A la suite des dernières élections municipales italiennes, où des villes comme Milan, Naples, Turin, Cagliari ou encore Trieste sont nettement passées au centre gauche, permettant au Parti Démocrate (PD) de l’emporter de façon décisive sur le parti de Silvio Berlusconi (Pdl), plusieurs entreprises de sondages ont cherché à expliquer les raisons « scientifiques » d’un tel vote. « Mais comment est composé l’électorat qui a favorisé le centre-gauche lors des ballotages ? », et qui porte en somme la responsabilité de la défaite du Pdl, se demandent tour à tour Swg, partenaire pour l’Italie d’Harris Interactive, et le sondeur « indépendant » Coesis Research, dirigé par le psychologue de marché écrivant dans le quotidien berlusconiste Libero, Alessandro Amadori. La faute aux jeunes répondent-ils successivement. Ainsi, selon les deux entreprises, ce sont surtout les trentenaires qui ont élu en masse Giuliano Pisapia à Milan (65%) et les électeurs d’une vingtaine d’années qui ont « plébiscité », à Naples, Luigi De Magistris (71%) [1]. Mais les sondeurs ne s’en tiennent pas uniquement aux estimations, puisqu’en « scientifiques » qu’ils se représentent, ils commentent ces dernières. Rado Fonda, directeur de Swg voit dans cet enthousiasme politique de la jeunesse contre la droite italienne un vote venant du « ventre » plus que de la « tête » [2]. Pour Alessandro Amadori, nouveau marxiste des temps modernes, c’est pour manifester un besoin de « protection » que « la seule vraie classe de la société d’aujourd’hui » n’a pas voté à droite [3]. La jeunesse italienne est irrationnelle ou a peur. La psychanalyse sauvage des suffrages prolonge la promotion de la politique néolibérale de la droite italienne. Normal, les sondeurs travaillent pour elle.
Jérémy Mercier
Notes
[1] Sondages parus notamment dans l’Espresso.
[2] « ...pronti a votare con la pancia piu’ che con la testa », in « Sondaggio swg, amministrative : i giovani hanno premiato de magistris e pisapia », Clandestinoweb.
[3] « In un certo senso, sono l’unica vera classe nella societa’ di oggi » in Clandestinoweb, ibid.
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