À procura de textos e pretextos, e dos seus contextos.
27/12/2008
A estigmatização territorial na idade da marginalidade avançada
A estigmatização territorial na idade da marginalidade avançada, - ” Sociologia. Problemas e práticas (Lisboa), 16, Fall 2006
Castigar a los parias urbanos
Castigar a los parias urbanos - Antípoda. Revista de Antropología y Arqueología (Caracás), 2, 2006
Regards Sociologiques
Olivier Voirol “Entre technique et critique. Les sciences humaines dans les sociétés modernes contemporaines”
Julien Duval “Le sens du marché. A propos de l’émission ‘Capital’ (M6)”
Remy Caveng “‘On est devenues des femmes politiques’”
Géraud Lafarge “La double construction de la sociologie de l’exclusion”
Stavros Kannas “La dimension sociale de la toxicomanie : l’exemple de la Grèce”
Louis Pinto “Assurance et conviction. Réflexions sociologiques sur la subjectivité”
Philippe Hamman “Mémoire(s) du travail et travail de la mémoire. Place et absence du discours militant dans les récits de vie des ‘anciens’ d’une entreprise paternaliste”
Christian de Montlibert “Transformations politiques du système scolaire et stratégies d’appropriation des biens scolaires”
(Patience… Les fichiers pdf des numéros 1 à 25/26 sont (provisoirement) très volumineux.)
26/12/2008
Entretien avec Éric Fassin, par Les Indivisibles
25/12/2008
22/12/2008
21/12/2008
Les Mauvais Jours Finiront - 40 ans de justice en France aux côtés du Syndicat de la Magistrature
"Au moment où déferle sur notre pays une vague liberticide sans précédent, où les orientations populistes sécuritaires ne cessent de se durcir, où le droit des affaires se voit dépénalisé, où l'idée d'une justice à deux vitesses en faveur des puissants semble entendue, alors même que nous sommes pris en otage par une crise financière d'une rare violence et que le dialogue social semble inexistant, Thomas Lacoste choisit de se saisir du quarantième anniversaire du Syndicat de la magistrature pour revenir sur l'enjeu majeur que représente la justice et sur le lien étroit qui lie l'histoire politique, sociale et judiciaire française. Ce film-frontières entre entretiens réflexifs, fictions, littératures, oeuvres picturales et créations sonores s'articule autour de onze chapitres (1968 une société en débat, 1970 les prisons de la misère, 1975 repenser le droit du travail, 1981 abolition de la peine de mort, 1990 lutter contre la délinquance politico-financière, 2001 un tournant sécuritaire, 2003 l'immigration choisie, 2008 bilan et perspectives, etc.)."
in La Bande Passante
«Plus la situation s’aggrave, plus la production de raison diminue»
DISCOURS SUR LA CAPACITE DE RESISTANCE DE LA RAISON
"Elle doit pouvoir courir vite et loin, et revenir au premier coup de sifflet. Elle doit savoir se siffler elle-même, sévir contre elle-même, se détruire elle-même"
Bertolt BRECHT - Essais sur le fascisme, novembre 1937
"D’après la gauche, il est possible de conserver le monde bourgeois sans le fascisme, donc sans sacrifier la culture bourgeoise, par le biais de réformes. En réalité, il n’est possible de sauver le monde bourgeois qu’en sacrifiant la culture bourgeoise."
En regard des mesures excessivement rigoureuses actuellement appliquées contre la raison humaine dans les Etats fascistes, mesures non moins méthodiques que violentes, il est permis de se demander si cette raison pourra résister au puissant assaut qu’elle subit. Les affirmations optimistes de caractère général, « La raison finit toujours par triompher », ou « L’esprit ne s’épanouit jamais aussi librement que lorsqu’on lui fait violence », ne mènent évidemment nulle part. De telles assurances sont elles-mêmes peu raisonnables.
En effet, la faculté de penser, chez l’homme, peut être extraordinairement endommagée. Cela vaut pour la raison des individus comme pour celle de classes et de peuples entiers. L’histoire de cette faculté de penser révèle de longues périodes de stérilité partielle ou totale, d’épouvantables exemples de régression ou de dépérissement. Le crétinisme, avec des moyens adaptés, peut être organisé sur une grande échelle. L’homme est capable à la rigueur d’apprendre que deux et deux font cinq, et non plus quatre. Le philosophe anglais Hobbes écrivait déjà au XVIIe siècle : « Si le théorème comme quoi la somme des angles d’un triangle est égale à deux droits s’avérait nuisible aux intérêts des hommes d’affaires, ceux-ci feraient immédiatement brûler tous les manuels de géométrie (1) »
Il faut admettre que chaque peuple ne produit jamais une quantité de raison supérieure à ce qu’il peut utiliser (le cas échéant, le surplus ne serait pas reçu), mais qu’il en produit souvent moins. Si donc nous ne pouvons attribuer à la raison un emploi bien déterminé, une tâche bien précise, momentanément nécessaire au maintien de l’état de choses existant, nous ne saurions garantir qu’elle traverse sans dommage cette époque de persécution accentuée.
