Athènes, envoyé spécial. À 18 heures, à Athènes, à l’appel des syndicats Adedy (secteur public) et GSEE (secteur privé), du Pame, de Syriza et d’autres organisations politiques, des milliers de citoyens grecs arrivaient sur la place Syntagma, devant l’Assemblée. À 18 heures, dans l’enceinte de cette institution, les députés, eux, votaient les mesures d’austérité décidées par le gouvernement socialiste de Georges Papandréou, en contrepartie de fonds apportés par l’UE et le FMI. Ces mesures qui impliquent une dégradation du niveau de vie des Grecs, imposant des baisses de salaires, la suppression de primes, des hausses de TVA, l’allongement de l’âge pour obtenir des retraites… sont donc passées. Sur 300 députés, 296 étaient présents. Le projet de loi a été adopté par 172 députés, sociaux-démocrates et de l’extrême droite (Laos). 121 députés de la Nouvelle Démocratie (droite), du KKE (PC grec) et de Syriza (gauche radicale dont le parti le plus important est Synaspismos) s’y sont opposés.
La veille, pourtant, d’importantes manifestations s’étaient déroulées dans plusieurs villes du pays. Dans la capitale hellénique, ce fut même « la plus importante manifestation depuis la chute des colonels », selon une ancienne correspondante de la presse française vivant à Athènes. Mais cette pression populaire n’y aura rien fait : le gouvernement, sans sourciller, l’immense majorité des députés sociaux-démocrates, et l’extrême droite sont prêts à faire subir au peuple des mesures qui rappellent « les temps les plus sombres de l’histoire du pays », comme le signalaient plusieurs observateurs (cf. l’Humanité du 5 mai).
Au fond, ce vote a révélé au grand jour le divorce entre la population et le parti socialdémocrate arrivé au pouvoir en octobre, qui avait professé de multiples promesses d’amélioration des conditions de vie des Grecs lors de sa campagne. Selon le journal To Vima du 6 mai, certains députés en seraient conscients. Ainsi la députée Tonia Andoniou aurait interrogé : « En janvier et en mars, vous nous disiez que les mesures prises alors étaient suffisantes. Maintenant, vous en prenez d’autres. Nous avez-vous menti ou pas à l’époque ? » La réponse vient de la rue : « vendus », crie les manifestants devant le Parlement. Des voix toujours plus fortes scandent : « Democratia », sur la place, devant le Parlement.
Face à la contestation, Georges Papandréou fait monter la pression, utilisant la mort de trois personnes dans un incendie en marge de la manifestation. Il a ainsi appelé les partis « à prendre leurs responsabilités et à ne pas se dissimuler derrière les décisions indispensables prises par le gouvernement pour sauver le pays ». Le président, de son côté, Carolos Papoulias, a déclaré, après les actes de violence, que la Grèce était « au bord du gouffre » et il a appelé tous les Grecs à « ne pas faire le pas de trop, qui nous précipiterait dans le vide ». Que les porte-monnaie des plus démunis et des classes moyennes se vident ne semble, en revanche, pas les déranger.
La rue n’est visiblement pas prête à accepter les mesures d’austérité. Et moins encore une alliance entre le Pasok et le Laos, mise au grand jour par le vote à main levée demandée par la gauche grecque.
FABIEN PERRIER
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