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20/04/2009

Crise systémique : les solutions

Gilles Bonafi - Mondialisation.ca - 20 avril 2009

n°1 : l’euro

L’économie mondiale est entrée dans ce que je nomme la phase II. En effet, la faillite de Lehman Brothers le 15 septembre 2008 avait déclenché le début de la plus grande crise économique de l’histoire humaine. Or, les gouvernements ont réagi en injectant des milliers de milliards de dollars ce qui a eu pour conséquence de ralentir pour quelques mois les effets destructeurs d’une crise systémique colossale.


Il ne manque plus que la défaillance d’une entreprise majeure (constructeurs automobiles US ou Citigroup par exemple) pour déclencher un tsunami qui sera autrement plus violent qu’en septembre. Celà se produira bientôt.


En effet, la plupart des états sont en faillite (USA, Royaume-Uni, France, etc) ce qui peut être illustré par cette phrase du gouverneur de la banque centrale de Lettonie : « L’économie lettone est en état de mort clinique et nous n’avons que trois ou quatre minutes pour la ranimer. » (Figaro du 2 février).

Pour les USA le WorldNetDaily (mercredi 28 janvier) annonçait que « La Californie ne sera plus en mesure de régler ses factures à partir du 1er février. » ce que j’avais annoncé en septembre 2008.


Quant à notre pays, l’économiste

Jean-Christophe Mounicq a déclaré le 10 février 2009 sur Reichman TV :"Beaucoup d'Etats, dont la France, vont faire faillite !"


Nombreux sont ceux qui croient à la fin des Etats-Unis et du système capitaliste actuel et tous les spécialistes s’accordent aujourd’hui pour souligner la gravité de la situation mais personne ne donne de réponses pour en sortir. Il existe pourtant des solutions et, je vais ici analyser celles qui vont nous être proposées et qui ne résoudront pas le problème de fond.

I. L’Euro.

Le quotidien britannique The Daily Telegraph (12 février) affirme avoir consulté un document confidentiel de la Commission européenne qui évalue le montant total des « actifs toxiques » des banques européennes à 18000 milliards d’euros! L’économiste et anthropologue Paul Jorion, visionnaire (il a été un des premiers à prédire la crise actuelle), avait d’ailleurs déclaré sur son blog, le 11 février 2009 :« Les pertes causées par les bulles financières quand elles éclatent dépassent désormais en taille la capacité d’absorption des États et le monde découvre les conséquences à long terme de la privatisation des profits alors que l’issue de secours si pratique autrefois de la collectivisation des pertes a disparu de l’horizon des possibles. »

D’ailleurs, il convient de mettre l’accent sur une information que peu de médias ont relayée : l’Allemagne qui désirait lever (emprunts d’Etat à 10 ans) mercredi 11 février, 6 milliards d’euros, n‘a reçu des investisseurs que 4,2 milliards. N’oublions pas que ces emprunts sont la source de financement de son plan de relance.


Stephen Jen (Morgan Stanley) a ainsi déclaré récemment : « Le statut de l'euro comme monnaie de réserve internationale est remis en cause. »

The Daily Telegraph va plus loin et fait une déclaration fracassante : « Les ministres et les autorités de l’UE craignent que le gouffre qui se creuse puisse engendrer une spirale vicieuse capable d’emporter aussi bien l’euro que l’UE elle-même. »

De nombreux économistes mettent actuellement l’accent sur les dangers planant sur l’euro. Je rappelle que la BCE n'émet pas l'euro. Ce sont les banques centrales nationales qui émettent la monnaie. Elles contrôlent donc leur dette nationale. Le système de l’euro est en effet instable (surtout en période de crise) à cause des divergences économiques au sein des différents pays de l’union européenne.


Le 3 février, l’économiste Jean Claude Werrebrouck dans son article (contreinfo) a brillamment résumé la situation :

«La solution serait, en Europe, de contourner la très dangereuse divergence croissante des taux d’intérêt sur la dette souveraine en mutualisant les risques. Ce contournement suppose la création d’une agence commune d’émission faisant disparaître les « spreads ». Mais cela suppose des stratégies de coopération interétatiques aboutissants à des règles contraignantes pour les Etats menacés de dépôt de bilan. »


A vrai dire, cette idée n’est pas nouvelle et l’on peut d’ailleurs remonter à Erik Robert Lindahl qui parlait dejà d’un trésor européen en 1930 et, en 1989, Carlo Ciampi (banquier et 10ème président de la République Italienne) avait fait une proposition qui désirait donner le monopole de l’émission de l’euro à la BCE (proposition Ciampi).


Le rapport Lamfalussy (2004) avait été plus précis et démontrait la nécessité d’un régulateur unique. Un article récent de Bruegel (think tank oeuvrant pour le développement économique de l’Europe) parle ainsi de la création d’un régulateur financier unique en Europe.

Or, l’urgence de la situation nous oblige à créer une « structure de défaisance » nous permettant de racheter les créances douteuses ce qui est pour le moment impossible car nous ne possédons pas un trésor européen. Ceci est confirmé par Anton Brender, chef économiste de la banque Dexia : « Il faut quelqu’un qui achète les dettes, or, même à l’échelle de la zone euro, il n’existe pas de Trésor commun. Voilà toute l’ambiguïté de l’Union monétaire européenne. Elle est dotée d’une même monnaie, mais la Banque centrale européenne ne dispose d’aucune autorité en matière prudentielle vis-à-vis des banques ». Source: Le Figaro.fr du 24.09.08. Plus récemment, l’économiste Michel Aglietta a démontré que le système de l’euro était fragile car il ne pouvait pas (contrairement à la FED) se positionner comme prêteur central en dernier ressort car la BCE n’émettait pas l’euro et possédait peu de fonds propres.