Quand je dis que la raison ne peut espérer s’en tirer que si elle est nécessaire au maintien de l’état de choses existant, je pèse soigneusement mes mots. J’ai de bons motifs pour ne pas dire qu’elle doit être nécessaire à la transformation de l’état de choses existant. A mon avis, le besoin de raison pour améliorer une situation fort mauvaise n’autorise pas pour autant à espérer la mise en ouvre de cette raison. Les mauvaises situations peuvent se prolonger incroyablement. Il vaut mieux dire : « Plus la situation s’aggrave, plus la production de raison diminue », qu’inversement : « Plus la situation s’aggrave, plus la raison produite augmente. »
Je crois, néanmoins, je le répète, que les peuples en produisent autant qu’il en faut pour maintenir l’état de choses existant. Reste à évaluer la quantité requise. Car, encore une fois, si l’on cherche quelle production de raison escompter dans les temps immédiatement à venir, il faut se demander quelle est la dose nécessaire au maintien de l’état de choses existant.
Il est indéniable que la situation des pays fascistes est fort mauvaise. Le niveau de vie baisse, et ils ont tous besoin, sans exception, de la guerre pour se perpétuer. Mais il serait erroné d’en conclure qu’une faible quantité de raison suffit au maintien d’une si mauvaise situation. Au contraire, la somme de raison qu’il faut ici employer et constamment produire, sans jamais trop longtemps la limiter, n’est pas mince, bien qu’elle soit d’une nature à part.
Il s’agit pour ainsi dire d’une raison estropiée. Elle doit être réglable, prête à augmenter ou à diminuer plus ou moins automatiquement. Elle doit pouvoir courir vite et loin, et revenir au premier coup de sifflet. Elle doit savoir se siffler elle-même, sévir contre elle-même, se détruire elle-même.
Analysons la nature de la raison ici requise. Le physicien doit être en mesure de construire pour la guerre des instruments d’optique permettant des observations à grande distance, mais il doit également être capable de ne pas voir des phénomènes fort dangereux pour lui, qui se passent sous ses yeux, disons dans son université. Il est chargé de construire des dispositifs de défense contre les agressions étrangères, mais il lui est interdit de réfléchir aux agressions dont le menacent ses propres autorités. Le médecin dans sa clinique cherche un remède au cancer qui guette son patient, mais il n’a pas le droit de chercher de remède contre les gaz et les bombes qui le guettent lui-même dans sa clinique. Car le seul remède contre les gaz consisterait à remédier à la guerre. Les travailleurs de l’intellect doivent sans cesse perfectionner leurs facultés logiques pour administrer leurs domaines spécialisés, mais ils doivent également savoir ne pas appliquer ces facultés logiques aux domaines généraux. Ils ont à faire en sorte, de par leur métier, que la guerre soit terrible, tout en laissant à des individus d’une intelligence manifestement limitée le choix même de la guerre ou de la paix. Dans ces domaines généraux, ils voient mettre en ouvre des méthodes et des théories qui, transposées dans leur discipline, physique ou médecine, paraîtraient moyenâgeuses.
La quantité de raison dont les classes dirigeantes ont besoin pour exécuter les affaires courantes ne dépend pas de leur libre décision ; de toute façon, elle est considérable dans un Etat moderne, et le devient encore plus dès qu’il s’agit de poursuivre les mêmes affaires par un autre moyen, la guerre. La guerre moderne consomme une énorme quantité de raison.
N’allons pas croire que l’école moderne a été instituée parce que les classes dirigeantes de l’époque, obéissant à des motifs idéalistes, voulaient servir la raison ; il fallait élever le niveau d’intelligence de larges couches de la population pour servir l’industrie moderne. Si maintenant on rabaissait excessivement le niveau d’intelligence des travailleurs, l’industrie serait condamnée. Il n’est donc pas question de l’abaisser considérablement, aussi souhaitable que cela puisse paraître aux classes dirigeantes, pour des raisons bien déterminées. On ne peut faire aucune guerre avec des analphabètes.
Si la dose de raison nécessaire ne dépend pas de la libre décision des classes dirigeantes, cette quantité requise et de ce fait assurément garantie ne répondra pas non plus aisément aux critères de qualité que pourraient souhaiter les classes dirigeantes.
La vaste diffusion de la raison par l’intermédiaire de l’école a déjà entraîné, outre une élévation de la production industrielle, une élévation non moins extraordinaire des exigences formulées par de larges masses populaires dans tous les domaines ; leur revendication de pouvoir trouve ici un solide fondement. On peut établir le théorème suivant : les classes dirigeantes, dans le dessein d’opprimer et d’exploiter les masses, doivent investir chez celles-ci de telles quantités de raison d’une telle qualité, que l’oppression et l’exploitation elles-mêmes s’en trouvent menacées. Ces réflexions de sang-froid amènent à conclure que les gouvernements fascistes, en attaquant la raison, se lancent dans une entreprise donquichottesque. Ils sont obligés de laisser subsister, et même de susciter de grandes quantités de raison. Ils peuvent l’insulter autant qu’ils veulent, la présenter comme une maladie, dénoncer la bestialité de l’intellect : ne serait-ce que pour diffuser ce genre de discours, ils ont encore besoin d’appareils de radio dont la fabrication est l’ouvre de la raison. Pour, maintenir leur domination, ils ont besoin d’un potentiel de raison chez les masses égal à celui dont les masses ont besoin pour supprimer leur domination.
