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09/01/2010

Les invraisemblances de l’attentat manqué du vol Amsterdam-Detroit

Mireille Delamarre

Des incohérences dans cette affaire remettent en cause la version officielle simpliste colportée par les médias serviles. Obama a besoin de justifier sa prochaine guerre… au Yémen. Cette opération sous faux pavillon tomberait donc à pic. Explications.

Du déjà vu

Souvenez-vous le 22 décembre 2001, Richard Reid l’homme à la chaussure bourrée d’explosifs était arrêté pour avoir tenté selon les autorités officielles de faire sauter un avion de l’American Air Lines, le vol 63 venant de Paris à destination de Miami. Cette fois, à Noël, huit ans plus tard, Umar Farouk Abdul Mutallab, un Nigérian de 23 ans, a lui essayé de faire sauter un avion américain de la Cie Northwest Airlines le vol 253, reliant Amsterdam à Détroit aux USA.

Tous deux ont utilisé le même type d’explosif le PETN (pentaerythritol), tous deux ont été maîtrisés par des passagers des vols qu’ils étaient supposés faire exploser, et dans les deux cas également, les autorités responsables de la sécurité aéroportuaire en ont profité pour resserrer les contrôles des passagers. Dans le cas de Reid, l’obligation d’enlever ses chaussures et autres mesures de fouilles approfondies, et dans le cas d’Umar, interdiction de se lever pendant une heure avant l’atterrissage et d’autres restrictions aux libertés de mouvement à venir.

Autre similitude entre l’affaire Reid et celle d’Umar, l’environnement politique particulièrement volatile. Pour Reid cela s’est passé juste après les attaques du 11 Septembre à New York alors que l’Administration Bush se préparait déjà depuis plusieurs mois à attaquer et occuper l’Afghanistan et l’Irak. Dans le cas d’Umar, le moment est lui aussi politiquement sensible puisqu’Obama vient de lancer une grande offensive en Afghanistan avec de larges débordements au Pakistan, a ordonné récemment à l’aviation américaine « d’aider » les forces armées du gouvernement yéménite à bombarder de soi-disant repères de « terroristes » d’Al Qaïda, où, selon ce que colportent les médias proguerre, Umar aurait reçu un « entraînement » dans l’utilisation d’explosifs.

Le fiasco de sa tentative pour allumer ce que les passagers du vol 253 ont eux-mêmes qualifié de « pétard », semble démontrer soit que ce type d’ « entraînement » n’est pas sérieux, soit en fait que cette histoire d’ « entraînement » au Yémen est tout simplement bidon. Reid n’avait pas réussi lui non plus à faire détonner ses explosifs placés dans sa chaussure.

L’affaire Umar, des incohérences évoquant une opération sous faux pavillon

Le père d’Umar, le Dr Umaru Mutallah, l’un des plus importants banquiers nigérians, ancien ministre de l’Économie du Niger, a contacté l’ambassade US et rencontré des responsables de la CIA de même que des hauts fonctionnaires de l’agence des services de renseignement de son pays et les a prévenus que son fils représentait un danger. Alors pourquoi Umar a-t-il été autorisé à monter à bord d’un avion en partance pour les US. Les autorités américaines disent qu’il était dans une banque de données d’individus surveillés, mais pas sur la liste de ceux interdits de vol malgré les alertes de son père.

Autre incohérence : Umar, qui n’avait pas de passeport, a pu prendre le vol 253, dans des circonstances pas claires du tout. Un passager de ce vol, Kurt Haskell, a livré un témoignage des plus accablants sur la manière dont Umar a pu monter à bord de cet appareil.

« J’étais à proximité du terroriste quand il a été contrôlé à l’aéroport d’Amsterdam tôt à Noël. Ma femme et moi-même nous jouions aux cartes directement devant le bureau d’enregistrement. C’est ce que j’ai vu (et j’ai fait cette déclaration au FBI quand nous avons été retenus à la douane) :