Pourtant, la mise en place de ce trésor européen a toujours été perçue comme politiquement irréalisable. M. Maurice Blin avait ainsi souligné l'impossibilité de créer une autorité internationale unique, chargée de la régulation financière. Source : Bienvenue au Sénat (rapport d’information du mercredi 22 mars 2000).


Mais, peu à peu, l’ampleur de la crise a modifié les points de vue. Ainsi, Christian de Boissieu, Professeur d’économie à l’Université de Paris I et Président du Conseil d’Analyse économique auprès du Premier Ministre a ainsi déclaré :

« Du point de vue de la gouvernance, cette crise est apparue comme un nouveau défi pour une Europe en manque d’institutions politiques. » Nicolas Sarkozy a par ailleurs, devant le Parlement de Strasbourg, appelé, « à la lumière de la crise financière », à la création d'un "gouvernement économique clairement identifié" dans la zone euro, travaillant aux côtés de la Banque centrale européenne. Source : Le Point.fr (21/10/2008).

Nous le voyons donc, contrairement à ce que pensent certains, l’Europe sortira renforcée par cette crise car elle se dotera d’une BCE ayant le monopole de l’émission de l’euro, de fonds propres (création d’un impôt européen), d’un trésor européen, d’un « gouvernement économique » mais surtout s’élargira.


En effet, les pays indépendants comme le Royaume-Uni et la Suisse n’auront pas d’autres choix que d’intégrer la zone euro.

Jean-Pierre Jouyet directeur du Trésor au ministère des finances (de 2000 à 2004) a d’ailleurs affirmé le 21 octobre 2008 :

« Soit la Grande-Bretagne reste à côté et la zone euro avancera, avec un maximum de coopération avec les Britanniques. Soit, lorsque les conditions seront réunies, elle rejoindra la zone euro. Celle-ci en serait alors plus forte pour affronter les défis de la régulation économique et financière. »

Les conditions sont aujourd’hui réunies car le Royaume-Uni est ruiné et sa devise s’effondre de jour en jour.


Quant à la Suisse, l’on peut résumer son problème à une expression « too big to save » car UBS et Crédit Suisse, ses deux principales banques possèdent des bilans de 3000 milliards de dollars soit 10 fois le PIB du pays. L’euro sera là aussi la seule planche de salut. Je n’aborde même pas le problème de l’Irlande qui a littéralement « un révolver sur la tempe » et ratifiera le traité de Lisbonne pour s’en sortir.

Voilà, les adeptes de la « démondialisation » seront déçus ainsi que ceux qui pensaient pouvoir profiter de la crise pour changer ce système. Dans mon prochain article (N°2) je démontrerai de façon précise comment les autres pays seront obligés de s’intégrer dans des pôles continentaux (North American Union pour les USA par exemple) et surtout comment, face à la dislocation du système monétaire actuel, sera créée la nouvelle monnaie globale qui sera totalement déconnectée des états-nations.


Il reste cependant quelques esprits brillants comme Paul Jorion qui ont compris que cette crise est le révélateur de problèmes structurels plus importants. Il va falloir ainsi s’interroger sur notre système économique basé sur la consommation à partir de dettes qui détruit notre planète et l’humanité qui est en nous.

La grande crise actuelle est surtout celle de l’esprit, une faillite intellectuelle majeure car nous sommes face à des problèmes (surpopulation, pollution, problèmes de l’eau, captation des richesses par quelques « seigneurs de la finance ») que seule « une constitution pour l’économie » qui implique des changements radicaux pourra résoudre.


La sagesse des anciens peut nous éclairer, comme cette phrase de Sitting Bull, grand chef des sioux :

“Après que le dernier arbre aura été coupé, après que la dernière rivière aura été empoisonnée, après que le dernier poisson aura été attrapé, alors seulement vous vous rendrez compte que l’argent ne peut être mangé.”


n°2 : la fin des monnaies nationales

Dans mon article [Crise systémique : les solutions (n°1 : l’euro)], j’ai tenté d’expliquer les solutions qui seront apportées dans le cadre européen :

-stabilisation de la monnaie européenne avec une BCE ayant le monopole de l’émission de l’euro.


-création d’un trésor européen permettant de mettre en place une structure de défaisance permettant de sauver les banques.

-création d’un gouvernement économique, ce qui répond à la célèbre boutade de Kissinger : « l’Europe, quel numéro de téléphone ? ».

-intégration des pays en difficultés (Royaume-Uni et Suisse).


Je n’avais pas, volontairement, abordé le problème de l’Europe centrale et orientale qui va donc être étudié ici.


La crise systémique actuelle va ainsi totalement bouleverser le monde en détruisant les monnaies nationales et donc par conséquence, les états-nations, ce qui peut être illustré par cette phrase essentielle de Paul Jorion (sur son blog du 11 février 2009) : « Les pertes causées par les bulles financières quand elles éclatent dépassent désormais en taille la capacité d’absorption des États. »


Face à la crise, les différents pays du monde n’auront en effet qu’une seule solution, s’associer au sein d’unions continentales et mettre en place de nouvelles monnaies communes. Nous assistons donc, et cela va être analysé ici, à la mise en place accélérée de ce que certains nomment « le nouvel ordre mondial ».

I. Les pays d’Europe de l’Est.

Ils sont en ce moment, au cœur de l’actualité. Ainsi, mardi 17 février, les agences Moody’s et Standard & Poors ont indiqué que la crise en « Europe de l’Est » pourrait provoquer des problèmes aux banques occidentales qui ont prêté 1500 milliards de dollars (chiffre avancé par le rapport de Morgan Stanley). Moody’s prévoit donc de baisser la note des banques exposées sur l’Europe de l’Est. Source : Bloomberg, dimanche 22 février.

