irakien Mountazer al-Zaïdi a jeté au visage du président Bush sa paire de chaussures, le 16 décembre 2008, ce geste semble s'imposer comme un nouveau mode de revendication. Le lendemain de cet acte fondateur, plusieurs centaines d'étudiants réunis à Falloujah ont accueilli avec les mêmes projectiles 6 marines venus rencontrer le doyen de l'université, déclarant soutenir le reporter menacé d'une peine de prison d'au moins deux ans pour son offense.

Un symbole fort, médiatique et facile à reproduire
Interdites dans les mosquées, les chaussures sont pour les musulmans associées à la saleté, comme les chiens (Mountazer al-Zaïdi avait d'ailleurs joint la parole au geste et traité Bush de « chien »). Un geste symbolique popularisé par les images choc qui se sont répandues sur Internet et dans les médias rappelant, comme le note un spécialiste des cultures arabes interrogés par le quotidien La tribune de Genève, les statues et les affiches de Saddam Hussein qui furent elles aussi les cibles de nombreux jets de chaussures lors de la chute de la dictature irakienne.

Le projectile d'indignation massive a très logiquement été repris par d'autres militants des pays arabes, notamment en Palestine où un jet de chaussures a été organisé le 19 décembre contre le mur d'annexion construit par Israël dans les territoires occupés.

De l'Ukraine à la Bosnie

Mais c'est pour l'instant en Europe que ce procédé a eu le plus de succès. Le 20 décembre, un jeune journaliste répétait le geste contre le leader du conseil Otan-Ukraine venu donner une conférence dans une université. Une façon, a-t-il expliqué, de « lutter contre l'expansion de l'Otan en Ukraine. » Le 3 janvier, c'est sur les grilles du 10 Downing Street, à Londres, résidence du Premier ministre anglais, que s'est abattue une pluie de plusieurs centaines de chaussures jetées par des manifestants, révoltés par la passivité britannique face aux raids israéliens sur Gaza.

Le même jour, à Sarajevo, des manifestants bosniaques ont jeté leurs savates « en signe de mise en garde » contre des effigies de dirigeants croates, musulmans, serbes de Bosnie et slovaques. A l'instar de la pierre jetée pendant les Intifadas palestiniennes, la chaussure est en passe d'entrer au Panthéon des « armes des pauvres » non mortelles sauf médiatiquement.

Car face aux caméras, même le président des Etats-Unis est dépourvu quand l'indigné se déchausse. A moins que les services de sécurité ne mettent en place de nouvelles consignes « sans chaussure » à l'entrée des conférences, les décideurs se trouvent désormais à la portée du premier coup de pompe venu.
Mardi 06 Janvier 2009 - 09:03

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