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23/11/2010

Prothèse dentaire low cost, attention danger !

Avec la mondialisation tout devient low cost à présent: vol aérien, vêtements, nourriture et même les prothèses dentaires. Dans ce dernier cas, les patients ne sont aucunement informés de la provenance de leur prothèse ni même des risques potentiels encourus. Hexaconso tire la sonnette d'alarme.

Dailymotion - pole emploi
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Au moment de sa diffusion (février 2009), le reportage « Fausses dents, vrais doutes » d’Envoyé Spécial avait fait grand bruit dans le milieu de la dentisterie. Il faut dire que le magazine avait soulevé un sujet épineux et totalement opaque : l’origine et la traçabilité des prothèses dentaires.

Sans le savoir, vous avez peut-être dans la bouche une prothèse dentaire (couronnes, bridges…) en provenance de Chine, de Madagascar ou de Hongrie. En effet, sur les six millions de prothèses posées chaque année en France, deux millions seraient fabriquées à l’étranger. Réalisées de manière quasi-industrielle dans des laboratoires chinois ou d’Europe de l’Est, elles sont importées à des prix imbattables par les chirurgiens-dentistes, ou par les prothésistes eux-mêmes, dans le seul but d’accroître leur marge.

Devant les remous provoqués par ce type d’information, le patient a cependant de quoi se questionner à la fois sur la qualité de ces prothèses low cost, mais plus important encore, sur leur potentielle dangerosité pour sa santé.

Une fois arrivées sur le sol français, les prothèses sont censées être vérifiées par les services des douanes. En vérité, elles échappent à tout contrôle. Pire encore, si chaque prothèse se doit d’avoir sa propre fiche de traçabilité remplie par le fabricant, dans la plupart des cas, les numéros CE (Conformité Européenne) des alliages et matériaux figurant sur ces fiches sont complétement fantaisistes. On trouve par exemple des matériaux dentaires dont les numéros CE correspondent à des pièces pour ascenseurs !

Qu’en est-il donc vraiment de la qualité de ces prothèses ? Puisqu’elles ne sont pas vérifiées, on peut craindre le pire. Au niveau de l’ajustage, tout d’abord. A la base du processus de pose d’une prothèse, se trouve (normalement) la collaboration proche entre le chirurgien-dentiste qui réalise puis transmet ses moulages et le prothésiste qui se charge de réaliser la prothèse d’après ces moulages. En cas de défaut d’ajustage, elle peut être renvoyée au laboratoire du prothésiste. Il va sans dire qu’avec un labo basé en Chine, la communication est limitée et le renvoi de pièces à corriger difficile et très coûteux à mettre en œuvre ! Outre les problèmes d’ajustement, les prothèses low cost peuvent présenter des défauts de soudure et de coulée, qui conduisent quasi inévitablement à des phénomènes de rupture, avec risque d’inhalation d’éléments métalliques et de corrosion qui expose le porteur à des intoxications chroniques par particules métalliques ou ions qui s’échappent de l’alliage… Pas très appétissant tout ça ! C’est ainsi qu’apparaissent depuis quelques années des affaires comme celle de cette patiente américaine, à qui on avait posé un bridge totalement inadapté qui l’empêchait de fermer la bouche et de mastiquer. Moins spectaculaires, d’autres problèmes tout aussi graves à long terme peuvent apparaître tels que gingivites (inflammation de la gencive), infections, allergies, lombalgies, problèmes d’articulations…
 
En plus des malfaçons constatées, les matériaux eux-mêmes posent problème. Dans son numéro du mois de décembre 2009, le magazine Capital révélait que certaines prothèses contenaient de grandes quantités de plomb. Plusieurs prothèses avaient été analysées, et la plus contaminée, fabriquée en Chine, contenait un taux de plomb onze fois supérieur à celui autorisé par Bruxelles pour les jouets ! Les alliages à bas coût utilisés (avec du nickel notamment) sont également soupçonnés d’être allergisants et cancérigènes.

Mais la surveillance s’organise ! Enfin, elle essaye… Une nouvelle loi oblige désormais le chirurgien-dentiste à fournir au patient une copie de la déclaration de fabrication de sa prothèse. Cette nouvelle obligation s’inscrit dans le prolongement de l’article R. 5211-51 du Code de la santé publique, institué par un décret du 28 avril 2009 et qui est entrée en vigueur le 21 mars 2010. Il est donc désormais possible, en théorie, de connaître l’origine de sa prothèse dentaire. Malheureusement, cette nouvelle loi ne semble guère appliquée. Une récente enquête de l’Ifop (novembre 2010), réalisée auprès de 332 chirurgiens-dentistes pour le magazine Technologie Dentaire, révèle que seulement 16% des dentistes interrogés appliquent spontanément cette loi, et  que 49%  avouent n’appliquer aucune transparence sur le prix et l’origine des prothèses dentaires qu’ils utilisent. 23% refusent même de répondre lorsque leurs patients les interrogent !

Le sujet semble donc très délicat au sein de la profession, mais au-delà des conséquences sur la qualité des soins dentaires, c’est également toute une corporation, celle des prothésistes dentaires, qui se retrouve exposée aux méfaits de la mondialisation galopante que nous subissons. Une mondialisation exclusivement motivée, comme d’habitude, par l’appât du gain à court terme.

Alors, en tant que patients, exigeons la transparence à laquelle nous avons droit !
 
 http://www.marianne2.fr/Prothese-dentaire-low-cost-attention-danger-_a199822.html

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