En effet, la plupart des emprunts réalisés sont accordés en franc-suisse (60% pour la Hongrie selon la Banque Nationale Suisse) ce qui pose un problème gigantesque car les monnaies nationales s’effondrant, les remboursements explosent (plus de 30% en Roumanie par exemple).


La BERD (Banque Européenne pour la Reconstruction et le Développement) évalue un volume de défaillance qui devrait atteindre 10% ! Or, selon le quotidien « Le Monde » du 14 février 2009 :
« Engagée à hauteur de 230 milliards d'euros, l'Autriche est le premier investisseur européen de la région ».

Le quotidien Der Standard de Vienne a d’ailleurs déclaré : « Un taux de défaillance de 10% conduirait à l’effondrement du secteur financier autrichien ».

Mais, au-delà du problème Autrichien, nous assistons dans cette région à la destruction des monnaies nationales.


Le zloty polonais a ainsi perdu 36% de sa valeur depuis juillet, le
forint hongrois 25% et la couronne tchèque près de 22% (Source : La Presse Affaire du 23 février 2009). Les économistes de la banque Dresner ont ainsi déclaré « les devises d'Europe de l'Est sont engluées dans une spirale de dépréciation », et « pour l'euro, c'est une bombe à retardement ». Source : Le Monde du 21 février 2009.


Je n’hésite pas à l’écrire ici, ces monnaies sont condamnées et seront remplacées par l’euro car il n’y a pas d’autres alternatives. Ceci est d’ailleurs confirmé par les discussions du gouvernement polonais concernant le taux de change ERM-2 qui est surnommé l’anti-chambre de l’Euro.

Nous allons de plus assister à une redistribution géopolitique de la région car une partie des pays de l’Est ne se tourneront pas vers l’Europe mais vers la Russie au sein de la CEEA.

II. La CEEA

La Communauté économique eurasienne est une organisation internationale de coopération économique qui a été créée en 2000. Elle est l’organisation économique de la CEI (regroupant 11 anciens pays du bloc soviétique) dont la Russie et la Biélorussie sont les acteurs principaux. Or, le 3 février, a eu lieu une réunion au Kremlin au cours de laquelle la création d’une monnaie unique : le rouble, ainsi que d’un espace économique commun ont été débattus. (Source : Courrier International du 4 février 2009).


Un fond anticrise de 10 milliards de dollars a par ailleurs été créé. Le quotidien Vremia Novosteï a souligné l’importance de ce sommet en déclarant qu’il mettait en place : « Quelque chose comme l'OTAN et le FMI sous l'égide russe ».


Le ministre russe des Finances, Alexeï Koudrine a affirmé : « nous aidons nos plus proches pays qui ne peuvent tellement compter sur l'assistance d'autres Etats. La Russie ressent sa grande responsabilité dans l'espace de la CEI et en premier lieu de la Communauté économique eurasiatique (CEEA) ». Nous le voyons, cette crise est en train d’accélérer la coopération autour de la Russie. Le Kazakhstan, la Biélorussie, le Kirghizstan, l'Arménie, et le Tadjikistan sont déjà soutenus et un prêt à l'Ukraine ne saurait tarder.


Les conséquences géopolitiques de la crise sont énormes. La Russie profite ainsi de la fragilité économique des USA pour renforcer son hégémonie et seule la Géorgie reste pour le moment la chasse gardée américaine. N’oublions pas que les USA doivent évacuer la grande base de Manas (Kirghizistan) et désirent donc s’installer en Géorgie afin de conserver une présence dans le Caucase du Sud.


Certains déclareront que la Russie ne pourra pas aider ses voisins car sa monnaie, le rouble est en difficulté. Elle a ainsi dépensé plus de 36% de ses réserves de change pour défendre sa monnaie. (Source : Contreinfo du 21 février 2009).


Or, il faut le rappeler, le cours du rouble dépend étroitement du cours du baril de pétrole (qui est au plus bas actuellement à 40 dollars). Il existe cependant un sauveur providentiel pour la Russie : la guerre. En effet, Benyamin Netanyahou a dit : « Quand je formerai le nouveau gouvernement israélien, nous ferons ce que nous avons fait par le passé avec le réacteur de Saddam, ce qui nous a rapporté 20 ans de tranquilité. » Source Norman Salomon (antiwar) le 7 janvier 2006. Sans parler d’Avidgor Lieberman qui a insisté sur le fait que « l’Iran était l’ennemi public numéro 1 ».Source : Jerusalem Post du 10 février 2009.


Fin janvier, 3000 tonnes de munitions (ce qui est totalement inhabituel) envoyées par les USA sont arrivées en Israël. Reuters a ainsi affirmé le 10 janvier 2009 que « ce genre d’affrètement vers Israël est rare. »


Le cours du baril explosera alors bien au-delà des 150 dollars, un scénario idéal pour le rouble!


La guerre en Iran (et plus tard au Pakistan) aura donc pour effet de « sauver » l’économie russe, un paradoxe (ordo ab chaos).

Nous le voyons ici, le lien entre la guerre et l’économie est direct. Il va falloir, et je le répète à chacun de mes articles, créer ce que Paul Jorion nomme « une constitution pour l’économie » qui nous préserve des monstruosités à venir.


Dans mon prochain article (n°3), je me pencherai sur le cas de l’Asie et surtout des Etats-Unis, tout un programme !


En conclusion, il est toujours intéressant d’avoir un regard extérieur sur ce que nous sommes et ce regard-là est impitoyable.


