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30/07/2008

Figures de l’individualité, de Marx aux sociologies contemporaines - Philippe Corcuff

L’opposition de l’individuel et du collectif est souvent apparue comme un axe structurant pour la sociologie. Un des « pères fondateurs » de la sociologie universitaire française, Émile Durkheim, a ainsi fortement contribué à établir une séparation disciplinaire nette entre l’individuel et le collectif, le premier revenant à la psychologie et le second à la sociologie. La sociologie a-t-elle alors quelque chose à dire sur l’individualité, en tant que singularité, c’est-à-dire unicité irréductible ? La sociologie est-elle susceptible d’éclairer de manière spécifique la singularité ou peut-elle simplement désenchanter nos prétentions à une telle irréductibilité? Doit-on évacuer un tel problème de l'espace de nos questionnements sociologiques, en le laissant à la philosophie, à la psychologie ou à l'art, ou même combattre la possibilité de l'existence d'un tel niveau de la réalité, parce qu'illusoire? On est ici au cœur d’un paradoxe relevé par Danilo Martucelli : « l’individu a été un problème à la fois étrangement central et marginal dans la sociologie » (2002, p. 11). Il aurait ainsi, selon lui, des « racines anciennes » en sociologie et pourtant nombre de sociologues auraient « longtemps répugné » à s’y intéresser. On va voir que des approches contemporaines ont déplacé les frontières énoncées par Durkheim, en amorçant plus directement des lectures sociologiques de la singularité individuelle. Et que ces lectures sociologiques de la singularité individuelle peuvent trouver des antécédents dans la tradition sociologique : chez Marx, par exemple.

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