« Un homme de type indien, en costume élégant, âgé d’environ 50 ans s’est approché du comptoir d’enregistrement avec le terroriste et a dit « cet homme a besoin de monter à bord de ce vol et il n’a pas de passeport » Ces deux personnages n’étaient guère assortis vu que le terroriste était un homme petit, noir, qui semblait être très pauvre et avoir environ 17 ans (je crois qu’il en a 23, mais il ne les faisait pas). L’idée que c’étaient des terroristes ne m’a pas effleuré, j’ai juste pensé qu’ils formaient un couple bizarre. Le contrôleur de billet a dit « vous ne pouvez pas monter à bord sans passeport ». L’indien a alors répondu, « il vient du Soudan, nous faisons cela tout le temps. » Ce que j’ai compris de cette phrase est qu’il est difficile d’obtenir un passeport au Soudan et que c’était une sorte de stratagème pour susciter la sympathie. Le contrôleur de billet a alors dit : « vous devrez en discuter avec mon directeur » et il a envoyé les deux hommes dans un hall plus bas. Je n’ai plus revu l’indien, il n’était pas sur le vol. Le fait que le terroriste n’ait pas dit un mot pendant cet échange était aussi quelque-chose de bizarre. Quoi qu’il en soit, au final, le terroriste a pu monter dans l’avion. Je ne sais pas si c’était grâce à un pot de vin ou simplement dû à la sympathie du responsable de la sécurité. ».

Pourtant, les contrôles de sécurité à l’aéroport d’Amsterdam sont réputés très stricts les passagers sont même soumis à un interrogatoire personnel.

Autre témoignage troublant sur cette tentative pour faire exploser en vol un avion américain : ce qu’a dit Jasper Shuringa, le passager qui a bondi de son siège pour maîtriser Umar et éteindre le début d’incendie :

« Il tremblait. Il n’a opposé aucune résistance. C’est tout simplement difficile de croire qu’il était en train d’essayer de faire sauter l’avion. Il était en transe. Il avait très peur. »

Le fait qu’il n’ait pas résisté laisse planer de sérieux doutes sur ses capacités de « jihadiste » tout comme Reid d’ailleurs. Les deux semblaient présenter au moment des faits des attitudes et comportements de personnes sous l’emprise de stupéfiants.

La narration officielle simpliste faite de ces évènements et colportée complaisamment par les médias de masse commence à s’effriter alors que de nouvelles informations émergent.

Un an à peine après son investiture, Barack Obama a endossé la politique étrangère de « guerre contre le terrorisme » (ou « guerre contre Al Qaïda ») de Bush II en ce qui concerne les états que les US qualifient de « voyous » comme le Yémen et la Somalie.

Au Yémen, selon le New York Times, la CIA est déjà très active depuis plus d’un an dans le cadre d’opérations clandestines et la formation d’agents gouvernementaux de contre insurrection. Dans les 18 mois à venir, le gouvernement US va dépenser 70 millions de $ pour financer le déploiement et l’entrainement de forces spéciales US et pour équiper les forces armées yéménites, soit le double de ce qui avait été dépensé auparavant.

L’administration Obama essaie de développer des relations de vassalité avec l’actuel président du Yémen, Ali Abdullah Saleh. Ce pays occupe une position stratégique dans la péninsule arabique et selon Christopher Boucek, spécialiste du Yémen à la Carnegie Endowment for International Peace à Washington « les problèmes de sécurité au Yémen ne sont pas l’affaire du seul Yémen… ce sont des problèmes régionaux et ils affectent également les intérêts occidentaux ». Autrement dit, l’interventionnisme guerrier américain a trouvé une nouvelle proie : ce pays pauvre, instable, dont les dirigeants sont facilement manipulables.

Les USA se sont fait une spécialité d’attaquer ce genre de pays faible stratégiquement bien situé.

Obama peut compter sur « l’opposition » à Washington pour lui faire endosser cette nouvelle « guerre de nécessité ». Certains sénateurs faucons républicains, mais aussi Joe Lieberman, un sioniste américain à l’avant-garde de toutes les initiatives guerrières des US, ont déjà exigé d’Obama qu’il lance une attaque « préventive » contre ces « nids de terroristes d’Al Qaïda » au Yémen.

Mais, l’opinion publique américaine, majoritairement contre de nouvelles guerres, n’est pas prête à accepter une nouvelle guerre de « nécessité ». Pour finir de la persuader d’échanger liberté contre fausse sécurité, le totalitarisme qu’il soit le fait d’un président blanc ou noir adopte toujours les mêmes méthodes : faire régner la terreur au besoin en montant de fausses attaques, ce que l’on appelle une opération sous faux pavillon.

L’affaire Umar – montée en épingle par des médias dont le rôle principal c’est de battre le rappel des troupes comme le fait si bien le New York Times qui s’évertue à vendre à cette opinion publique américaine une attaque « préventive » contre un pays repère de « terroristes » – présente des éléments troublants qui font penser à ce genre d’opération.

http://www.geostrategie.com/2310/les-invraisemblances-de-l%E2%80%99attentat-manque-du-vol-amsterdam-detroit

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