« Fort étrangement, ils ont dans l'esprit la volonté de cultiver le sol, et l'amour de posséder est chez eux une maladie. Ce peuple a fait des lois que les riches peuvent briser mais non les pauvres. Ils prélèvent des taxes sur les pauvres et les faibles pour entretenir les riches qui gouvernent. Ils revendiquent notre mère à tous, la terre, pour eux seuls et ils se barricadent contre leurs voisins. Ils défigurent la terre avec leurs constructions et leurs rebuts. Cette nation est comme le torrent de neige fondue qui sort de son lit et détruit tout sur son passage. »


Sitting Bull grand chef des sioux.


n°3 : un nouveau dollar

Dans mes articles (n°1 et 2), je me suis attaché à démontrer que la crise actuelle ne pourrait pas avoir de solution économique. Elle nécessite en effet une réponse politique forte (une réponse insuffisante sera choisie), capable de bouleverser de fond en comble les structures monétaires et étatiques actuelles.

Henri Guaino conseiller spécial de Nicolas Sarkozy a ainsi déclaré:

« Si les experts ont du mal à imaginer un autre monde que celui dans lequel ils ont vécu, les responsables politiques sont davantage conscients de la nécessité du changement. Pour refonder le capitalisme, ils doivent imposer des solutions non pas techniques mais politiques. » Source : Le Monde du 17 février 2009.


J’ai ainsi pointé du doigt le fait qu’au final, les grands ensembles continentaux sortiraient renforcés au détriment des nations. Ma réflexion s'était surtout focalisée sur l’Europe (l’euro) et le bloc euro-asiatique (CEEA). L'objectif sera ici de tenter de vous éclairer sur les solutions qui seront apportées en Asie dans le cadre de l’ASEAN et surtout aux USA.

I. L’ASEAN

Le 14ème sommet de l’ASEAN (Association des Nations d’Asie du Sud-Est créée en 1967 comprenant : Indonésie, Malaisie, les Philippines, Singapour, Thaïlande, Brunei, Viêt Nam, Laos, Myanmar et Cambodge) confirme ce que j'affirme depuis des mois.

En effet, au-delà du fond d’entraide de 120 milliards de dollars (comme prévu par les accords de Chiang Mai), il convient de noter son élargissement en créant une zone de libre échange avec la Nouvelle-Zélande et l’Australie. De plus, la décision de créer une communauté économique (sur le modèle européen) a été confirmée (charte de l’ASEAN de décembre 2008). Source : AFP du 01 mars 2009.

N’oublions pas que cette communauté économique comprendra la Chine (accords de 2001 et déclaration de Dunhuang de septembre 2004). Source CCTV.Com du 28 février 2009. L’Inde, ayant pour principal partenaire commercial les pays d’Asie de l’Est, désire aussi intégrer l’ASEAN.

D’ailleurs, un prochain sommet doit avoir lieu (10 et 12 avril 2009) entre l’ASEAN et ses partenaires qui sont : la Nouvelle-Zélande, l’Australie, la Corée du Sud, l’Inde, le Japon et la Chine. Source : XINHUA du 28 février 2009.


L’élargissement et le renforcement d’AFTA (accord de libre-échange opérationnel depuis le 01 janvier 2003) seront au programme. Nous le voyons donc, la crise va rapprocher les pays d’Asie sinistrés par la crise économique en cours et nous aurons très prochainement un grand pôle asiatique avec une monnaie unique.

Robert Mundell, économiste, inventeur de la théorie des « zones monétaires optimales » (et partisan d’une monnaie mondiale) a donné son analyse à l’université Nankai de Tianjin en juin 2002. Il a déclaré que l’Asie devrait créer une organisation de monnaie unifiée, le dollar asiatique, qui devrait être établi au plus tôt, et que la Chine pourrait jouer le premier rôle dans cette organisation.

En effet, en mars 2006, la Banque asiatique de développement (ADB) a annoncé l’idée d’une monnaie asiatique commune virtuelle : l’ACU (Asian currency Unit). N’oublions pas que sa valeur serait calculée à partir de la valeur moyenne (une « monnaie panier ») des principaux pays d’Asie (Chine, Corée du Sud, Japon et membres de l’ASEAN). Je vous rappelle au passage que l’ECU (unité monétaire européenne) est devenu l’euro et nous aurons là aussi un glissement d’une monnaie virtuelle vers une monnaie réelle.


Bruno Jetin, économiste à Institut de recherche pour le développement (IRD, France) possède la même analyse et déclare : « Ces progrès rendent encore plus nécessaire la création d’une monnaie asiatique commune voire unique à l’instar de l’écu puis de l’euro. » Source : Le Réseau Asie du 01 juillet 2008.


Il existe cependant des preuves plus flagrantes de la montée en puissance de cette communauté asiatique. En effet, le 14 janvier 2009,

la France a nommé Philippe Zeller ambassadeur auprès du secrétariat de l’ASEAN (le Royaume-Uni, la Chine et les USA ont eux aussi nommé des ambassadeurs).

Sur le site officiel du gouvernement, on peut d’ailleurs lire la déclaration de la présidence au nom de l’Union européenne :


« L’Union européenne se félicite de l’entrée en vigueur (15 décembre 2008) de la Charte de l’ASEAN. Ce texte, qui définit un nouveau cadre institutionnel, marque une étape importante dans le processus d’intégration régionale en Asie

du Sud-Est. »

Source : diplomatie.gouv.


N’oublions pas qu’elle représentera un marché de plus de 2 milliards de personnes et surtout, sera la première puissance économique mondiale.

Ainsi, les états, qui ne sont plus capables d’assumer seuls les coûts faramineux de la crise, sont obligés de s’intégrer au sein d’unions continentales. Il en sera de même pour les USA qui devront s’associer avec le Mexique et le Canada dans le cadre de l’Union Nord Américaine (North American Union).

II. La NAU (North American Union).

J’avais, il y a quelques mois, déjà abordé le sujet de la NAU. Je vais ici en retracer l’historique.

L’histoire de l’unification du continent nord-américain débute en 1912, dans un ouvrage intitulé « Philip Dru administrateur » écrit par le conseiller du président Wilson, le colonel House.

