Photo "Stop le contrôle au faciès"
Le collectif Contre le contrôle
au faciès vient de lancer une campagne contre les contrôles d'identité abusifs. Un numéro
de téléphone a été créé
pour récolter
des témoignages, des têtes d'affiche du rap français parlent dans des vidéos diffusées sur Internet de leurs premiers contrôles au faciès, des gens de quartiers populaires ofnt de même dans une série de photos.
Gilles Sokoudjou, 34 ans, est le nouveau président des Indivisibles depuis janvier 2011, qui fait partie du collectif Contre le contrôle au faciès. Les Indivisibles , qui organisent les "Y'a bon Awards", remise de prix des propos le plus racistes, sont un groupe de militants dont le but est de déconstruire, notamment grâce à l’humour et l’ironie, les préjugés ethno-raciaux et en premier lieu, celui qui nie ou dévalorise l’identité française des Français non-Blancs. Gilles Sokoudjou nous explique la lutte contre les discriminations policières.
"Vos papiers (s'il vous plaît). C’est une formule mainte et mainte fois entendue, de trop nombreuses fois répétée, et qui suscite colère, énervement et humiliation.
« La colère » de se voir « choisi », interpellé, mis à l’écart et fouillé, désigné telle une bête sortant du lot pour des raisons que l’on ne vous avouera pas. « L’énervement », car toute tentative d’explication est vaine, le contrôle d’identité est normal, banal, vous êtes sélectionné et vous devez considérer que les agents des forces de l’ordre effectuent leur travail, comme vous …à la limite vous devez être flatté de cette marque de considération que la police vous porte, le contrôle est gratifiant, votre couleur de peau et/ou votre faciès remarquables méritent que l’on s’y attarde afin de vérifier si la photo disposée sur vos pièces d’identité (que vous devez en permanence avoir en votre possession ), n’a pas eu besoin d’une petite retouche Photoshop …
Attention : toute tentative de considérer l’auteur(e) de ce contrôle comme ayant un comportement raciste restera vouée à l’échec depuis que la hiérarchie policière a adapté ses pratiques : les policiers blancs contrôles les blancs, les policiers noirs contrôlent les noirs, les policiers maghrébins contrôles les maghrébins, ces deux dernières catégories pouvant intervertir, il sera inutile de jouer la « race card » !
« L’humiliation » de se voir mettre sur le côté, de voir l’indifférence avec laquelle vos concitoyens considèrent cette situation comme normale, au pire nécessaire car vous représentez finalement une menace. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les chroniqueurs, journalistes, politiques qui affirment qu’un jeune homme noir ou maghrébin est un délinquant en puissance. Alors, le contrôle d’identité voyez-vous, il est in-dis-pen-sable au bon fonctionnement de notre démocratie …
Pour couronner le tout, les courageux citoyens contrôlés qui, habités de ces sentiments et fermement décidés de s’y opposer s’en tirent au mieux avec une convocation chez le juge pour outrage (l’arme anti-contestation) et au pire en y laissant la vie … Les chiffres sont éloquents, les individus décédés à la suite d’une bavure policière dans le cadre d’un contrôle d’identité sont tous issus d’une minorité.
Contrôle motivé par l'apparence d'un individu
La pratique du contrôle au faciès, c’est à dire du contrôle d’identité motivé par l’apparence d’un individu, est ressentie par les citoyens et résidents français depuis longtemps comme une injustice dégradante et humiliante. Les jeunes noirs sont contrôlés 6 fois plus que des jeunes blancs, des jeunes citoyens supposés d’origine maghrébine sont contrôlés 7,8 fois plus que des jeunes blancs, les jeunes typés selon un code vestimentaire « rasta / hard rock / hip-hop / … » sont contrôlées 11,4 fois plus que les autres.
Ces chiffres émanant d’un rapport rédigé sur la base d’une étude du CNRS et du CESDIP datant de 2009, ne font que renforcer ce que des millions de citoyens vivent au quotidien : une discrimination en raison de sa couleur de peau, de ses origines réelles ou supposées, de son style vestimentaire. Des contrôles d’identité répétés plusieurs fois par jour, par semaine ou par mois, vécus aussi comme "normaux" par les plus jeunes qui soit y sont habitués et donc ne les contestent plus, soit ignorent l'encadrement législatif strict de ceux-ci.
Le rapport « Police - Minorités Visibles » de l’Open Society Justice Initiative indique que le contrôle au faciès, pratique illégale, abusive et arbitraire du contrôle d’identité est en plus inefficace car ne permettant pas de résultats probants en matière d’arrestations ou de garde à vues. Mais que fait la police des polices ??
L’égalité de toutes et de tous se trouve donc être allègrement bafouée par les pratiques policières remettant en cause la citoyenneté de toute personne contrôlée en raison de son faciès. Il y’a d’un côté les « d’origine » et de l’autre côté, les blancs : le mythe de la France Black-Blanc-Beur n’est bel et bien qu’un slogan ne passant pas les barrages policiers. Pratique inefficace et discriminatoire empreinte de racisme, des résultats quasi nuls, n’en jetez plus, dans bien d’autres démocraties le sujet aurait été mis sur la table pour qu’un changement profond soit opéré ou qu’à minima on reconnaisse aux victimes le droit de se plaindre.
Les Indivisibles et le collectif « Stop Le Contrôle Au Faciès » luttent pour promouvoir une pratique du contrôle d’identité respectueuse des droits de chacun. L’organisation samedi 30 octobre 2011 d’un happening en plein Paris devant la fontaine des « Innocents » est l’illustration de ce que nous mettons en œuvre afin de proposer d’autres alternatives:
- La promotion d’une politique de remise d’attestation ou de reçu du contrôle à la personne contrôlée par l’agent effectuant le contrôle,
- La modification dans le cadre de la loi, afin que l’article 78.2 du code pénal permette un recours en cas de discrimination,
- La diffusion d’un numéro de téléphone (07 60 19 33 81) permettant l’envoi d’un SMS avec comme texte « contrôle » pour étudier la possibilité d’une action en justice pour les citoyens contrôlés au « faciès ».
En attendant que ces dispositions législatives puissent être instaurées au plus vite, nous vous proposons de découvrir la série « Mon premier contrôle d’identité » (à voir ici) avec des artistes, chanteurs, acteurs, personnalités de la société civile narrant leur premier contrôle d’identité qui peut très bien être leur pire… Un excellent moyen pour inciter les victimes de ces sombres "coutumes" à rejoindre ce mouvement en composant le numéro indiqué plus haut en cas de contrôle où au moins un des sentiments décrit plus haut est présent …
Sem comentários:
Enviar um comentário