Dans l’Humanité mercredi, les 3 scénarios qui tombent à pic pour la droite.
Le Premier ministre François Fillon annonce que le régime des retraites sera en déficit de 100 milliards en 2050. Info ou intox ?
Henri Sterdyniak. C’est bien difficile à dire. Pour faire des prévisions pour 2050, il faut connaître l’évolution des retraites, des taux de cotisation, de l’emploi. Le Premier ministre a des qualités de prévisionniste bien au-dessus de la moyenne. Ça me paraît prématuré.
Mais y a-t-il urgence à réformer le système, est-il en crise ?
Henri Sterdyniak. A très court terme, le déficit du système de retraites, d’une quinzaine de milliards d’euros, s’explique en quasi-totalité par la crise économique. Elle nous coûte à peu près 6 % du PIB et le déficit global des administrations pèse pour 150 milliards. On pourrait donc décider brutalement de baisser les dépenses militaires, de supprimer des écoles ou de revendre des stades. Il faut ajouter la pression des marchés financiers. Les États ont été incapables au moment de la crise de prendre les mesures pour briser leur toute-puissance. Aujourd’hui, les marchés financiers font pression pour imposer des réformes très brutales visant à réduire le poids des dépenses de santé et de retraites. Cette question de court terme, on ne peut pas la résoudre en réduisant les retraites, il faut retrouver la croissance et les 6 % de PIB qui nous manquent. Il y a ensuite les questions plus structurelles qui n’ont pas changé depuis 2003. Puisque les gens vivent plus longtemps et que les générations nombreuses nées après la guerre vont arriver à la retraite, il faut choisir entre trouver de nouveaux financements ou diminuer les prestations.
Lundi, Éric Woerth a exclu tout financement nouveau.
Henri Sterdyniak. Le ministre du Travail a bloqué le débat avant qu’il ne commence. Sans financement nouveau, la seule solution est de retarder l’âge de départ. Compte tenu de la situation de l’emploi, cela va produire deux choses. La première c’est que les gens vont partir à la retraite sans avoir droit au taux plein. Les pensions vont donc diminuer. La seconde c’est que nombre de salariés âgés vont continuer à végéter dans des dispositifs de chômage. Faire travailler plus longtemps les seniors contribuera à augmenter le chômage des jeunes. Au lieu de payer des retraites, il va falloir verser à des seniors des allocations de solidarité, et les jeunes chômeurs ne seront pas indemnisés. Tout ça pour faire des économies.
Entretien réalisé par Olivier Mayehttp://www.humanite.fr/La-fausse-urgence-du-deficit-des-retraites
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