-1er janvier 1994 est signé l’Aléna, un traité créant une zone de libre-échange entre les trois pays d'Amérique du Nord : le Mexique, les Etats-Unis et le Canada.


Henry A. Kissinger, dans le Los Angeles Times du 18 juillet 1993 (p. M2) avait d’ailleurs déclaré :

« L'ALENA sera l'avancée la plus constructive vers un nouvel ordre mondial faite par un groupe de pays depuis la fin de la guerre froide, et le premier pas vers une vision encore plus large de la zone de libre-échange pour l'hémisphère ouest... L'ALENA n'est pas un accord commercial traditionnel mais l'architecture d'un nouveau système international. »

-Septembre 1999, l'économiste canadien G. Herbert Grubel publie un livre intitulé « The Case for Amero » qui reprend la même idée et annonce même une monnaie unique pour les trois pays : l’Améro.

-Août 2001, les choses se précisent lorsque Robert A. Pastor écrit « Toward North american community ». Dans cet ouvrage, il s’agit de créer une entité politique avec une monnaie unique qui remplacerait le dollar américain, le peso et le dollar canadien.

-Le 23 mars 2005 est signé à Waco, au Texas, le Partenariat pour la sécurité et la prospérité (PSP) dans le cadre de l’ALENA, de facto l’acte de naissance officieux de la NAU.

Il existe des preuves de la création de cette nouvelle communauté que vous pouvez trouver sur le site du CFR (Council on Foreign Relations). Il suffit de cliquer sur « Publication type », ensuite « Task force reports » et vous trouverez 2 documents : Creating a North American Community et Building a North American Community.


Comme vous pouvez le constater, je n'avance rien au hasard.

Face à l’ampleur de la crise, les USA n’ont plus le choix et doivent accélérer le processus d’intégration du continent nord américain et surtout changer de monnaie. Un petit tour d’horizon de la situation économique américaine permettra de mieux cerner le problème.


Le PIB US a ainsi chuté de 6,2% au quatrième trimestre 2008 et «les statistiques publiées jusqu'ici pour le premier trimestre (2009) montrent que nous sommes partis pour un autre film d'horreur», résume Rob Carnell, de la banque ING. Source : Libération.fr du 28 février 2009.


Je rappelle que le dernier chiffre du nombre de chômeurs indemnisés (26 février) dénombre 5 112 000 personnes auquel il faut ajouter les 650 000 chômeurs du seul mois de février. Nous aurons donc au mieux, 8 000 000 de personnes indemnisées fin juin. Et cela ne concerne que les chiffres officiels qui, nous le savons tous, sont inexacts et largement sous-évalués.


Pour rappel, la Maison Blanche a réalisé son budget sur une prévision de chute du PIB de 1,2% et il faudra donc trouver, si tout va bien, 700 milliards de dollars supplémentaires. Or, je le rappelle, le PIB des USA devrait baisser de plus de 10 % en 2009 (le PIB des USA a chuté de 9% de 1929 à 1930) ce qui équivaudrait à créer « ex nihilo » 1400 milliards de dollars. Ceci n’a pas été comptabilisé par Paul Craig Roberts (économiste et sous secrétaire au trésor dans l’administration Reagan) qui déclarait le 3 mars sur Contreinfo :

« Les mesures économiques de Bush et Obama totalisent 1 600 milliards de dollars, et chaque dollar devra être emprunté, sans que personne ne sache où.

Cette somme gigantesque va compromettre la valeur de la devise américaine, son rôle en tant que monnaie de réserve, la capacité du gouvernement des États-Unis d’honorer sa dette, ainsi que le niveau des prix.»


N’oublions pas que les ventes d’automobiles se sont totalement effondrées aux USA. Ford a ainsi enregistré une baisse de 48% de ses ventes en février, Chrysler 44 % et General Motors 52,9 %.


D’ailleurs, le compte à rebours a commencé pour General Motors et Chrysler qui devraient se déclarer très bientôt en faillite. Ce sera alors le krach ultime (la plus grosse faillite de tous les temps) qui entraînera la bourse et le chômage vers des profondeurs abyssales ce que démontrent différentes études, évaluant entre 2 et 3 millions le nombre de chômeurs supplémentaires (qu’il faudra ajouter aux 8 millions du mois de juin).


Mais, le plus inquiétant concerne le versement des pensions. Raymond Van der Putten a ainsi démontré que le système US de retraite ne pouvait faire face à une crise économique majeure. Source : « La crise du système de retraite américain », BNP Paribas Conjoncture, janvier 2007.


La Pension Benefit Guarantee Corporation (PBGC) qui a déjà un déficit de 13 milliards de dollars (évaluation de la cour des comptes américaines : GAO) devra garantir les pensions de millions d’américains, ce qui lui est impossible. Par exemple, General Motors doit verser 12,3 milliards de dollars pour les retraites avant 2014 (source : Moneynews.com du 6 mars 2009). L’état devra là aussi intervenir pour éviter l’effondrement de son système de retraite.

Je vous invite de plus à consulter le rapport explosif (tout va mal!) du GAO de janvier 2008 dont voici le lien : rapport GAO du 17 janvier 2008.


Le gouvernement fédéral devra aussi aider ses états dont la plupart sont au bord de la faillite (Californie par exemple).


De plus, le LEAP/E2020 évalue à 10 000 milliards de dollars les « actifs fantômes » des banques que le gouvernement US devra « éponger ».

Lorsque l’on additionne l’ensemble des dépenses supplémentaires qui devront être effectuées on se trouve donc très loin des 5000 milliards de l’économiste Nouriel Roubini.


