Les spéculateurs pourtant désignés ennemis de l’Europe ne lui en demandait pas tant. Le plan de sauvetage leur garantit de sortir les poches pleines du premier épisode grecque. En attendant le prochain. Commentaires à peine imaginés de l’un d’entre eux : Monsieur Marché.
Elle est pas belle la vie ? On a ramassé de la dette grecque pour pas un rond pendant des semaines en jouant, voir en attisant le risque de non-remboursement, de défaut comme on dit chez nous, des bouffeurs de moussaka en jupes. Et plus ca tanguait, plus les taux montaient, moins elle coûtait cher. Le jeu est presque trop simple.
Depuis la dégradation de la note de la république hellénique, et même un peu avant, les gérants de fonds à la pépère, ceux qui sont obligés d’avoir une stratégie prudente, comme les y obligent les régulateurs (un grand merci à eux au passage), se bousculaient pour nous solder les papiers grecques. Un bonheur : on a pu dupliquer la stratégie sur le Portugal et l’Espagne... Et ce qu’on attendait arriva : le plan de sauvetage de l’UE met 750 milliards d’euros sur la table pour garantir la finalité du remboursement. Trop fort, on a facturé le risque tout en bénéficiant de la garantie implicite de l’Union Européenne ! Maintenant on va même pouvoir refourguer la dette grecque qui a repris un peu de poil de la bête directement à la BCE, comme le prévoit le plan de sauvetage qui permet à la banque centrale d’acheter la dette - les « papiers » comme on dit entre nous - des Etats.
Quant à l’avenir, il s’annonce radieux. Rien n’a été réglé. Le traitement de cheval infligé à la Grèce va ré-alimenter la machine à spéculer (miam miam) comme depuis le début de l'année. Nous, on est pragmatique et rationnel : pour arriver à baisser de 1% de PIB son déficit, l’effort sera en fait de 2 à 3% de PIB compte tenu des politiques budgétaires restrictives qui vont casser la croissance. Et hop, la Grèce à la cave. Très bon ca, pour « spieler » (jouer en allemand) à nouveau sur l’euro. Car cela va encore alimenter l’écart entre les pays à forte productivité comme l’Allemagne et ses voisins de la zone Euro/mark comme la Finlande, les Pays-Bas ou l’Autriche, et ceux à faible productivité et, nos bons amis les PIGS (Portugal, Espagne et Grèce), la France elle-même restant le postérieur entre deux chaises.
Le grand écart de l'euro-groupe est à tout les coup intenable, et ce n’est pas l’embryon de fédéralisme annoncé à grand renfort de communiqué qui y changera quelque chose.
D’ailleurs la crise n’est pas finie.
On va bien rigoler quand, d'ici quelques semaines ou quelques mois, les Etats vont être obligés d'avouer aux marchés que les déficits publics sont supérieurs à ceux prévus. Et si ce n’est pas le cas, si les politiques hyper restrictives, hyper rigoureuses se mettent vraiment en place, nous ne pensons pas que les peuples les acceptent sans coup férir. Nous autres camarades traders, croit peut-être plus que certains dirigeants à la force du politique. Jean-Claude Trichet avait certes gagné contre la vague de spéculation sur le franc en 1993, au prix d’une terrible récession pour la France, et d’un taux de chômage record de 13%. Je suis pas certains que les peuples européens désirent vraiment gagner ce genre de bataille. Et il n'est pas sûr que leurs dirigeants parviennent trop longtemps à leur cacher les vrais enjeux de cette crise.
http://www.marianne2.fr/Crise-Monsieur-Marche-est-content-Il-a-encore-gagne!_a192570.html
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