À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.

19/09/2008

Autobiographie, confessions impersonnelles, auto-analyse

Eveline Pinto

"Parlant de lui-même, Pierre Bourdieu emploie l’expression paradoxale de «confessions impersonnelles» et pose en incipit à l’Esquisse pour une auto-analyse (2004) « Ceci n’est pas une auto- biographie », suivie de la déclaration insistante : «je n’ai pas l’intention de sacrifier au genre, dont j’ai assez dit combien il était convenu et illusoire, de l’ auto- biographie» L’auto-analyse n’est pas l’autobiographie, car son ambition n’est pas de littérature, laquelle, comme dit Thomas Pavel, voue un culte à la forme et à la subjectivité. Le terme d’auto-analyse est emprunté à Freud qui distingue ce qu’il a écrit, une «présentation de lui-même», de l’autobiographie qu’il n’a jamais voulu écrire et de l’ auto-analyse dont il a quelquefois esquissé le projet en se servant écrit-il des connaissances objectivement acquises1. De même Bourdieu se sert du capital scientifique accumulé dans le but déclaré de vérifier sur son propre cas la validité des méthodes expérimentées dans l’étude des oeuvres des autres, artiste, philosophe ou écrivain. De là son refus de considérer la sociologie comme «une branche de la littérature et plus précisément, comme une sorte d’autobiographie exprimée dans le style de la théorie»2.

1 Lettre à Fliess du 14-11-97. Freud relie ce projet à l’étude du rêve et de la sexualité infantile. Il s’en est tenu à l’analyse de quelques rêves et à écrit (1925) Selbstdarstellung qui décrit un itinéraire de savant
2 Jacques Bouveresse, Bourdieu, savant et politique, Agone, 2003, p 19

Sem comentários:

Related Posts with Thumbnails