Comme il était prévisible, le système connait une rechute spéculative sans risque pour les banques qui empruntent à 1% pour prêter à des taux exorbitants aux états surrendettés. Malheureusement, comme l'explique Laurent Pinsolle, Obama semble renoncer à des mesures susceptible de relancer l'économie productive.
Hier, Barack Obama s’est exprimé sur la réforme de la finance. Wall Street a été rassurée par ses propos. En clair, rien ne sera fait pour réformer le système qui a mené le monde au bord du gouffre en 2008…
Rien ne change
Fin janvier, le président des Etats-Unis avait annoncé des mesures pour limiter la spéculation des banques avec leurs fonds propres ainsi que leur taille pour éviter qu’elles ne soient « trop grosses pour faire faillite ». Ces propos avaient même provoqué une correction sévère des bourses qui pouvait faire espérer que de véritables réformes allaient être mises en place, même à Washington.
Las, le discours de jeudi indique sans doute que nous en resterons à une « réformette de la finance », comme on pouvait le pressentir depuis quelques mois. Il faut dire que l’équipe qui entoure le président des Etats-Unis est plutôt conservatrice. Un membre avait confié à The Economist qu’heureusement, aucun « gauchiste » du genre Stiglitz, Reich ou Krugman n’avait été choisi. Le rebond de Wall Street hier indique bien que les banques pourront continuer leurs affaires tranquillement.
L’anarchie financière, responsable de la crise
Bien sûr, la déréglementation de la finance n’est pas la seule responsable de la crise de l’automne 2008 mais elle y a plus que sa part de responsabilité. Et parce qu’ils ont justement renoncé à encadrer l’activité financière, les hommes politiques (de droite comme de gauche) sont les premiers coupables. Ce sont eux qui ont progressivement renoncé à encadrer l’activité des marchés, laissant par exemple les banquiers mettre au point les normes Bâle 2 qui ont amplifié la crise.
Cette anarchie financière est bien responsable de la crise pour plusieurs raisons. La première de ces raisons est, comme pour la Grande Dépression de 1929, l’utilisation de l’effet de levier pour maximiser les gains. Grosso modo, les institutions financières ont cherché à parier toujours plus d’argent pour un même capital donné de manière à augmenter les rendements. Pour cela, elles ont utilisé toutes les subtilités des réglementations qu’elles avaient établies pour faire du hors-bilan ou titriser.
Cette augmentation de l’effet de levier démultiplie les gains quand les marchés montent, mais le monde de la finance a oublié qu’il démultiplie les pertes quand les marchés baissent. Les assurances prises contre le risque n’ont fait que rendre le risque insaisable au lieu de le faire disparaître. L’innovation financière a augmenté les rendements, mais aussi augmenté l’instabilité du système tout en le rendant plus opaque, défaut extrêmement dangereux en cas de perte de confiance généralisée.
L’action des Etats a permis d’éviter le pire, pour le moment
Quand toutes les bulles d’actif ont fini par s’effondrer, l’ensemble du système financier a menacé s’écrouler et emporter l’économie mondiale avec lui. Les Etats sont alors intervenus pour éviter une redite de la Grande Dépression. Ils ont sauvé les banques à coup de milliards et de garanties et ont injecté des sommes inédites pour relancer une économie réelle entraînée dans la chute de la finance.Heureusement, les dirigeants de la planète ont tiré les leçons de la crise de 1929 pour éviter que le chaos économique ne succède au chaos financier. Et cette crise a aussi eu le bénéfice de nous montrer les travers du système économique actuel, fruit de quarante années de déréglementation, démarrée en 1971 avec la décision des Etats-Unis de suspendre la convertibilité du dollar.
Le capitalisme actionnarial et financier, sangsue de l’économie réelle
Le système économique actuel est injuste car il ne profite qu’à une infime minorité dans les pays développés, comme l’illustre bien la hausse de la part des dividendes dans le PIB (de 3 à 7% en 20 ans ) ou les bonus de plus en plus indécents des banquiers. Ce capitalisme actionnarial pressure toujours davantage l’économie réelle, demandant des rendements indécents. Aujourd’hui, la bourse ne finance plus les grands groupes mais en extrait de l’argent, sous forme de dividendes et de rachats d’action.
Et les mêmes banques qui ont été sauvées par les Etats il y a 18 mois s’enrichissent en empruntant à 1% à la BCE pour prêter cet argent plus cher aux Etats. Ces mêmes banques augmentent tous les ans les frais bancaires pour extraire toujours plus de valeur de leurs chers clients, sans jamais se battre sur les prix pour bien préserver leurs marges. Bref, le monde financier est devenu une sangsue toujours plus vorace qui vit sur le dos de l’économie productive.
Alors que les hommes politiques en place, Barack Obama en tête, sont incapables de tirer les leçons de cette crise, je proposerai demain une liste de mesures concrètes pour remettre la finance au service de l’économie productive avant d’étudier ensuite les modalités de leur mise en place.
http://www.marianne2.fr/Banques-Obama-faiblit,-Wall-Street-exulte_a192225.html
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