Novembre 1937
l. - Cf. Le Léviathan, de Thomas Hobbes, publié en 1651, partie l, chapitre XI : « Of thé différence of Manners », p. 161 de l’édition des « Pélican Classics », 1968. (N.d.T.)
Bertolt BRECHT ("Ecrits sur la politique et la société" Edition L’Arche 1971
La fabrication du consentement, de Noam Chomsky et Edward Herman (un extrait)
On lira ci-dessous, précédé d’une rapide présentation du livre, de très larges extraits (reproduits avec l’autorisation de l’éditeur) de l’analyse de l’un des filtres du « modèle de propagande » proposé par les auteurs : le filtre constitué par les sources d’information."
in Acrimed
Quand la FED invente le crédit gratuit pour Wall Street
La décision de la Réserve fédérale (FED), la banque centrale des États-Unis, de réduire son principal taux directeur à quasiment rien illustre d’abord la profondeur de la crise financière qui mine le pays. Impuissantes à relancer l’activité en dépit des multiples baisses de taux pratiquées déjà cette année, les autorités monétaires ont opté pour une véritable fuite en avant, ramenant le loyer de l’argent de 1 %, un niveau déjà historiquement bas, à une marge sans précédent située entre 0 et 0,5 %. C’est dire que les principaux opérateurs qui se refinancent auprès de la FED vont bénéficier de crédits gratuits. En fait, même négatifs, en termes réels (déduits de l’inflation, toujours officiellement à plus de 2 %).
La manoeuvre ressemble ainsi à s’y méprendre à une tentative désespérée de relancer le marché du crédit, aujourd’hui quasiment gelé, afin de stimuler une économie qui glisse vers la dépression. Elle repose cependant sur un terrible vice de forme. Elle s’emploie en effet à voler coûte que coûte au secours des marchés financiers en espérant retendre de proche en proche les ressorts de l’activité. Mais rien ne semble plus aléatoire aujourd’hui. Si Wall Street a effectivement salué l’événement en bondissant de plus de 4 points, la réduction du loyer de l’argent, qui pourrait être si salutaire pour les principaux acteurs économiques, les PME ou les ménages, ne sera pas forcément répercutée vers le bas.
Alors que les taux de la FED ont déjà été ramenés à un niveau très faible (ils sont passés de 5,25 % en janvier 2006 à 1 % le 31 octobre dernier), les banques n’ont en effet jusqu’ici quasiment en rien diminué les taux des crédits accordés à leurs clients ordinaires, paralysées qu’elles sont face à la montée des risques dans un environnement récessif. Et soucieuses, face aux pertes enregistrées dans la crise, de se refaire une santé sur le dos de leur « petite » clientèle captive.
Paul Krugman, le nouveau prix Nobel d’économie, estimait hier que l’on se trouve dans une « trappe à liquidités ». Une notion d’analyse keynésienne qui désigne une situation où la politique monétaire n’est d’aucun recours pour stimuler l’économie. Cette hypothèse conduit l’économiste à comparer la situation de l’économie américaine avec celle du Japon, victime de déflation après un krach financier tout au long des années 1990.
Cette observation ne pourrait rendre qu’une image encore édulcorée de la réalité qui se profile. Tout simplement parce que le krach financier est, cette fois, mondial et que l’économie US ne peut plus s’appuyer, comme ce fut le cas de l’archipel nippon, sur la croissance des pays émergents pour limiter les dégâts. La détérioration semble d’ailleurs si profonde qu’elle a conduit le président Bush à d’étonnantes déclarations, soulignant, selon une phraséologie inédite chez lui : « J’ai abandonné les principes de l’économie de marché pour sauver le système d’économie de marché. »
Parmi les mesures avancées pour « sauver » le capitalisme américain, les taux quasiment nuls constituent aussi une arme. Ils permettent en effet de « délocaliser » au moins en partie la crise vers les grands « partenaires » de l’Oncle Sam. La décision de la FED a en effet immédiatement fait bondir l’euro et le yen. La monnaie unique européenne est repassée hier au-dessus de 1,43 dollar (contre 1,26, il y a seulement quelques semaines). L’opération s’apparente donc à du dumping monétaire. Les productions européennes et françaises perdant en compétitivité, risquent ainsi de voir le champ de leurs débouchés se rétrécir encore davantage.
Révélant la gravité de la crise globale, l’action de la FED ne fait aussi, à sa manière, que souligner l’enjeu décisif de la question du crédit. Abaisser le loyer de l’argent le plus fortement possible est bien indispensable si l’on entend redonner de là l’activité. Encore faut-il que la nouvelle facilité de crédit ne soit pas confisquée par les marchés financiers. D’où plus que jamais la pertinence de l’idée d’un crédit sélectif : favorable aux investissements riches en emplois et dissuasifs, au contraire, à l’égard des opérations strictement financières.
Bruno Odent
in L'Humanité