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21/11/2009

Union européenne : un président pour quoi faire ?

Anne-Cécile Robert

Le Conseil européen a désigné, jeudi 19 novembre, son président pour deux ans et demi. Il s’agit du Belge Herman Van Rompuy. Les Vingt-sept ont nommé, en outre, le Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. C’est la Britannique Catherine Ashton qui a été choisie. Elle succède à M. Javier Solana, ancien secrétaire général de l’OTAN qui occupait un poste équivalent à Bruxelles. Cette décision confirme le choix atlantiste de l’Union européenne. Or, comme l’a souligné l’ancien ministre français des affaires étrangères, Hubert Vedrine, l’Europe peut-elle affirmer une identité propre si elle se fond dans le bloc occidental ?

Beaucoup déplorent l’absence de transparence des désignations qui viennent d’avoir lieu et le manque d’envergure des personnalités nommées. Si cela correspond à la volonté des grands Etats, notamment l’Allemagne, de conserver le contrôle sur l’évolution des événements, on peut aussi s’interroger sur le sens même de ces innovations institutionnelles.

Initialement, les Vingt-Sept voulaient donner un visage à l’Union et coordonner son action internationale. Cependant, la présidence permanente du Conseil européen, qui vient d’être lancée, ne supprime pas l’actuelle présidence tournante de six mois ; elle s’y ajoute. La répartition des tâches entre les deux reste à fixer. En outre, les rapports entre ces instances, le Haut représentant, et le président de la Commission, qui conserve ses compétences en matière d’aide au développement et de coopération, sont encore flous. En l’absence d’une hiérarchie claire entre ces quatre fonctions, la direction de l’action extérieure de l’Union est potentiellement quadricéphale…

Facteur aggravant : tout cela se développe loin des peuples. Depuis que les chefs d’Etat et de gouvernement ont choisi de faire ratifier le traité de Lisbonne en écartant la tenue de référendums – à l’exception de l’Irlande, obligée d’y recourir par sa Constitution –, l’Union européenne semble renoncer sciemment à combler le fameux « déficit démocratique » dénoncé par la Cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe.

La sophistication du mécano institutionnel européen ressemble à une fuite en avant devant la nécessité de penser une Europe politique et démocratique. Moins les Vingt-Sept ont de vision commune du monde, plus ils multiplient les procédures, se donnant ainsi l’air d’agir sans résoudre les problèmes de fond, et en particulier celui de la légitimité démocratique de la construction européenne.

www.monde-diplomatique.fr - 20.11.09

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