Alors que le conflit israélo-palestinien fait la une des médias du monde entier, les sondages, d'habitude si envahissants, se font rares sur le sujet. Marianne2 a cherché à savoir pourquoi.
Depuis le 27 décembre dernier, date du début de l’opération « Plomb durci », le conflit israélo-palestinien occupe une large partie de l'actualité. La France n'y échappe pas. On aurait donc pu légitimement s'attendre à ce que la manie sondagière s'exerce pleinement. Ne serait-ce que pour remettre les pendules à l'heure après la parution début janvier du très controversé sondage du quotidien israélien Maariv, indiquant que 95% des Israéliens soutiennent la guerre. Un chiffre immédiatement détourné par le président du Crif, qui a affirmé que « 95 % des juifs soutiennent l’action de l’armée israélienne à Gaza »… Pourtant, les sondages sur la question du conflit israélo-palestinien se font rares.
Parmi les grands médias français, seul Le Parisien-Aujourd'hui en France s'est risqué à l'exercice, le 12 janvier dernier. Stéphane Rozès, directeur de CSA-Opinion raconte : « nous sommes très réactif à l'actualité et nous n'avons pas de tabou. Nous avons proposé le sondage au Parisien qui a tout de suite accepté. » Pourquoi alors un tel mutisme dans les autres médias ? « Je n'exclus pas le fait que certains ont pu refuser une proposition similaire à la nôtre et émanant d'autres instituts » poursuit-t-il.
La peur de l'importation du conflit
Pourquoi une telle frilosité ? Pour Gaël Sliman, directeur de BV-Opinion, l'explication réside dans la crainte des conséquences d'un tel sondage : « Il y a un tel risque à importer le conflit en France que les médias ne veulent pas commander ce type de sondage. A partir du moment où un camp est davantage stigmatisé par la population, à tort ou à raison, le fait même de porter un sondage favorable à une partie met en situation partisane le groupe partenaire de l'étude. Or ce n'est pas son rôle. »
Pour Franz-Olivier Giesbert, directeur de la rédaction du Point, la réponse est plus simple : « Je crois qu'il n'y a pas d'explication psychologique ou politique. La vérité c'est que l'on serre la vis et que les sondages coûtent cher. De toute façon les résultats parus dans le Parisien étaient prévisibles, preuve en est du faible écho qu'ils ont eu. »
Du côté de Marianne, Jack Dion, directeur adjoint de la rédaction, estime qu'il est « étonnant » qu'il n'y ait pas eu d'autres sondages que celui réalisé par le titre du groupe Amaury, à l'égard duquel il est très réservé, alors « qu'il y en a sur tout et n'importe quoi en temps normal. » « C'est bien la preuve qu'il y a une certaine peur des conséquences » conclut-il. Ou que les sondages n'ont pas vraiment d'utilité.
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