Le dollar ne survivra pas à cette épreuve (hyperinflation) et sa chute démarrera bientôt. Les USA changeront alors de monnaie, s’associeront avec le Canada et le Mexique. Une nouvelle devise apparaîtra (dollar nord américain ou améro) qui sera fortement dévaluée par rapport au dollar US (peut être un rapport de 1 à 10) et qui permettra d’effacer les dettes.


Barack Obama aura ainsi raison car «L'Amérique sortira plus forte de la crise» et comme le phoenix (son emblème) renaîtra de ses cendres.


Nous assistons donc à un vaste remodelage du monde. Je n’ai pas parlé de l’Amérique du Sud, qui, pourtant, suivra le même chemin de l’unité dans le cadre du Mercosur avec là aussi une monnaie unique. L'Afrique, quant à elle, mettra plus de temps à s’unifier au sein de l’Union Africaine. Il reste bien évidemment le problème du Proche-Orient, un problème qui sera bientôt résolu par un conflit gigantesque : la troisième guerre mondiale qui permettra de redistribuer les cartes. N’oublions pas que l’Union Européenne est directement issue du second conflit mondial (Ordo ab Chao).

Dans mon quatrième et dernier article, j’étudierai les bouleversements qui seront apportés à notre système monétaire. Des changements fondamentaux qui vous surprendront à plus d’un titre et qui mélangeront monnaies locales, monnaies continentales et surtout monnaie mondiale.


En conclusion, j’ai démontré que la crise actuelle détruit les monnaies nationales et donc par voie de conséquence, les Etats-nations qui se retrouvent dans l’obligation de s’intégrer à de grands ensembles continentaux. Pourtant, toutes ces réformes ne résoudront pas les problèmes fondamentaux : la concentration du capital (les 250 plus riches possèdent autant que les 2,5 milliards les plus pauvres), la destruction de notre planète par notre société de consommation et la surpopulation.


La destruction des retraites (15 millions de Britanniques n'auront que le minimum versé par l'état, soit 540 livres sterling) et le chômage de masse perdureront. Partout, la protection sociale reculera et se soigner deviendra un luxe. Quant à notre liberté, elle risque fort de disparaître au profit d'états de plus en plus sécuritaires.


L'idée de Paul Jorion de créer une nouvelle « constitution pour l’économie » s’impose donc. Je laisse ici ces pensées remarquables de Raoul Vaneigem (« Adresse aux vivants sur la mort qui les gouverne et l'opportunité de s'en défaire ») :

« A l'heure où la faillite de l'économie comme système de survie frappe de dérision tant d'efforts investis dans la rage de gagner plus, d'être le meilleur, de posséder davantage, peut-être un revirement d'attitude est-il prévisible, peut-être l'opiniâtreté mise à se délabrer dans le travail va-t-elle redécouvrir la création des êtres, des choses, de l'environnement comme plaisir d'exister ?


L'économie propage ainsi la subversion mieux et plus vite qu'une horde d'agitateurs spécialisés. Il suffit de jeter un regard sur les vitrines spectaculaires où la société exhibe les modèles de sa respectabilité et de son infamie ; il n'y traîne plus guère que des spécimens défraîchis de rois, prêtres, papes, policiers, militaires, noblions, bourgeois, bureaucrates, prolétaires, riches, miséreux, exploiteurs, exploités... et l'on a peine à croire qu'autour de tels magots s'élevèrent, il n'y a pas si longtemps, les ardeurs de la haine et de l'admiration. Jamais une époque n'a été à ce point soldée à des prix défiant toute concurrence. »


n°4 : régions et monnaies complémentaires

Dans mon dernier article (n°3), j’ai tenté de démontrer que le dollar ne survivrait pas à la crise. Or, le 18 mars, la FED (banque centrale US) a décidé de racheter des bons du trésor, ce qui revient à monétiser la dette (je l’avais annoncé l’année dernière). Cette information a fait quelques lignes dans les quotidiens nationaux (rien à la télévision) qui, pour l’essentiel, ont commenté cela de façon positive. Pourtant, cette date restera dans les livres d’histoire et sera plus importante que le fameux jeudi noir (krach de 1929) car elle marque la fin, à plus ou moins brève échéance du dollar et donc des USA. Il est donc temps d’éteindre votre télévision et de vous informer sur le net.

Ce jour là Paul Jorion annonçait sur son blog que c’était « la fin du capitalisme », les analystes de la banque Standard Chartered ont intitulé une note : "le jour où le dollar est mort" et Alan Ruskin, analyste chez RBS, déclarait : «Nous sommes témoins de la chute de Rome ».

Face à l’ampleur de la crise, des experts de plus en plus nombreux, avancent l’idée que l’Europe et les USA risquent l’éclatement. J’ai démontré par ailleurs que de grands pôles continentaux (ASEAN, CEI, North American Union) sont en train d’émerger. Cela peut paraître contradictoire et pourtant ces deux phénomènes auront lieu. Nous assistons donc à la fin des nations avec l’apparition de grands ensembles qui auront pour échelon administratif les régions. Les monnaies nationales peu à peu seront remplacées par des monnaies complémentaires.

La région, nouvel échelon administratif.

Peu d’experts ont compris l’importance du rapport Balladur sur les régions et surtout sa pertinence en pleine crise systémique. Pourtant, il est au cœur des solutions qui vont être apportées. Pour comprendre, il faut remonter en 1966.

En effet, Herbert Marshall McLuhan, philosophe, sociologue, spécialiste des médias et conseiller du vatican écrit à cette époque là un livre fondamental « War and Peace in the global Village » publié en 1967 et qui signe l’acte de naissance d’un nouveau concept : le glocal. (wikipédia doit modifier sa base de donnée sur le glocal). Un monde bouleversé par les nouvelles technologies.

