Lorsqu’on tue un Juif, cela s’appelle l’Holocauste, lorsqu’on tue un Américain, cela s’appelle du terrorisme, lorsqu’on tue un Africain, cela s’appelle une épidémie, lorsqu’on tue un Afghan, cela s’appelle une erreur ou un Taliban, lorsqu’un Japonais meurt c’est un suicide et lorsqu’on tue un Arabe ou un Palestinien, cela s’appelle la « crise au Proche-Orient ».
Ainsi et pour parler de la guerre contre Ghaza aujourd’hui dans ses TV, l’Occident essuie d’abord ses lunettes, toussote puis se lance au front, tout en restant chez lui pour éviter les balles et les cadavres. Ainsi, tous les téléspectateurs ont remarqué qu’on ne parle pas de « la guerre contre Ghaza » mais de « la guerre à Ghaza » comme l’ont relevé les nôtres. Sont mis sur le même pied d’égalité, une armée suréquipée et des groupes de défense sous armés qui défendent leur quart de pays là où il n’existe même pas encore. Le statut d’Etat est reconnu à la Palestine seulement lorsqu’on lui fait la guerre. Par ailleurs, dans toutes les TV de l’Occident, l’usage est le même : on ne dit pas massacres mais « événements ».
On ne montre pas les images des cadavres mais les images des chocs psychologiques des habitants de Sdérote, victimes d’un 11 septembre quotidien à base de pétards. Le zoom est plongeant sur une voiture calcinée là où on filme de très loin les volutes de fumées noires des bombes interdites sur la bande de Ghaza et ses habitants jouant les seconds rôles. Pour les journaux TV, l’usage de l’effacement est plus pernicieux tout en étant tout aussi ridicule : les cadavres sont masqués par le chiffre du bilan quotidien et le bilan sera gommé par un long commentaire sur les allées et venues du négociateur israélien, ses escales égyptiennes et sur les possibilités d’un cessez-le-feu ou d’un accord à long terme.
Un correspondant est contacté à Tel-Aviv et qui parlera « d’un hôpital probablement touché » - notez la réserve - là où trois secondes plus tard on rapporte que le SG de l’ONU lui-même l’affirme. Même l’image de Ban Ki Moon est nettoyée : on prend soins dans le JT de dire qu’il a condamné les immenses pertes civiles et la violence injustifiée mais lorsqu’on le montre, on sert la phrase soft où il explique de vive voix qu’il espère la fin de la guerre très proche. Le seul signe de douleurs que vous pouvez voir sur les TV de l’Occident ces jours-ci, ce n’est pas sur le visage des vrais Palestiniens, mais sur les trois secondes de consternation du présentateur TV. L’Occident ayant une règle juridique et policière connue : il n’y a pas crime quand il n’y a pas de cadavres et puisque les cadavres de Ghaza ne sont pas visibles, c’est que la guerre qui leur est faite n’est pas un crime.
Les arguments sont les mêmes où que vous zappiez : « cette guerre nous a été imposée » par les roquettes du Hamas (Personne ne parlera de la mise en cage de toute une population et de l’encouragement fait à ce mouvement pour disqualifier le Fatah en le ridiculisant avec des miettes à chaque négociations de paix), ni des colonies, ni de la généalogie de cette « crise ». Le second argument est celui des « pertes civiles inévitables ». Ghaza étant surpeuplée, on ne peut pas larguer une bombe sans servir les voisins du « terroriste » visé. Les « terroristes du Hamas » se réfugient derrière les civiles, disent-ils, là où nous disons que les civils n’ont plus que les « terroristes » pour se réfugier derrière eux et pour les défendre. Dans un sous pays fermé de toute part, on accuse presque les civils d’être là où il ne faut pas.
Ainsi, après la guerre des images verdâtres en « fluo » lors des bombardements de Bagdad, celles en infrarouge filmées en Afghanistan, celles par satellite filmées au Liban, on a aujourd’hui droit aux images sitcom filmées à partir de chez soi pour parler de Ghaza. TPS est pour nous cryptée mais l’histoire est claire, là où pour les Occidentaux TPS est claire là où le reste du monde est cypté.
in LE GRAND SOIR
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