Avec la Ferme célébrités, fleuron de la télé-réalité, le téléspectateur a pu constater les efforts consentis par la société de production Endemol pour maintenir un niveau élevé de bienséance aux grandes heures d’écoute.
En février dernier, sous la pression du CSA, la société Endemol, qui produit une bonne partie des émissions de télé-réalité, se dotait d’une charte déontologique.
La plume trempée dans l’encre des grands principes, ladite charte est appliquée par un comité des plus intransigeants où l’on retrouve Étienne Mougeotte, ex-taulier de TF1 et boss du Figaro, Christine Albanel, ex-ministre de la Culture, Élisabeth Badinter, actionnaire de Publicis et femme de, ou encore Louis Schweitzer, ancien patron de la Halde.
Une mission ambitieuse :
Petit exemple illustré des progrès réalisés grâce à la mise en œuvre de ce règlement, avec la Ferme célébrités, une production Endemol diffusée sur TF1 du mois de janvier au mois d’avril.
La charte : « Dans le cadre de ses activités, Endemol place la dignité de la personne au-dessus de toute considération. » (Page 4)
L’émission : « Ferme ta gueule, tu es une pauvre merde » (TF1, avril 2010) : Grégory Basso, humaniste, ex-millionnaire, à Mickaël Vendetta, futur ex-rien.
La charte : « Nous veillons donc à ne pas diffuser d’images dégradantes ou de témoignages humiliants qui porteraient atteinte à la dignité des participants aux émissions. » (Page 4)
L’émission : Brigitte Nielsen, ex- Mme Stallone, essuyant la cuvette des toilettes avec du papier : « Je vais vomir. Ah, les hommes ! » (TF1, février 2010)
La charte : « L’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes constitue pour nous une exigence indispensable. » (Page 8)
L’émission : « C’est vraiment des femmes, les cochons, c’est comme les vaches, elles ne servent à rien. » Mickaël Vendetta, poète à ses heures (TF1, février 2010).
La charte : « La solidarité est une valeur majeure que nous portons (…). Nous encourageons donc les comportements solidaires entre les collaborateurs et entre les participants à nos programmes. » (Page 9)
L’émission : « J’ai déjà fait la vaisselle hier soir, ferme ta gueule, toi ! », Farid, ancien boxeur, théoricien de l’émancipation des femmes, à Adeline, actrice (Sous le soleil) et ex-femme de Johnny (TF1, mars 2010).
La charte : « Nous veillons à valoriser les comportements intègres, respectueux d’autrui (…). Nous demandons aux participants à nos programmes de se présenter et de s’exprimer avec honnêteté. » (Page 10)
L’émission : « Ces branques, ces bras cassés, ces faux-cul. On pourrait leur donner tellement de noms. C’est faux-cul.com », Francky Vincent, chanteur lyrique, discutant avec Mickaël Vendetta de leurs congénères (TF1, avril 2010).
La charte : « Les programmes produits par Endemol sont destinés à divertir le public qui les regarde. Nous sommes très attachés à la protection des téléspectateurs, et plus particulièrement les plus jeunes. » (Page 16)
L’émission : « Tu n’es qu’un tocard de merde », Hermine de Clermont-Tonnerre, auteur de Politesse oblige, le savoir-vivre aujourd’hui, à David Charvet, ex-boyfriend de Pamela Anderson (TF1, mars 2010).
Pas de doute, pour Endemol, la déontologie, c’est du sérieux.
Les obscénités de la télé-réalité ne font plus recette
"La Ferme célébrités 3", programme au concept et aux participants si classieux, a dévoilé son vainqueur vendredi 7 avril. TF1, elle, n’a pas attendu l’issue de la vie en communauté de ses starlettes enfermées dans une ferme sud-africaine pour prendre la mesure du désastre financier. « Pas un accident industriel, susurre-t-on dans les hautes sphères de la tour Bouygues. Mais pas loin. (…) Il n’y a pas eu déprogrammation. » Ouf… Seulement un transfert de la case prime time du vendredi soir vers celle de deuxième partie de soirée. Une relégation logique vu les audiences faméliques réalisées.
Malgré des moments de grande poésie évoqués ci-dessus, le public n’a pas accroché. Moins de 20% de parts d’audience et des recettes publicitaires en berne. « Entre des écrans pub de première et deuxième partie de soirée, les prix ne sont évidemment pas les mêmes », se désole un haut cadre de la maison, qui chiffre les pertes liées au programme à plusieurs millions d’euros. Achetée entre 20 et 25 millions à la société Endemol, la Ferme tablait sur des parts d’audience comprises entre 25 et 30%. Aussi a-t-il fallu que les commerciaux de TF1 rattrapent auprès des annonceurs le bide.
Les soutiers de la pub risquent de ne pas être les seuls à pâtir de ce cuisant échec. Nonce Paolini, PDG de la Une, a aussi la goutte au nez. Son ancien DG, démissionnaire pour incompatibilité d’humeur, avait milité, avant son départ en octobre 2009, contre "la Ferme". Et Endemol, dans la sourde guerre du PAF qu’elle mène contre TF1 Productions, n’a pas marqué de points. Au moins l’échec aura-t-il provoqué une réflexion de fond dans la maison Bouygues : « Il faut surprendre le public, faire plus de transgressif », envisage-t-on à la direction. Ça promet.
http://www.bakchich.info/Les-souillures-d-Endemol,10728.html
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