Le glocal est en effet un mélange de global et de local qui sera l’architecture fondamentale du nouvel ordre mondial avec d’un côté, les continents (dans un premier temps car eux aussi disparaîtront), de l’autre, des régions et de grands pôles urbains.


Le sociologue Blaise Galland a d’ailleurs démontré le bouleversement majeur des technologies de l’information et l’impact économique qu’elles provoquent au niveau de l’aménagement du territoire. Il a déclaré :

« le processus double par lequel la ville se décharge de sa fonction de production, d'échange et de traitement de l'information en la déplaçant dans le cyberespace, tout en développant, conséquemment, de nouvelles formes d'organisations socio-spatiales au niveau local. »

Je suis d’ailleurs surpris que personne n’étudie le krach sous l’angle des nouvelles technologies qui sont en train de bouleverser la « vieille économie ».

L’information est en effet fondamentale et elle possède une part de responsabilité majeure dans la crise actuelle car elle a permis d’accélérer les flux financiers de façon colossale et sur l’ensemble de la planète (crise mondiale). L’information, qui évolue de façon exponentielle pose ainsi le problème du contrôle, un contrôle totalement défaillant que certains ont appelé « la crise de la régulation »et que l’on va tenter de résoudre en renforçant les structures du FMI.

Bernard Lietaer, économiste, spécialiste des monnaies (il a écrit « The Future of Money »), membre du club de Rome et surtout un des créateurs de l’euro a d’ailleurs brillamment étudié les liens existants entre information et économie. Pour lui, « Tout système complexe en forme de réseau, comme sont les écosystèmes, les organismes vivants, et les économies peut être perçu comme des systèmes de flux de matière, énergie et d’information. » Je vais d’ailleurs démontrer que le rapport Balladur et les travaux de Lietaer sont intimement liés.


Je vous invite à vous procurer le livre blanc de Bernard Lietaer intitulé « Toutes les options pour gérer une crise bancaire systémique » que vous pouvez télécharger en pdf car c’est un document fondamental.

Bernard Lietaer, ainsi, pense que le fonctionnement en réseau de l’économie doit reposer sur les régions. Il a d’ailleurs écrit « Pour une Europe des Régions : les Régions, compléments nécessaires à l’Euro », (Paris: Fondation Mayer, 2008).


La même idée se retrouve dans le rapport Balladur qui déclare à la page 10 (rapport Balladur : Il est temps de décider):

« L’échelon régional est apparu au Comité comme le mieux adapté aux conditions nouvelles de la compétitivité étant observé, au surplus, qu’il existe un consensus européen sur l’importance du niveau régional dans les politiques de développement. »


Les régions vont de plus en plus se retrouver seules face à des Etats-nations ruinés.


Par ailleurs les articles 2 et 3 de la Charte européenne de l’autonomie locale précisent :

« l’autonomie locale doit être reconnu dans la législation interne » et que « par autonomie locale, on entend le droit et la capacité effective pour les collectivités locales de régler et de gérer, dans le cadre de la loi, sous leur propre responsabilité et au profit de leurs populations, une part effective des affaires publiques »

Bernard Lietaer, lui, va plus loin : « Une décision importante de la part des gouvernements sera de permettre aux villes et aux gouvernements locaux de choisir eux - mêmes les monnaies complémentaires qu’il leur semble intéressant d’encourager en les acceptant en paiement de taxes de la ville ou de l’état. » ( Livre blanc p 28).


Vous avez bien lu, les villes et les régions pourront créer des monnaies complémentaires. Certains pensent que cela est impossible et pourtant des expériences fonctionnent un peu partout comme en Suisse (WIR), ou en Allemagne (Chiemagauer).


En 1971 Jaime Lerner, le maire de Curitiba au Brésil a créé une monnaie sous forme de jeton de bus que les gens gagnaient en ramassant les ordures ce qui a permis à cette ville d’être une des plus prospère du Brésil. Jean-François Noubel parle même de monnaies libres qui permettraient un troisième niveau d’organisation économique dont la clé serait le travail collaboratif (comme Wikipédia par exemple).

Bernard Lietaer propose ainsi de créer des systèmes « Business-to-Business (B2B) » au niveau des entreprises (livre blanc p 27).


Ceci n’est pas une hypothèse mais une réalité que Guerman Sterligov homme d'affaires russe est en train d’exploiter. Il a mis en place, dans toutes les grandes capitales (il a investi des millions d’euros dans ce projet à Londres, Paris, Bruxelles, Hongkong) un centre anticrise qui permet aux entreprises d’organiser des paiements à base de troc. Il a ainsi déclaré :

« Adieu argent, crédit, taux d'intérêt... Le système capitaliste a atteint ses limites, il faut trouver de nouvelles règles du jeu","Il ne s'agit pas seulement de troc mais d'un nouveau système de paiement, d'une nouvelle comptabilité.» (Le Monde du 11.03.09).

La réalité dépasse la fiction et prouve que la crise systémique actuelle est bien plus grave que celle de 1929.

Face à l’ampleur du désastre économique, certains pourtant se posent la question de savoir si cette « régionalisation » du monde ne se fera pas dans la violence.


Igor Panarin, ancien analyste du KGB, spécialiste des USA qui enseigne aux futurs diplomates de la Russie a déclaré en décembre 2008 qu’il y aurait une guerre civile aux USA. Le LEAP / E2020 a d’ailleurs repris la même analyse. Pour Panarin, la guerre civile démarrerait à l'automne 2009, et en juin 2010, le pays serait divisé en 6 blocs. Sergueï Rogov directeur de l’Institut des études américaines et canadiennes pense que ce scénario est probable. RIA Novosti du 24.11.2008.

Le 13 mars, Chuck Norris a ainsi organisé une rencontre des délégués de centaines de groupes armés texans pour discuter d’une éventuelle sécession du Texas. Face aux risques de guerre civile la Fema a rapatrié un bataillon de l’armée US qui était en poste en Irak pour le déployer sur le sol US. Source : Army news.

