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15/01/2009

Pic pétrolier en 2020?

On peut penser que si l'AIE admet désormais que le pic pétrolier est proche c'est pour enrayer la baisse du pétrole incontrôlée. La situation à l'heure actuelle est plutôt d'une rigidité de la production qui ne peut ni baisser (les pays producteurs sont dépendants de ces ressources) ni augmenter (il faudrait des investissements lourds alors que la consommation doit baisser).

Le rapport 2008 de l’Agence Internationale de l’Energie marque une inflexion majeure dans le discours qu’elle a tenu jusqu’alors. Elle prévoit désormais un taux de déclin annuel de la production de 8,7% dans les champs en exploitation et mentionne sans donner de date la perspective du plateau de production pétrolière. George Mombiot a demandé à Fatih Birol, l’économiste en chef de l’AIE de dater l’arrivée de ce plateau de production des pétroles conventionnels. Réponse : 2020. Si l’on se souvient du rapport Hirsh, qui évaluait à 20 ans le temps nécessaire pour la conversion des infrastructures en direction des énergies alternatives, on mesure le retard déjà pris.

Mettez vous bien ça en tête : entre 2007 et 2008, l’AIE a radicalement changé son évaluation de la situation. Jusqu’à la publication du rapport 2008, l’agence se moquait des gens qui disaient que l’approvisionnement en pétrole pouvait décliner. Dans la préface à un livre qu’il a publié en 2005, Claude Mandil, son directeur exécutif, décrivait ceux qui mettaient en garde contre cet événement comme des « prophètes de malheur ». « L’AIE a depuis longtemps soutenu que rien de tout cela n’est une cause d’inquiétude », écrivait-il. « Les ressources en hydrocarbures partout dans le monde sont abondantes et alimenteront aisément le monde durant sa transition vers un avenir énergétique durable ». Dans le World Energy Outlook de 2007, l’AIE prévoyait que le taux de déclin de la production des champs pétrolifères existants serait de 3,7% par an. Ce qui, pour l’agence, représentait un défi à court terme, laissant la possibilité d’une pénurie temporaire des approvisionnements en 2015, qui pourrait cependant être évitée à condition d’investir suffisamment. Mais le nouveau rapport publié le mois dernier, contient un message très différent : il prévoit un taux de déclin de 6,7%, ce qui implique un déficit à combler bien plus fort.

Plus important encore, dans son rapport 2008 l’AIE suggère pour la première fois que l’approvisionnement mondial de pétrole pourrait toucher ses limites. « Bien que la production mondiale totale de pétrole ne devrait pas atteindre son pic avant 2030, la production de pétrole conventionnel ... devrait connaître un palier vers la fin de la période de la projection ». Ces quelques mots font apparaître un changement majeur. Jamais auparavant un rapport de l’AIE n’avait prévu un pic ou un plateau de la production mondiale de pétrole conventionnel (ce qui est ce que nous entendons lorsque nous parlons de pic pétrolier).

in Jean Zin

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