Emmanuel Todd : la crise va-t-elle favoriser l'émergence d'un Etat répressif?

Invité de la matinale de France Inter, l'historien et démographe Emmanuel Todd a livré son diagnostic politique de la crise, estimant la situation très différente de celle de 1929 compte tenu de l'absence de croyances collectives. Prenant pour exemple la Grèce, il n'a pas exclu une remise en marche de l'action politique.

L’historien et démographe Emmanuel Todd était l’invité de France Inter ce matin. L’auteur d’Après la démocratie, qui s’est dit « européen de raison sans enthousiasme », a livré son diagnostic politique de la crise actuelle, jugeant la période « vide de croyances collectives aussi bien au niveau national. Les croyances collectives au plan national et au plan européen sont à plat, il n’y a pas de contradictions entre les deux».

Emmanuel Todd estime que la situation est «très différente de celle de 1929. On va vers quelque chose d’aussi grande ampleur. Mais pour notre bonheur et notre malheur, on n’a pas de croyances collectives. Pour notre malheur, parce que c’est très difficile d’organiser quelque chose si personne ne croit à rien, c’est une sorte de narcissisme généralisée des comportements mais d’un autre côté on n’est pas menacés par le fascisme. Le plus grand risque c’est une dérive autoritaire, l’émergence de l’état répressif».

Pas foncièrement pessimiste, l’historien a estimé qu‘ « il va peut-être y avoir une remise en marche de l’action politique par la baisse des revenus des nouveaux diplômés ». Prenant pour exemple la Grèce, Emmanuel Todd s’est toutefois montré prudent sur les conséquences de la crise : « qu’est ce que cela donnera en Allemagne, dans l’Italie de Berlusconi ? » s'est il interrogé.

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