Nathan Freier professeur au US Army War College, la principale institution de formation de l’armée pour les futurs officiers, conseiller et expert de politiques et d’analyse à la sécurité et à la défense a d’ailleurs rédigé un rapport qui met l’accent sur les risques de guerre civile aux USA (pages 31, 32 et 33 : www.strategicstudiesinstitute.army.mil/pdffiles/PUB890.pdf )


Quoi qu’il en soit l’Union nord américaine du Canada et des USA est déjà une réalité et les régions (états désunis) qui seront créées par la violence ou sans violence s’intègreront au sein de cette union.

N’oublions pas que le 27 novembre 2006, la Chambre des communes du Canada a reconnu que le Québec formait une « nation » au sein du Canada. Vous pouvez d’ailleurs trouver des cartes du Canada sur les sites officiels comprenant 5 régions : Le Canada atlantique, le Nord, l’Ontario, l’Ouest canadien et le Québec. Nous aurons donc une North American Union organisée dans un premier temps autour d’une dizaine de régions et qui intègrera le Mexique plus tard.


En ce qui nous concerne, nous assistons au même phénomène et le rapport Balladur qui prévoit dans sa proposition numéro 1 de « favoriser les regroupements volontaires de régions et la modification de leurs limites territoriales pour en réduire le nombre à une quinzaine» n’est qu’un épisode local qui se répètera partout en Europe.

Nous sommes en train de changer de monde et pourtant pour reprendre la célèbre formule du Comte de Lampedusa : « il faut que tout change pour que rien ne change ».


En effet, toutes ces réformes ne résoudront pas les problèmes fondamentaux d’un système économique obsolète. Francis Neri (spécialiste de l'éducation, de la formation et du conseil, Président de l’Institut Européen de socialisation et d’éducation) a pourtant dit l’essentiel : « Les crises : économique, sociale, écologique, énergétique, des matières premières, alimentaires, sont inter reliées et l’on ne peut considérer l’une sans se préoccuper des autres. »

Il faut donc analyser le problème dans sa globalité et à différents niveaux.

-Le premier niveau d’analyse, celui de la finance et de la titrisation a déjà été abondamment débattu.

-Le deuxième niveau qui sera l’objet de ma prochaine étude (n°5 : une monnaie mondiale) car malheureusement, nos dirigeants sont incapables d’aller plus loin (ils servent le système), concerne le problème de notre système monétaire dont le pilier (le dollar) est en train de s’effondrer.

-Le troisième niveau concerne l’adaptation de notre système économique aux nouvelles technologies de l’information qui détruisent les emplois par millions. Une réflexion profonde doit être engagée sur la notion de travail (le chômage explose) qui est ne l’oublions pas une invention tardive de l’homme. Les tribus dites « primitives » estiment que c’est une aberration. Smohalla, chef indien Sokulls déclarait : « Mes jeunes gens ne travailleront jamais. Les hommes qui travaillent ne peuvent rêver. Et la sagesse nous vient des rêves. »

-Le quatrième niveau concerne l’énergie. La fin du pétrole est programmée et nous n’avons encore pas trouvé d’alternatives valables. Or, il faut le rappeler, toute notre économie repose sur cette énergie encore bon marché et facile d’utilisation (mais polluante).

-Le cinquième niveau concerne le capitalisme lui-même qui est basé sur la consommation à partir de dettes. Un système totalement injuste que les plus grands économistes américains comme John Maynard Keynes ont critiqué : « nous commençons à le mépriser. » (L’autosuffisance nationale, 1933).

-Le sixième niveau concerne la démocratie et notre liberté qui sont en danger. Par accumulation du capital (l’argent appelle l’argent), une petite poignée d’hommes finissent par avoir la réalité du pouvoir. J. K. Galbraith économiste et conseiller des présidents Roosevelt et Kennedy nous a pourtant mis en garde :

« En fait, il peut n'y avoir qu'un ou quelques vendeurs assez puissants et persuasifs pour déterminer ce que les gens achètent, mangent et boivent ». Source : « Les nouveaux mensonges du capitalisme » Publié dans le Nouvel Observateur (4/11/05) Interview de John Kenneth Galbraith par François Armanet.

-Le septième niveau concerne l’écocide que provoque notre système économique (Un écocide est un acte de destruction d'un écosystème, notamment par l'exploitation excessive de celui-ci).Certains parlent même d’écophagie. Je signale au passage que l’eau potable, élément essentiel de la vie commence à manquer.

Au final nos élites « s'efforcent de réduire notre malheur plutôt que de construire notre bonheur » pour reprendre la célèbre phrase de Bernard Weber et nous avons, nous intellectuels, un rôle majeur à jouer. La crise systémique actuelle est une opportunité unique pour changer de monde, mais il faut tout d’abord changer nous-mêmes et nous remettre en question.


« Le boulot des intellectuels du courant dominant, c'est de servir en quelque sorte de « clergé laïque », de s'assurer du maintien de la foi doctrinale. Si vous remontez à une époque où l'Église dominait, c'est ce que faisait le clergé : c'étaient eux qui guettaient et traquaient l'hérésie. Et lorsque les sociétés sont devenues plus laïques [...], les mêmes contrôles sont restés nécessaires : les institutions devaient continuer à se défendre, après tout, et si elles ne pouvaient pas le faire en brûlant les gens sur le bûcher [...], il leur fallait trouver d'autres moyens. Petit à petit, cette responsabilité a été transférée vers la classe intellectuelle - être les gardiens de la vérité politique sacrée, des hommes de main en quelque sorte. »

Comprendre le pouvoir, deuxième mouvement, Noam Chomsky éd. éditions Aden, 2006, p. 187.

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