Aurélie Latourès - CEAN - Centre d'études d'afrique noire
"La lutte contre les « mutilations génitales féminines » (MGF), érigée en cause globale, témoigne de l'insertion paradoxale des sociétés Africaines sur la scène internationale. Pour autant, les politiques anti-MGF qui émergent dans les sociétés excisantes à partir des années 1990 ne sont-elles qu'une réponse automatique aux prescriptions internationales en faveur de l'éradication de ces pratiques ? Adoptant une perspective de sociologie de l'action publique extravertie, le présent travail de thèse explore comment une pratique sociale et culturelle (les MGF) devient un problème et une cause mobilisatrice ; et comment cette cause est politisée, autrement dit traduite dans les champs politiques maliens et kényans. La comparaison du passage de la « mise en sens » à la « mise en action » du problème des MGF, dans un contexte globalisé, met en évidence des trajectoires d'appropriation politique contrastées de la cause. L'appropriation est différentielle dans le cas malien ? avec un cadre d'action publique « maternaliste -éducatif» dominant, faisant de la loi une option « non malienne »; et plutôt mimétique dans le cas kényan ? avec des cadres d'action publique pluralistes moulés sur les mises en sens globales (comme par exemple le Children's Act voté en 2001). Ces différences questionnent les rapports y compris stratégiques à l'extraversion dans le gouvernement des sociétés africaines. Au-delà de la problématique des MGF, cette étude permet donc d'appréhender l' Etat au quotidien, c'est-à-dire en action. Concurrencé, privatisé et réduit à ses fonctions technicistes, il n'en reste pas moins ici la glue d'une gouvernementalité multi-niveaux négociée de la cause des MGF."
THESE_Aurelie_LATOURES.pdf(15.5 MB) |
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