L'intersyndicale FO-CFE/CGC-CFTC-CGT-CFDT d'Airbus France, filiale d'EADS, a décidé, lundi 26 avril, un blocage de la production à partir de midi et des grèves tournantes qui devraient perturber les usines françaises toute la semaine. "C'est la première fois que les cinq organisations syndicales se mobilisent ensemble sur les salaires, les conditions de travail et l'emploi", a salué un délégué CGT, Alain Milhau.

Grève tournante par secteur

A Toulouse, site d'assemblage des avions Airbus, les syndicats appellent à "bloquer le déchargement des avions cargos Beluga qui amènent les tronçons d'avions fabriqués dans les autres usines européennes", a précisé Jean-François Knepper (FO) devant la presse après une réunion de l'intersyndicale, qui représente environ 60% des 20.000 salariés.
Les syndicats, qui demandent "le retour de la direction à la table des négociations", vont par ailleurs organiser des grèves tournantes par secteur: lundi, c'est l'assemblage des long-courriers A330 et A340 qui devrait être touché, puis celui des A320 mardi, de l'A380 mercredi, d'une usine de pièces détachées jeudi et du bureau d'études et du siège vendredi.

Des positions "déraisonnables" pour la direction

Vendredi dernier, des milliers d'employés d'Airbus France avaient fait grève pendant une heure et demie pour des augmentations de salaire et des embauches à Toulouse, Nantes et St-Nazaire. L'intersyndicale réclame une augmentation d'au moins 3,5%, autant qu'en 2009, alors que la direction propose 1,9%, contre 1,5% auparavant. "On ne peut pas découpler de la situation économique la politique salariale", avait souligné le directeur général en charge des ressources humaines, Thierry Baril, en dénonçant les positions "déraisonnables" de certaines organisations syndicales.
Celles-ci refusent aussi de subir l'impact des pertes du futur avion militaire A400M, intégrées depuis 2009 dans Airbus. "Nous demandons l'égalité de traitement avec les autres branches d'EADS: chez nous la participation va être de 0 euro et l'intéressement de 557 euros chez Airbus, alors que chez Astrium [satellites, ndlr] la participation sera de 2.700 et l'intéressement de 1.000", a souligné Jean-François Knepper.

Inégalités avec l'Allemagne ?

Les syndicats réclament également une reprise des embauches après l'application du plan Power 8, qui a signifié non seulement la suppression de milliers d'emplois ces dernières années mais une détérioration des conditions de travail, selon eux. Ils réclament autant d'embauches qu'en Allemagne, soit 700 à 800 d'après les calculs de FO.
Enfin, les salariés français s'inquiètent aussi de la décision, confirmée la semaine dernière par le président du constructeur Thomas Enders, de faire construire en Allemagne le successeur du moyen-courrier à succès A320.

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